Après l’intervention d’un moogle dans notre petite escapade au bistrot, nous voilà, Claudia et moi, dans un autre monde, avec des vêtements… Enfin. Claudia est exactement la même. Moi? Je prends un moment pour regarder ce qui m’a été magiquement octroyé.

Pas le temps d’en faire bien plus – un homme, probablement un allié avec qui nous devons mettre à bien cette mission, se met à parler, étale devant nous un plan. Tch. N’a-t-il jamais fait ce genre de missions militaires? Je secoue la tête avant de poser mon regard sur l’étendue de verdure qui s’étale devant. Des colonnes, des fleurs, des murs de vignes. La recherche pourrait prendre plusieurs heures – et il est bon d’avoir plusieurs yeux au même endroit afin de couvrir un plus grand territoire. Je tourne donc la tête vers l’homme aux cheveux flamboyants.

« Les jardins me paraissent larges. Il serait mieux de faire une sorte de battue – plusieurs sur le même objectif – plutôt que de nous séparer. On couvrira un plus grand terrain plus efficacement de cette façon. »

D’un coup de menton, je désigne une sorte de construction circulaire ouverte – des colonnes blanches et un toit.

« Quelque chose me dit que si l’on trouve la boîte ici, elle sera près d’une structure de la sorte. »

Il veut partir, je le vois bien. Mais là n’est pas le moment. Partir, tout simplement, sans établir une quelconque stratégie, n’est pas une idée géniale. Je suis soulagée de voir que Claudia appuie mon idée, et lui fait un petit signe de tête pour la remercier.

Le petit bâtiment rond ressemble à un sanctuaire – un lieu de pèlerinage, peut-être? Ou simplement une manière de célébrer une partie du panthéon des lieux. Peu importe – un petit sanctuaire de la sorte – un lieu sacré, au beau milieu d’un jardin – peut bien être un indice.

« Commençons par ce sanctuaire central. Avec un peu de chance, nous aurons peut-être des indices sur des inscriptions. »

« Parfait. »

Je n’ai pas besoin de me le faire dire deux fois. Je commence à marcher, en attendant que Claudia me rejoigne. Le rouquin semble avoir disparu.

J’imagine que l’idée de ne pas se séparer ne lui a pas plu. Qu’importe. Je ne suis pas ici pour gérer des enfants qui ne veulent faire qu’à leur tête. J’attends que Claudia me rejoigne avant d’investiguer rapidement l’extérieur du monument central.

« Hm. L’intérieur serait probablement un endroit plus propice à cacher une boîte. Qu’en penses-tu? »

Je lui souris, doucement, avant de la suivre. Elle semble mieux connaitre les lieux, et ce n’est pas étonnant. Elle n’a pas eu à changer ses vêtements, comme moi j’ai dû le faire. De ne pas avoir ma gunblade pliée dans son étui derrière moi me déplait, mais je dois bien m’habituer.

« Alors… Quels points saillants devrions-nous inves— »

Je m’arrête. Un bruit, tout au centre de la pièce. Instinctivement, je pose ma main sur Blazefire Saber, mais je ne vois rien. Que des ombres…

Des ombres sortant des ombres? Avec des yeux aussi jaunes qu’un lampadaire. Blazefire Saber sort de son fourreau de fortune, et je me positionne.

« Nous avons de la compagnie. »

Les ombres apparaissent par dizaines, entre les statues et les piliers retenant le temple. Claudia recule vers moi et se positionne près de mon dos. Elle connait ses stratégies, et, pour cette raison, je me sens plus en confiance.

Nous sommes cependant happées de plein fouet par les créatures, qui attaquent de partout à la fois. Je ressens leurs griffes sur ma peau et ne peut empêcher un cri de douleur – un grognement de la part de ma partenaire m’avise que je ne suis pas la seule.

On doit se concentrer.

Elle frappe, avant de faire un pas en arrière, reprenant position près de moi, dans cette formation nous donnant à toutes les deux une meilleure chance. Je m’avance alors, décrivant un arc avec ma Gunblade, touchant quelques créatures qui s’évaporent sous mes yeux.

« Est-ce que ça va? »

Mon regard se tourne furtivement vers elle, avant que je sonde à nouveau la horde.

« Oui; tout va bien. »

Nous tournons toutes les deux, entourées par la horde, tentant de couvrir tous les angles, de prévenir une attaque surprise. Il nous faut les garder hors de leur zone de confort, mais comment le faire si nous ne savons rien de ces créatures?

La horde se jette à nouveau sur nous, mais nous évitons toutes les deux, presque en cadence – et Claudia assène un premier coup, découpant bon nombre de ces créatures en deux.

Claudia me parle, et un sourire se dessine sur mon visage. Elle est replacée, et c’est mon tour de briser notre cercle de défense pour attaquer, usant de mon agilité pour asséner un grand coup sur plusieurs de ces ombres à la fois, avant de modifier mon arme en fusil, avec lequel je tire plusieurs balles sur les créatures, revenant par la suite poser mon dos près du sien.

« Et moi donc! »

Ces créatures n’ont aucune chance.

Les monstres foncent à nouveau sur nous. Si Claudia arrive à s’en sortir indemne, ce n’est pas le cas pour moi. Bien que j’évite les griffes et les canines de plusieurs des créatures dans un saut, l’une d’elles m’agrippe par la jambe, me faisant retomber sans cérémonies.

Au même moment où Claudia me dit que je me bats bien. Quelle ironie. Un petit rire s’échappe de ma gorge.

« Les derniers mois ont été difficiles. »

C’est réellement tout ce que je peux dire alors que je tente d’asséner une nouvelle volée de balles sur les créatures, mais les ombres, furtives, évitent mes coups.

« Saleté! »

Je me replace aux côtés de la blonde, transformant mon arme de nouveau en sabre. Peut-être aurai-je plus de chance au corps à corps.

Nous devons arrêter de nous perdre dans nos pensées. Nous sommes prises au dépourvu quand ce sont ces créatures qui devraient l’être.  La horde nous attaque de nouveau et j’arrive à parer une partie des dégâts du côté plat de mon sabre, mais une créature m’attaque la côte. Elles nous encerclent de plus en plus. Nous perdons du terrain. Je mords ma lèvre inférieure en tentant de retenir une nouvelle exclamation de douleur.

Claudia arrive à faucher d’autres créatures, et moi, je suis là, à trembler devant cette douleur que je ne comprends pas encore. Mais elle me dit de tenir bon – et je sens la douleur s’affaiblir.

« Merci. »

Je soupire, resserrant ma poigne sur Blazefire Saber, alors que je tente une nouvelle attaque.

Sans succès.

La horde revient à l’attaque, et, malgré mon esquive, maintes griffes atteignent mes jambes, mes bras, mon visage. Un cri de douleur s’échappe de mes lippes alors que je tiens une blessure sanguinolente. Merde.

Elle croit en moi. Mais de croire, ce n’est pas assez. Je sens mes jointures devenir blanches sous la pression donnée sur Blazefire Saber. Les dents serrées, je m’avance à nouveau vers les créatures et assène un coup vif parmi elles, retournant de nouveau en position défensive.

« Il faut. »

Il le faut. Si je meurs ici, qu’arrivera-t-il à Serah?

La horde frappe de nouveau, mais, cette fois, j’arrive à parer les coups de presque toutes les créatures, bien que certaines m’atteignent encore. Je saigne, et une douleur lancinante me fige sur place un moment.

Claudia continue d’attaquer, malgré ses blessures, avant de se replacer derrière moi. Je sens à nouveau mes blessures se refermer, un vent de fraicheur. La douleur ne me paralyse plus. Elle ne me laissera pas mourir, dit-elle. Je ressens une confiance plus forte envers notre objectif. La horde est presque démolie.

« J’apprécie, et te rends la pareille volontiers. »

Je ne la connais à peine, et, pourtant, je l’apprécie. Est-ce parce que, comme la première fois, je suis dans la même situation qu’elle?

Probablement. Le malheur a tendance à unir les âmes.

Qu’importe.

J’analyse la horde un moment avant de foncer à nouveau, ma lame coupant ces êtres sombres dans deux coups rapides et efficaces. Je retourne ensuite aux côtés de mon alliée.

« Finissons-en. »

La horde tente à nouveau de nous atteindre, mais les dernières créatures semblent plus désorganisées qu’avant ; Claudia achève les dernières d’un coup d’épée gracieux.

Le silence retombe sur le sanctuaire, que nos souffles s’élèvent dans l’atmosphère. Claudia se retourne vers moi, avançant à pas chancelants – pas que j’aurais moi-même si j’osais bouger à l’instant. Tout mon corps crie de douleur, et, sans l’ombre d’un doute, c’est aussi le cas pour elle.

« Je … Oui. Je vais bien. »

Mensonges. Même si j’ai déjà eu de pires blessures, je suis loin d’être en grande forme. Elle me sourit, me remercie. Je lui rends son sourire, hochant la tête, avant de franchir les derniers pas séparant nos corps.

Je m’empare de son bras et le pose délicatement sur mon épaule afin de l’aider à se tenir debout, avant de m’avancer vers un des murs du sanctuaire, sur lequel je la dépose, doucement, avant de me laisser glisser contre le mur à mon tour.

« Prenons une pause. Ça ne sert à rien de se dépêcher dans notre état. »