Je dois avoir passé une bonne grande partie de ma pause, seule, enfermée dans ma chambre, le châle de ma mère sur les épaules. Ce tissu est si doux et chaud, il me rassure et m’apaise, je me sens comme chez-moi, comme en sécurité. Comme si j’étais auprès de maman. Si seulement elle était là, elle aurait été capable de me guider, mais elle n’est plus là. Maman, tu étais la reine d’Arendelle, aimée de tous. Comment faire pour avancer ? Comment faire pour être comme toi alors que je n’ai l’aide de personne ? Un soupire franchit mes lèvres alors que je m’observe dans le miroir. Je n’ai pas envie de retirer ce châle encore une fois, je pense que je vais la garder. Je la porte souvent depuis qu’Anna…

Hm. Je réajuste le léger voile noir qui recouvre une partie de ma chevelure, à l’arrière de ma tête, avant de quitter ma chambre. Je m’arrête devant le portrait familial puis celui de ma soeur, individuelle, où un drapé sombre le recouvre. J’ai mal au coeur de voir ça, tellement mal. Oh Anna, que puis-je faire sans toi ?  Je sais que j’ai ouvert cette alliance pour arranger tout ça, mais je commence à douter de moi, et si rien ne fonctionnait ? Qu’il m’est impossible de t’atteindre là où tu te trouves ? En parlant d’alliance… il faut vraiment que j’y aille. Mon peuple a besoin de moi, ils ont tous besoin de moi. Je dois les aider. Alors je pars dans la salle du trône après avoir essuyé quelques larmes.

Une fois en salle, je me tiens droite, le regard fixé vers la porte, et les mains jointes. Quelques membres du personnel viennent me voir pour me poser des questions, désirant s’activer de suite pour les préparations de ce soir, alors je leur répond rapidement pour qu’ils puissent gagner du temps et s’élancer dans leurs activités tandis qu’un de mes conseillers m’annonce la prochaine venue d’une personne qui aurait été envoyé par le royaume de Radiant Garden apparemment, le royaume avec qui j’ai ouvert une alliance pour sauver Anna.

Voilà que les portes s’ouvrent sur les soldats d’Arendelle, accompagnant une jeune femme. Je lève à peine une de mes mains pour leur faire signe qu’ils peuvent retourner à leur poste, de toute manière ce n’est pas comme si la salle n’avait pas assez de gardes comme ça. Je sais que c’est pour ma sécurité. Je sais que c’est moi qui a suggéré qu’il serait bon de renforcer la garde, mais… je ne veux pas paraitre faible devant eux. Je me sens capable de gérer au moindre danger. Peu importe, je souris à cette inconnue qui s’offre maintenant à moi. Malgré sa tenue traditionnelle, je le vois bien que ce n’est pas une native, elle mérite d’être bien accueillie. Gracieusement, je lui offre ma révérence.

“Bonjour, je vous souhaite la bienvenue au royaume d’Arendelle. Je suis la reine Elsa d’Arendelle. C'est un plaisir de vous accueillir ici.”

Néanmoins, je viens seulement de réaliser quelque chose que je n’ai probablement pas remarqué avant, ou je ne sais plus à vrai dire. L’inconnue me regardait, comme figée sur place. Est-ce que je l’impressionne ? Mon statut l’intimide ? Je ne sais pas trop, et lui poser la question serait peut-être maladroit de ma part alors je tente autre chose, à peine inquiète :

“Hum. Que puis-je faire pour vous ? J’ai entendu dire que vous êtes venue jusqu’ici pour quelque chose d’important, je vous offre donc mon attention.”

Ce n’est pas ce que j’avais envie de dire à la base, mais l’idée est là. Mon rôle de reine aussi est là. J’espère que je l’ai aidé en lui donnant cette piste. Ou ça se trouve, elle n’était pas perdue. Mais qu’en sais-je ? Rien. Néanmoins, je suis à son écoute.

Patiente, j’attends que cette jeune femme puisse trouver la parole, qu’elle puisse être à l’aise avec moi. Je suis un peu comme elle dans un sens, sauf que c’est moi la reine. Une reine encore perdue qui ne sait parfois pas où aller. Heureusement que mes parents ont un peu eu le temps de m’enseigner, même si ce n’était pas suffisant… quoiqu’il en soit, mon attention retombe sur elle lorsque sa voix s’élève faiblement, doucement, accompagné de son geste. Je dois être sa première fois, et je ne pus m’empêcher d’avoir un léger rictus amusé, mais attendrie. Je suis passée par là aussi. J’incline de la tête en lui affichant un doux sourire, mais sincère, pour lui rassurer que son égarement n’était pas un problème.

“Enchantée…”

Flûte. Je ne peux pas faire ça. Je ne peux pas me permettre de rater son prénom. D’accord, concentre toi, reste calme, ça va être facile. Tu es habituée aux noms à rallonge. Inspire. Expire. Sois sereine. Et reprends-toi vite.

“Tekonwenaharake ! Enchantée. Je me répète, mais c’est vraiment un honneur de vous avoir parmis nous.”

C’est vraiment un joli nom intéressant, je me demande d’où il peut provenir. Je suis prête à écouter cette dernière jusqu’au bout, mais elle ne m’a pas l’air sûre d’elle, comme si quelque chose la bloquait. Je suis son regard pour observer ce qu’elle semble regarder et je commence à comprendre à peu près. Si elle est bien cette personne dont le Moogle m’a parlé…

“Si vous souhaitez une conversation privée, je vous prie de me suivre jusqu’à la salle d’à coté.”

Je le vois bien que certains font une petite grimace, mais c’est ainsi, c’est mon choix. Mon mot à dire. J’attends encore quelques petites secondes avant de me conduire jusqu’à la salle d’à coté, ordonnant aux autres de ne laisser personne d’autres y entrer. Juste elle et moi. Je ferme doucement la porte peu après avant de me tenir à ses côtés.

“Nous voilà à l’abri des regards et des oreilles. Vous n’avez plus rien à craindre. Je vous écoute à présent.”

Je lui offre un sourire.

Elle me remercie, mais il n’y a pas besoin, c’est normal pour moi d’aider, de faire en sorte qu’elle soit à l’aise. Je sais ce que c’est de se sentir étrangère, juger par des regards, parfois ça m’arrive un peu de me sentir… inconfortable quand ma magie se montre avant de me rappeler que mes sujets l’ont très vite accepté. Anna m’a tellement aidé, si seulement elle était encore là, elle était là pour me guider. Son sourire et ses rires réchauffaient mon coeur. Je sais que mon enfermement m’a privé de tout ça, mais j’étais si heureuse de tout retrouver et… voilà qu’on me l’arrache à nouveau, à croire que c’est encore ce maudit destin qui veut me séparer de ma soeur. Est-ce un message ? Je ne sais pas, et même si c’en était un, je ne saurais le déchiffrer. Je recouvre mes esprits en sentant le regard de Tekonwenaharake, lui souriant à nouveau. Elle parlait et je l’écoutais très attentivement, intriguée. Un lien profond avec les esprits ? Tout a un esprit ? C’est vraiment intéressant. Je me demande comment elle doit se sentir avec… autant d’esprits autour d’elle ? Sûrement plus à l’aise que de subir des regards accusateurs de mes gardes, au moins. Néanmoins, j’en apprends plus, elle vit dans un milieu où les Esprits semblent faire partie une grande partie de sa vie si j’ai bien compris. Et pour une raison qui m’échappe, parler d’esprits provoque en moi une sensation familière et d’émerveillement. Oh, oui, je sais pourquoi. Papa nous racontait une histoire d’une forêt enchantée où des esprits y vivraient, j’aurais aimé voir ça de mes propres yeux, moi aussi… voir d’autres gens qui possèdent de la magie, comme moi.

Je sens mon sourire s’agrandir alors que je continue de regarder la jeune femme qui marque une pause, demeurant toujours aussi silencieuse, mais toujours attentive, lui montrant que je l’écoute toujours et qu’elle peut continuer sans soucis. Tout ça m’intrigue vraiment, et quand elle dit qu’elle peut entendre, sentir et comprendre les esprits comme elle a pu avoir l’occasion avec ma garde... et moi-même, si j’ai bien entendu… je me suis sentie curieuse. J’avais envie de comprendre moi aussi, de savoir comment ça fait, à quoi ça ressemble, je voulais lui poser des questions, mais je me retiens. Je ne veux pas paraitre impolie, je ne sais même pas si ça l’est en fait, alors je me décide de me renfermer, de taire cette envie, en ramenant mes mains vers moi. Contre moi.

Mais elle était rapide, à mes yeux, et pourtant douce. Sa main a glissé dans la mienne, ça m’a un peu surprise et j’avoue que je me suis un peu raidis après ça. Faut dire que je n’ai jamais été touché, j’ai toujours était inaccessible. Mes contacts se limitaient le plus souvent à Anna. Et seulement Anna. Ce geste inattendu fini par me détendre, et même m’adoucir. Mais il y a quelque chose au delà de ce geste. Quelque chose qui attire encore plus mon attention lorsque je réalise que sa voix semblait différente, presque tremblante, à ses premières nouvelles paroles.

“Ma… souffrance ?”

Est-ce misérable si, après tout ce qu’elle m’a raconté, la seule chose que j’ose sortir est ce mot ? Enfin, il n’y a pas de mal là dedans, je crois ? C’est juste que ça m’a rendu perplexe, je ne m’y attendais pas. Elle ressent donc ma souffrance ? Ce n’est pas ce que je voulais, mais j’imagine que c’était inévitable, surtout après tout ce que je viens d’apprendre. Mon Esprit a été sondé, n’est-ce pas ? Je suis censée ne pas la montrer. Je suis censée… rester forte pour ceux qui en ont besoin. Pour ceux qui ne le peuvent pas. Porter mon propre poids et celui d’Arendelle. J’ai toujours su forger ce masque, et voilà qu’il vient de se faiblir face à ce contact et cette simple phrase. Puis cette voix semblant brisée de mon invitée…
Je sens mes larmes monter, mais je veux les retenir, je ne veux pas, pas maintenant. Je dois rester forte. Il faut que je tente d’oublier temporairement ces blessures. Oh, mais comment oublier tout ça ? C’est encré en moi. Qu’est-ce que Tekonwenaharake sait au plus profond de mon coeur ? Voit-elle seulement de la souffrance ? Mes émotions m’envahissent, malgré que je tente de les dissimuler. Je retire vivement ma main sur le coup et je commence déjà à tourner le dos, me replier à peine en agrippant mon châle avec mes deux mains.

Pourquoi il a fallut que ça tourne ainsi ? J’ai toujours su me contenir, mais la tempête est si violente, si intense. De toute façon ça ne sert à rien de lui cacher puisque visiblement elle peut savoir ce genre de chose. Un long soupire m’échappe, un soupire de détresse, avant que je me retourne lentement vers la rousse après avoir essuyé quelques larmes. Respire. Expire.

“Je vous prie de m’excuser pour… tout ça. Je ne m’attendais pas à réagir de la sorte.”

C’est comme s’il y a eu un déclic émotionnel, mais dans le fond ça m’a fait un peu du bien.

“J’ai perdue ma petite soeur il y a quelques jours… et je m’excuse encore que vous soyez venue alors que le royaume est encore en deuil. Avec tout ce que vous m’avez raconté, j’imagine que ce voyage ne doit pas être facile pour vous. Ne ressentir que de la souffrance n’est pas une bonne chose...”

Et je me sens si honteuse d’avoir osé me comporter ainsi plus tôt.

“Je veux rester forte parce que je le dois.” je ferme les yeux quelques secondes, serrant les poings, alors que je retrouve mon air impassible “Je veux être forte comme l’a été ma soeur, Anna, pendant toutes ces années. Pendant qu’elle était seule et que je… lui ait injustement tourné le dos.”

J’ai mal. Mon coeur me fait mal et ma gorge se serre.

“Anna est une personne aimante et loyale. Elle n’abandonne jamais quelqu’un… elle était la seule et unique amie de toute ma vie en plus d’être ma soeur. Mais voilà qu’elle disparait encore une fois. Pour de bon cette fois-ci. On me l’a arraché sans que je puisse faire quoique ce soit pour la protéger. Je l’aime de tout mon coeur, j’ai toujours eu besoin d’elle. Alors je dois rester forte pour Anna. Pour pouvoir la retrouver et la ramener à la maison. Parce que j’ose espérer qu’il y a un moyen pour la sauver, je veux pouvoir m’accrocher à cet espoir. Voilà pourquoi…”

Elle a déjà tant souffert, je ne peux pas la laisser souffrir une seconde de plus. Je dois la retrouver.

C’est difficile de se contenir, j’ai encore quelques perles salées à essuyer, tenant bien mon châle d’une main. Puis ses paroles attirent mon attention. Anna n’est pas complètement partie ? Dans un simple réflexe, j’observe autour de moi, avec un nouveau espoir naissant alors que je sais très bien que je ne la trouverais pas entre ces murs. Mon regard se pose sur Tekonwenaharake, intriguée. Une profonde colère ? Anna ? En colère ? Bien sûr, ma soeur a déjà été en colère, mais… je ne pense pas qu’elle l’a été autant. Cette rousse m’intrigue, à pouvoir ressentir tout ça alors que je suis ignorante.

“Comment ça, elle est en colère ? L’est-elle contre moi…?” Ces questions brûlaient mes lèvres, j’avais besoin de les poser, de savoir.

Puis mon regard croise celui de la rousse, elle a des airs si doux que c’en est apaisant à regarder, c’est agréable. Les mots qui suivent m’interpellent, m’attirent, m’intriguent encore plus. Qu’est-ce qu’elle voulait dire par là ? J’aimerais savoir. Je veux comprendre. J’essuie un peu plus mes larmes, faible sourire aux visage.

“Que voulez-vous dire par potentiel ? Et comment ça, cela va nourrir ma connexion avec elle ?”

Mon coeur s’emballe, j’ai la sensation que cette femme peut vraiment m’aider, pour plusieurs choses. Je m’accroche à cet espoir, je fais un pas vers elle.

“Qu’est-ce que vous voyez en moi ? Qu’est-ce qui s’y cache ?”

C’est si beau ce qu’elle racontait, vraiment, mais aussi incompréhensible, cela en est frustrant. Je voudrais comprendre, mais j’ai la sensation de devoir interpréter ce qu’elle dit et je ne sais pas si je suis sur la bonne voie. Quelque chose sommeille en moi, mais quoi ? Elle me parle d’arbre, d’esprit, d’être choisie. Tout semble compliqué, visualiser tout ça m’est difficile, mais ça n’empêche pas que je sois toujours aussi intéressée, intriguée. Ce qu’elle dit est aussi doux et poétique que la berceuse que nous chantait mère… rien que d’y penser, je ferme un moment les yeux, me mettant la fredonner tout doucement, inconsciemment, avant de me reprendre et regarder la jeune femme en lui souriant un peu plus. Anna et moi avons quelque chose ? Nous avons été choisie ? Je me demande bien pour quelle raison exactement. Et ça me rend rêveuse dans le fond. Comme un appel.

Lorsqu’elle me parle de la fureur de ma soeur, tout comme elle, j’amène une main à ma poitrine, imaginant cette colère qu’elle pouvait ressentir, empathique. Ma pauvre Anna, elle a tant souffert… j’aurais aimé pouvoir la serrer dans mes bras et la consoler.

Quelle surprise, en revanche, de la voir verser une larme. Cela alourdit mon coeur, peinée de la voir ainsi pour Anna alors qu’elle ne l’a connait pas, la pauvre… je sors alors un doux tissu, puis sûre de moi, à peine, je m’approche en douceur pour essuyer sa joue, attendrie. En me rendant compte de mon geste, je m’empresse de reposer ce tissu, souriant timidement.

“Simple réflexe. Excusez-moi.”

Arrangeant ma chevelure, je poursuivis, les mains jointes.

“En tout cas, ce que vous me dîtes est vraiment très intéressant et m’intrigue, j’aimerais… tellement découvrir ce qui s’y cache en moi, derrière ce potentiel.”

Je balaie la salle du regard, souriante, le coeur emballé par une douce chaleur qui était la joie.

“J’aimerais tellement pouvoir retrouver ma soeur et l’aider… je veux l’aider à apaiser sa douleur. Elle me manque terriblement.”

Mon invitée se rapproche de moi, assez pour que je me sente un peu intimidée, mais pas dans le mauvais sens du terme. Enfin. C’est bizarre comme sensation… mais c’est comme si je réalisais sa grandeur, qu’elle soit imposante par rapport à moi… je hoche de la tête en souriant à sa question, je n’ai pas eu le temps de dire quoique ce soit qu’elle glisse ses mains dans les miennes. Un léger sursaut, malgré tout, me prit. Ce contact si soudain, et pourtant consentant, était une belle surprise. Ses mains me semblent si chaudes, si douces. J’aurais pu les caresser, avec toute l’attention du monde, si c’était les mains de ma petite soeur. Pourtant, l’un de mes pouces a bougé, imitant inconscient une très courte caresse, avant de s’arrêter. C’est plus fort que moi, je trouve sa chaleur apaisante et chaleureuse. J’observe attentivement son visage. Ses traits ont l’air d’être doux, puis elle a l’air si concentrée et la voilà qu’elle fronce un peu des sourcils. Je me demande ce qu’elle voit, ce qu’elle ressent en moi. Je veux apprendre et comprendre.

Puis la belle rousse se met à trembler, je serre instinctivement ses mains, doucement, en la sentant ainsi. Réflexe quand Anna tremble de froid et que je veux pouvoir la réchauffer. Mais elle ne tremble pas de froid, Tekonwenaharake. Puis telle la rivière, les larmes coulent. Une nouvelle fois. Je me fais violence pour me retenir de les sécher, je n’aime pas trop la voir pleurer. Voir des visages si tristes alourdit mon coeur.

La peur…

Sentant son regard dans le mien, je me mets à détourner les yeux, comme si je cherchais un échappatoire, mais je retourne à son regard. La surprise m’envahit. Magnifique ? Ce qu’il y a en moi ? J’en rougis faiblement malgré moi, petit moment d’égarement avant de régner à nouveau sur mes émotions.

Je n’arrive pas à visualiser ce dont elle veut parler, mais…

“J’ignore à quoi vous faites allusion, mais… merci je suppose ? Vous m’avez l’air si talentueuse, ça doit être si pratique de pouvoir voir au delà de ce que vous pouvez voir.” Doucement, je retire mes mains des siennes pour pouvoir lui faire une démonstration. Je me recule et je commence à dessiner dans les airs avec ma glace, glace qui, dans son explosion, se transforme en flocon de neige qui tombe sur nous, disparaissant au moindre contact. “Voilà mon pouvoir. Je ‘maîtrise’ la glace, mais ce don est si fort, j’ai dû mal à le comprendre… toute ma vie j’ai été effrayée par lui, je le voyais grandir, gagner de la force, alors que je le retenais du mieux que je pouvais. On m’a toujours apprit de le garder en moi, de le cacher, car c’était dangereux. Je me voyais comme une anomalie, un monstre. Je me sens comme étrangère, étant la seule à avoir des pouvoirs.”

Puis je t’ai rencontré toi, qui a des pouvoirs, qui je sens, pourrait me comprendre.

“...Même si j’ai plus ou moins accepté la situation… je ne peux m’empêcher de me voir aussi négativement, de…”

Mon regard se tourne vers la fenêtre, voie de la liberté, chemin où se trouve tant d’horizons.

“De me demander d’où je tien ces pouvoirs.”

Cette femme a une façon de parler qui est si poétique, si lyrique, je ne pouvais pas m’en lasser, seulement, en dehors de la beauté de ces mots, je ne peux m’empêcher de froncer un peu les sourcils. Elle a raison et c’est bien pour ça que je représente un danger, selon moi… Je me vois comme un corps animé qui dissimule une tempête agressive, prête à tout ravager à tout moment. Une tempête imprévisible dont je n’en sais rien. Si j’apprenais à maîtriser ce vent glacial qui hurle, je ne ferais de mal à personne, mais pour cela, je dois apprendre, pouvoir la calmer, l’apaiser. Être moi-même ?

Non. Je ne peux me le permettre, je ne peux pas me lancer dans une aventure au risque de m’y perdre. Je suis la Reine d’Arendelle et je dois veiller sur mon peuple. Je n’ai pas le temps pour ça. Je ne peux pas être moi-même alors que je ne sais pas qui je suis réellement.

Distraite, je m’éloigne de la rousse, suivant mes rêveries, me dirigeant vers la grande fenêtre comme si elle m’appelait, mais personne ne m’appelle évidemment. Après tout, qui m’appelerait ?

“...Une connexion ?”

Je détourne mon regard du paysage pour pouvoir la regarder, tournant mon corps entièrement vers elle afin de lui faire face.

“Ces voix… que disent-elles ? Je suis prête à accepter votre aide, Tekonwenaharake.”

Néanmoins, je me pince la lèvre, gênée, après jeté rapidement un coup d’oeil à l’horloge au fond de la salle.

“E-Enfin, si vous en avez envie, bien sûr et que rien ne presse pour vous. Je ne voudrais pas vous déranger ou vous retarder avec mes questions… incessantes. Dans tous les cas, vous êtes la bienvenue à Arendelle et je serais ravie de vous accueillir.”

Je lui offre un doux sourire, sincère.