« Anna, qu’as-tu fait? Bon sang, tu t’es vue? »Le regard de l’interpellée se baisse sur son habit.
À vrai dire, elle ne s’était pas rendu compte de l’ampleur des dégâts. Elle se voit obligée de reconsidérer.
« Oh. » C’est l’automne. Dehors, la pluie n’a fait que tomber. Et elle, elle avait décidé qu’elle sortait pour explorer les tours de l’autre côté de la grande cour intérieure.
Sa robe est pleine de boue.
Aussitôt, ses joues prennent une couleur rougeoyante et elle inspire.
« Euh, en fait, haha, c’est marrant, jeeee—euh. »Gerda met ses poings sur ses hanches, toisant la jeune princesse, qui, elle, ne la regarde pas en face. Un rire inconfortable fuse des lèvres d’Anna alors qu’elle tire sur la mèche blanche de ses cheveux. C’est d’une toute petite voix, en relevant le regard sur la gouvernante, qu’elle s’exprime.
« Je suis tombée? » Elle offre un sourire sincère à la femme, qui, elle, soupire, sortant d’une des poches de son tablier un mouchoir.
« Ce sourire ne t’amènera nulle part, cette fois, Anna. Allez, viens ici. » Elle frotte vigoureusement le mouchoir sur le visage de la concernée. Anna ferme les yeux et son sourire s’agrandit. Derrière le rouge honteux de ses joues et la boue séchée, on peut voir ses taches de rousseur. Elle tente de pousser une mèche de sa frange hors de sa vision et ses doigts frôlent la matière granuleuse.
« Oh, j’en ai dans les cheveux. » « Partout, ma chère; même dans tes chaussettes! Allez, au bain… Et tâche de ne pas tout salir sur ton chemin! » Petit mouvement affirmatif de la tête avant qu’elle ne se mette en marche vers la salle de bain.
« Non, non, ne t’inquiète pa—aaa—woaah! » Le bruit d’une bottine qui glisse sur une flaque d’eau, puis d’un bruit plus lourd d’un corps se retrouvant au sol.
Oups.
Elle entend le rire de Gerda alors qu’elle tente de se relever, maladroitement, en mettant le pied sur sa robe à plusieurs reprises avant de finalement reprendre son équilibre, les deux bras bien droits.
« Ma pauvre, tu es irrécupérable. » Elle inspire, puis expire. Elle est stable.
« Tout va bien; je vais bien! » La main sur ses lèvres pour cacher un sourire, la dame lui fait signe de main.
« Allez, file. Je t’amène de l’eau chaude. » Hochement de tête affirmatif avant qu’elle ne tourne les talons et se dirige vers les bains, cette fois, sans tomber.
❈❅❈
Coups rythmés sur une porte blanche et bleue.
Elle croit entendre le froissement de tissu, un souffle qui se coupe, sa joue collée contre le bois froid. Elle s’était dit que cette fois, elle attendrait une réponse et que, peut-être, avec espoir, ses chances seraient plus grandes.
Alors elle inspire et retient son souffle.
Dix secondes. Douze. Vingt.
« Elsa? »Elle n’était pas venue à la porte, ou l’avait fait d’une manière si douce qu’elle ne l’avait pas entendue. Un vent froid se lève et elle se demande quelle fenêtre s’est ouverte.
La détermination sur son visage s’efface momentanément. Une assiette cogne contre la porte et elle tire sur ses cheveux.
« Le cuisinier a fait des biscuits et je me demandais si… »« Non, Anna, je… Je n’en ai pas envie. »La voix vient de nulle part et elle se sent sursauter, les yeux pleins d’espoir, jusqu’à ce que la simple parole dite s’enregistre dans son esprit. Elle soupire.
« …Tu voulais en partager. Avec moi. Pour une fois. »Elle se retourne, les épaules basses, l’assiette entre ses deux mains, son regard posé sur les biscuits et l’esprit beaucoup plus loin.
« Mais je comprends. » Elle ne comprend pas.
« Je te laisse tranquille. »D’une manière, elle aurait dû s’en douter.
❈❅❈
Assise sur un des bancs de la grande galerie du château, entourée des visages qui l’auront guidée dans son enfance, Anna regarde un des biscuits dans ses mains.
Elle n’a plus faim.
Avec un soupir, elle repose la gâterie sur son plateau, avec les autres, et essuie une larme qui perle sur ses joues.
Elle était certaine que, cette fois, ce serait la bonne. Qu’elle pourrait lui parler. Qu’elle pourrait lui dire à quel point ça lui fait mal, à quel point tout ce qu’elle veut, c’est elle, peu importe ses problèmes, peu importe si elle a un problème avec les microbes et la saleté, peu importe si les autres auraient du mal.
Elle ne veut que sa sœur.
Elle est tout ce qui lui reste.
Je ne me souviens de rien
Que du blizzard.Je revois sans cesse l'inquiétude sur son visage.
J’ai eu si froid.
Combien de temps s’est-il écoulé depuis que je suis ici?
Ici…
Oh, Elsa. Pourquoi n’es-tu pas revenue avec nous?
J’ai été si naïve. Tu avais raison. Il avait raison, lui aussi. Je ne suis qu’une inconsciente. Je n’aurais jamais dû lui faire confiance. Je revois son sourire mauvais alors que ses mains glissent sur mon menton, j’entends ses paroles acérées, celles qui sont venues juste avant le vide.
Ma main était tendue vers lui alors qu’il me laissait m’enfoncer dans ce monde sans lumière.
Je me sens flotter. Je ne sais pas où je me trouve. Je me croirais tout droit dans le ciel, entre les étoiles qui ressemblent à des flocons immobiles et distants.
J’ai mal. J’ai affreusement mal. Cette douleur me rattache, ancre impitoyable, à une réalité qui ne cesse de m’échapper. Je demeure en équilibre inconstant entre la conscience et le néant, avec l’impression de m’y engorger toute entière, mon corps tardant à s’échouer, baigné dans le tumulte du noir ambiant.
Suis-je encore en vie? Souffre-t-on, aussi, après la mort?
Pourquoi ai-je si froid?
Elsa?Pitié. Faites que ça soit elle. Faites que ce froid vienne d’elle. Faites que ce soit sa présence qui m’habite et pas la mort qui me gagne. Je ne veux pas la laisser. Je ne peux pas la laisser.
Elsa, où es-tu? J’ai terriblement peur.
Mon esprit vagabonde. Je la revois. La silhouette d’Elsa se retournant de moi, chantant son désarroi, chantant sa résolution profondément ancrée. Je ne la voyais plus. Je ne la voyais à peine, mais je voulais tant l’aider. Je voulais tant remédier à sa panique, tant lui faire comprendre que je serais là pour elle, qu’ensemble, nous étions invincibles, ensemble, nous pouvions tout arrêter ce qu’elle avait entamé. Nous pouvions, elle pouvait mettre fin à ce qu’elle avait commencé.
C’est arrivé si vite. Je ne comprends pas. Je n’ai pas compris.
Elle n’aurait jamais osé me faire du mal.
Ce n’est pas sa faute.
Si seulement j’avais pu comprendre avant, comprendre tout ce qui l’habitait, tout ce mal qui la rongeait. J’aurais pu l’aider. Nous aurions pu être comme avant. Au fond d’elle, je le sais, comme moi, elle n’a jamais aimé être seule.
Je me souviens du château. Je me souviens de mes pas sur cette glace sans marque, reflétant chaque parcelle de lumière, de ses arcs si hauts, de la fontaine et des escaliers. Tout paraissait si épuré et pourtant si beau, simple, magique. Pourtant, tout était si, si calme et beaucoup trop isolé.
Personne ne veut vivre seul.
Personne ne veut s’enfermer. Comme elle l’a fait, sur sa montagne.
Elle avait besoin de moi.
J’ai besoin de toi.
Je ne vois plus que le blizzard. Le blizzard m’habite et me gèle. Le froid m’étouffe et m’éteint. Je m’éteins. J’ai mal. J’ai mal, mais je me sens si légère et si engourdie.
Qu’est-ce qui m’arrive…?
❈ Anna adore le chocolat. Non, sérieusement.
❈ Elle est atteinte d'un déficit de l'attention avec hyperactivité.
❈ Elle est vraiment plus forte que ce que vous pensez.
❈ Si vous êtes son ami, elle fera tout pour vous.
❈ Elle est extrêmement naïve.
❈ Elle a une constitution hors du commun.
❈ Si elle a une idée en tête, il est très difficile de lui enlever.
❈ Elle a tendance à tirer sur la mèche blanche de ses cheveux lorsqu'elle a des émotions néfastes.
❈ Lorsqu'elle est trop enjouée, elle rit. Beaucoup.
❈ Elle se perd dans ses propres idées et balbutie souvent.
Statistiques. }
- Rang : Adepte.
- Points de vie : 165PV.
- Attaque : 19.
- Attaque critique : 32.
- Magie : 8.
- Sort critique : 8.
- Défense : 11.
- Soin : 7.
- Curaga : 7.
Accueil 
