Ce monde est différent. Vraiment différent. Confus, l’œil écarquillé en proie aux doutes et aux peurs, Niteo craint de s'y retrouver seul. Où sont les autres...? Il n'en voit ni n'en sent aucun... Il aperçoit si peu d'ombre, si peu de recoin sombre qu'il se fige au milieu de la place pendant presque dix longues minutes. Puis il finit par regarder autour de lui, les gestes légèrement en panique, ses griffes cliquetant contre ses jambes. C'est très lumineux ici.  La lanterne rouge se trouvant sur sa poitrine, normalement si éclatante, fait pâle figure face aux grands lampadaires de la ville.  Alors Niteo jappe vers la gauche. Puis vers la droite, appelant les siens. Mais rien.

Pourtant, il y a quelque chose ici qu'il cherche plus que tout, plus que la sécurité apaisante des abysses. Il y a cette odeur, cette chose inexplicable qui plane dans l'air et qui lui taraude l'esprit. Là juste là. Elle est ici. Il peut la sentir à même la peau et seulement elle pourrait répondre à ses pourquoi.

Niteo devoir se reprendre, devoir comprendre, parce que Niteo exister maintenant.

Ses poings se serrent et il décide d'avancer sans se retourner, suivant simplement ce nouvel instinct qui l'anime vers des ombres vides. Puis un bruit. C'est presque rien, tout au plus un grattement. Une souris n'en aurait pas produit plus. Sans son ouïe fine d'Heartless, Niteo n'aurait sûrement rien entendu. C'est donc plongé dans les ténèbres que le petit observe le nouvel arrivant. Niteo ne saurait dire si le garçon est jeune ou vieux, ni même jauger son expérience au combat. Il ne connaît pas bien les habitants des autres mondes et dans un moment de lucidité, il se décide à l'évit-

!!!

D'une détente prodigieuse, le SansCoeur bondit finalement à travers la rue, survolant la place qu'il venait à peine de traverser, toutes griffes dehors. Devant le jeune homme, Niteo se redresse, museau à quelque centimètre de son visage. Il le renifle. Ce n'est pas elle et pourtant l'Emblem est persuadé de flairer l'essence de celle qui lui a fissuré sa lanterne. Ça brille, en écho lumineux, comme un radar. C'est faible mais les clignotements rouges de son poitrail ne peuvent mentir. Niteo grogne tandis que ses poils s'hérissent et que déjà, quelques cubes apparaissent ici et là.

La faim l'a rattrapé et ce parfum de déjà-vu lui a rappelé de bien mauvais souvenirs.

Il est tout seul, Niteo. Lui qui a toujours eu une masse de ténèbres comme compagnie. Tout seul dans ce monde qu'il ne connaît pas, qui brille beaucoup trop pour ses petits yeux. Et sa lanterne, oh sa lanterne qui le fait tant souffrir. Ça fait mal. Beaucoup trop mal. Ça bat fort contre sa poitrine, ça clignote à n'en plus pouvoir. Pourquoi ? Il faut que ça s'arrête. Niteo ne comprend pas ce qui lui arrive, ni même qui est cet humain. Il sent comme elle, mais ce n'est pas elle. Ils sont différents.

Ce cœur à prendre, semblant pourtant si faible ne faillit pas face à l'Emblem. Au contraire. L'humain ne recule pas. Niteo peut sentir un peu de frousse, mais rien qui ne lui donne l'avantage. Alors le SansCoeur s'approche un peu, grognant de nouveau. Qu'il recule. Qu'il parte. Grr. Il veut le faire fuir, terrifié à l'idée même de l'affronter, lui qui ne s'est jamais battu seul.  Et Niteo fait de son mieux pour garder contenance, pour paraître fort, le poil tout hirsute et les griffes dehors. Il lacère devant lui, sans toucher sa cible. Puis un jappement s'extirpe de son gosier. Un appel à l'aide ? Ça en a tout l'air.

Mais personne ne vient, personne ne lui répond. Évidement. Il le sait très bien Niteo que depuis qu'il y a eu cette grande lueur, cette explosion, tous ceux qu'il côtoyait se sont éteint. Que faire ?  Niteo se décide à pousser l'humain pour gagner en assurance. Son geste est particulièrement hésitant et dès lors, peu puissant, mais surement assez pour faire perdre l’équilibre au jeune garçon. Haha. Niteo plus fort. Ainsi, dans un excès de confiance soudainement acquise et d'une faim qui se fait désormais plus féroce, le SansCoeur bondi sur l'humain prêt à lui assener un coup de griffe et lui arracher le cœur.

Était-ce là sa première victime en solo ?