Une lumière de plus était réveillée, un pas les rapprochant tous d’une seconde guerre de Keyblades. En ce moment, c'était une piètre consolation pour ce Xigbar bien massacré. Chaque mouvement lui faisait découvrir un nouveau muscle meurtri. Il l'avait un peu cherché, mais apparemment c'est ce qu'il avait fallu pour ramener Terra à l'action. Ce n'était toujours que son armure pour le moment, mais celle-ci lui avait bien prouvé qu'elle faisait un ennemi redoutable. Tout le monde qui possédait une keylade semblait bien déterminé à lui taper dessus ces dernières années, s'en était qu'une blague cruelle rendu là. Son tour viendra, éventuellement... Mais là, alors que la majeure partie de ses déplacements n’étaient que de la téléportation chaotique (tout pour ne pas se faire retrouver par ce tas de feraille), ben il en avait marre d’attendre. Au moins, il était au coeur de l’action pour une fois, mais à ce rythme il allait devenir un vrai martyr.

La fin approchait, se rassura-t-il, les dents serrées alors qu’il cessa de bouger, se laissant tomber lourdement sur sa fameuse boîte, assis dessus sans plus de cérémonie. Une main gantée passa entre les rayures argentées de sa chevelure, un mouvement inutile pour améliorer son état, de nombreuses mèches lui collant au visage, de minces filets de fumée ténébreuse se dissipant autour de lui. Tu parles d’un moment pour presque y passer encore (évidemment, il avait fallu que toute cette malchance lui tombe dessus alors qu’il avait finalement un hôte qu’il se devait de conserver). Mais son corps de Nobody devrait tenir le coup. Enfin, c'est ce qu'il se disait en fronçant les sourcils, fixant ces filaments de ténèbres pures s'échapper de son corps. M'ouais, il avait vu pire.

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Une énorme bourrasque ne pouvant être décrite que comme une onde de choc secoua soudainement le paysage mort, le Sharpshooter se crispant par réflexe, espérant ne pas s'évaporer en fumée. Évidemment il fallait que ce... phénomène arrive maintenant. Il y avait trop d’agitation en ce monde qu’il avait vu mourir, ça ne méritait presque plus d'être qualifié de cimetière. Déjà que Xigbar avait dû lancer l’Organisation XIII à la chasse à la boîte dans tous les mondes sauf celui-ci, s’il devait en plus se débarrasser de la vermine qui s’égarait ici, il n’allait pas chômer.

Un soupir, un roulement dramatique de son oeil doré et il disparut après que sa main aille effleuré une dernière fois ces contours du coffre qu’il connaissait par coeur. Il n’avait pas cru qu’il allait tomber si près de l'origine de cette tempête surnaturelle du premier coup. Du haut d’un plateau créé jadis par Xehanort, le borgne pouvait à peine voir ce qui se passait au centre même du cimetière, le sable rougeâtre lui fouettant le visage avec une force qui ne faisait qu’augmenter.

Ah. Voilà le problème. Une jeune femme qui hurlait, entourée de Keyblades tremblante (elles n’étaient que de vieux tas de rouille, sans valeur, sans pouvoir, pourquoi s’animeraient-elles maintenant ?). Ce ne semblait pas du tout être une expérience plaisante, ou volontaire, mais Xigbar s’en fichait. Qu’un seul truc l’importait, c’est qu’elle et sa tempête n’annonçaient rien de bon, avec toute cette fureur des anciens porteurs de keyblade qui faisait encore trembler ces terres, l’étrangère n'allait que lui compliquer la vie ici.

Un pas en avant, une botte à moitié dans le vide, et le Nobody accorda un bref regard au couloir de ténèbres qu’il venait de créer sous lui, à l’horizontale. Bon, ce n’était pas comme s’il risquait d’empirer son état, donc pourquoi pas se lancer tout de suite dans des plans pas trop clairs et pas trop prometteurs? Ne faisant ni une ni deux, le Freeshooter ferma l’oeil bien fort et ne téléporta que l'essentiel, dans ce cas-ci, la moitié supérieure de son corps, question de bien s’accrocher à cette énergumène (non, ce n’était PAS un câlin, ceci était une nécessité qui allait remplir son uniforme de sable pour plusieurs jours à venir, l'horreur), se retéléportant aussitôt à sa position initiale. Une courte chute en bas de la falaise, et il balançait l’étrangère loin de lui avec le peu de force qu'il lui restait, les deux atterrissant pêle-mêle dans le premier monde auquel il avait pu penser.

Radiant Garden, en plein sur un haut rempart du château, avec une vue imprenable sur la ville récemment reconstruite. Ah mais excellente idée, Braig, c'est beau la nostalgie. Amenons un ouragan en pleine ville.

Tout spirale et elle sent de cycles infinis passer devant son regard, entre les larmes. D’elle émanent toujours des ondes de force détonnant dans l’atmosphère lugubre. Des Keyblades prennent leur envol, virevoltant de façon incessante entre le ciel et le sol. Les esprits sont partout, mais aucun ne lui viendra en aide – elle ne peut rien pour eux. Dans la quintessence même du désarroi, soudain, des bras se serrent contre son ventre et elle hurle, tentant en vain de se débattre de cette soudaine présence inattendue.

Ses gestes violents semblent fonctionner, car, peu après, les bras la délaissent – la poussent, plutôt – hors de leur étreinte. Et, paniquée, elle ne ressent plus le sol sous ses pas. Un haut-le-corps violent, le regard hagard, elle contemple le vide. Que l’Esprit de la Mésange lui donne sa légèreté.

Le sol vient beaucoup plus vite qu’elle ne s’y attend. Elle se relève en un bond, avec toute l’adrénaline qui lui reste, avant de poser son regard sur celui qui l’a agrippée, qui, lui, s’est relevé avec une grâce étrange.

Son souffle tremble alors qu’elle l’observe, de longues secondes s’écoulent.

« Tu… »

Inspire, expire. Elle laisse les images s’estomper. Une nouvelle réalité s’imprègne dans son regard. Devant elle, le visage de l’homme n’est jamais le même.

« Tu y étais. »

Il y était tout en n’y étant pas; son esprit en estompe un autre, qui, depuis longtemps, n’est qu’un murmure. Horrifiée, Tekonwenaharake pousse l’homme loin d’elle et recule de plusieurs pas, titubant violemment. Ses jambes ne la tiennent qu’à peine et, bien qu’elle ne ressente plus la pression excessive des Esprits contre son cœur, elle suffoque à nouveau. Un pas de trop, elle trébuche et tombe, les yeux toujours fixés sur l’homme qui, apparemment, vient de la sauver.

« Tu étais avec eux. Tu les as vus mourir. »