Alors que les ténèbres se font plus oppressants, tu te laisses guider par le cœur lumineux d'Anna, comme si il s'agissait du tien. Il est si éclatant malgré le froid qui s'en échappe, si précieux à tes yeux. Il fait resurgir en toi de nouveaux souvenirs, de nouveaux sentiments que ton âme troublait de rage ne pensait pas ressentir de sitôt. Un sourire de l'âme, imaginaire, mais bel et bien palpable, miroite contre ta poitrine. Il est vrai qu'elle fait pâle figure, cette ridicule lueur, comparée à celle de la Princesse d'Arendelle, mais qu'importe.  Avançant aveuglement dans ce ramassis sombre, tu aperçois au loin un éclat nouveau. Un monde. Un monde où celle que tu tiens dans tes bras pourrait bientôt – tu l'espères- reprendre de sa chaleur.

☼ ☼ ☼

Vous sortez des ténèbres pour vous voir baignez de lumière. L'endroit est luminescent, gorgé de soleil à ne plus savoir qu'en faire. Après des années enfermé à la Nécropole des Keyblades tu foules pour la toute première fois depuis une décennie le sol humide d'une forêt. L'atmosphère est vivifiante et devant toi, des parterres de fleurs aux mille et une couleurs. Tu ne peux sentir ni goûter la douceur de l'air, mais à en croire l'herbe verte sous tes bottes rouillées, la vie  était maîtresse de ces lieux. Tu espères le monde préservé des ténèbres, mais tu peux sentir des ombres grouiller sous les racines des arbres.

▬ Anna...Comment-vous sentez vous ?

Tu reportes ton attention sur la demoiselle toujours blottie dans tes bras. Elle est encore consciente, tu le sens. Dans un réflexe trop humain, ta main s'avance vers les mèches de ses cheveux décolorées mais tu n'oses y toucher. Sans comprendre comment, tu peux sentir le froid qui la ronge. Si seulement tu pouvais faire quoi que se soit pour l'aider, ne serait-ce que soulager un peu sa peine. Tu prends finalement position, genoux à terre, installant Anna plus confortablement, face aux rayons chauds du soleil.

Vous ne pourrez pas rester ici éternellement...tu le sais. Anna a besoin d'aide et déjà tu sens les ténèbres fourmiller dans l'ombre des sous-bois. À moins que...

▬ Qui va là ?

Keyblade en main et sur la défensive, tu es prêt à protéger Anna au moindre assaut.

▬ U-un cheval ?

Ta Keyblade s'évapore et tu te redresses, intrigué. L'animal quant à lui eut soudainement le corps raide comme une souche. Il te fixe et tu le fixe en retour. Sur le museau ; filet, harnais, rênes et sur son dos, une belle selle en cuire. En voilà un beau destrier, finement décoré qui plus est. Cependant, pas la moindre trace de son cavalier...Alors tu t'approches, main en avant, cette dernière se voulant calme et rassurante afin de ne pas l'effrayer. Tu remarques un nom sur son harnais, joliment gravé. Maximus.

▬ Bonjour Ma-

Coup de sabots

Si tu avais eu un corps, ça t'aurait coupé le souffle. Tu es instantanément propulsé en arrière, bras ballant et t'écrases au sol dans un concert de ferraille. Humpf. Ton âme est confuse et tes mains se serrent en poing pour empêcher l'apparition de la Keyblade. Tu cherches Anna du regard en te redressant. Tu veux lui dire de partir si elle le peut, mais tu n'en as pas le temps, le cheval revient à la charge. Tu ne vois qu'une masse de muscles déchaînée et d'énormes dents essayant de te retirer ton casque. Impossible. Il essaye. Encore et encore. Il te donne des coups de sabots à répétition et tantôt tu esquives, tantôt tu encaisses. Finalement, après avoir épuisé sa patience, le canasson s'arrête. Il tourne en rond, martèle le sol et plaque son museau à terre, s'approchant dangereusement de la princesse en gros reniflements.

Il n'a pas l'air réellement dangereux... malgré la force dont il vient de faire preuve pour t'envoyer valser. Mais passons. Non, au contraire. Votre temps -celui d'Anna- est compté et dans l'instant T, il est le seul capable de vous aider. Alors tu t'approches à nouveau, lentement, sur tes gardes cette fois.

▬ Écoutes, Maximus. C'est bien comme ça que tu t'appelles n'est-ce pas ? Je suis-  Il fallait trouver quelque chose pour qu'il t'écoute, pour qu'il daigne te porter un intérêt autre que celui de cabosser ton armure. - un chevalier d'un royaume voisin, d'Arendelle. Anna, ma princesse est dans un état critique et a besoin de soins, peux-tu nous aider ?

Oui... tu parles à un cheval.

Tout petit mensonge

Alors que ces mots résonnent encore, un songe ou plutôt un souvenir, plus insistant que les autres, te tire sur un tendre regret, comme si cette réminiscence te rappelait des sermons d'un lointain passé. Tu retiens un rire. Trop humain, trop enfantin. Incontrôlable. Étrangement gêné, alors que personne ne peut réellement comprendre ou bien te voir, tu ne peux t'empêcher de le masquer à l'aide de ton gantelet.

C'est intrigant, cette part de  toi qui s'éveille pour aussitôt replonger dans le néant de ton âme. Comme des piques du passé qui viennent teinter ton armure d'un peu de lumière, masquant ta véritable nature; une insatiable soif de vengeance.

X͏̧́e̴̛͠h̴a̴ń͝o͜r͠t̛̀͢.̶.̧͡.̶͜

Une chose est sûre, tu sembles avoir saisi l’intérêt de l'animal. Tant bien  même un mensonge s'était glissé sous ta visière, tu étais un peu plus sincère qu'a ton désir de sauver la princesse d'Arendelle. Résolution qui n'avait de cesse d'avoir ce goût de destiné. Alors tu t'approches encore un peu, main tendue vers Maximus. Museau nerveux, oreilles en arrière et les narines qui renâclent encore de frustration, le cheval blanc finit par poser son museau sur la main frigorifiée d'Anna, lui faisant changer d'avis.  

C'est donc sans perdre plus de temps que tu redresses Anna et la soulèves pour la caler à nouveau dans tes bras. Ça va aller. Lui dis-tu d'une nouvelle voix assurée, quoiqu'un peu ferrailleuse, avant de la déposer sur le dos de Maximus. Tu serais bien monté à ton tour, mais le quadrupède te foudroie du regard, de quoi te faire hocher de la tête en guise de compréhension tout en levant les bras.

▬ Ok, ok. Je vais marcher.

Tu sourirais, si tu le pouvais.
Drôle de cheval.

☼ ☼ ☼

Ton regard tu l'as rivé sur la Princesse et la monture, ne voulant en aucun cas les perdre de vue. La concentration figée, tu manques le tableau de la grande ville se dépeindre sous tes yeux. Sans doute que, si tu pouvais sentir les odeurs, n'aurais-tu pas manqué de lever la tête en direction du doux parfum du pain tout juste sorti du four. Ce n'est qu'à l'arrivée de deux silhouettes dévalant la route, dans un raffut de fer qui claque, que tu remarques enfin l’immense cité. Légèrement essoufflés, deux gardes surpris de constater le retour prompt de Maximus, s'exclament.

▬ Déjà de retour Maximus ! Tu l'as retrouvé ?

Une sorte de soupire grinçant s'extirpe des babines de l'animal avant de montrer aux gardes la raison de son retour. L'un d'eux approche sa main et la dépose sur l'épaule de la jeune fille. Il sursaute et recule, constatant le gèle qui a prit forme sur le gantelet de son armure.

▬ Je me nomme Terra et voici la princesse Anna d'Arendelle. Si nous sommes ici, c'est pour solliciter votre aide. Ma princesse est dans un état grave...et...

Difficile d'expliquer la situation quand toi même tu n'en connais pas les origines. D'où vient ce froid qui la ronge ? Sa lumière tiendrait-elle suffisamment longtemps ? Quand était-il de son cœur...? N'était-il pas déjà à moitié consumé par les ténèbres des EntreChemins ? Tu sais pour l'avoir appris par coeur qu'il est dangereux de s'aventurer sur ces territoires sombres sans y être préparé... sans armure pour se protéger...

▬ Il y a bien cette histoire...
▬ L'histoire de la reine ?
▬ Oui. La Reine était sur le point d'accoucher quand celle ci tomba gravement malade. La seule chose capable de la sauver était la fleur magique. Le Roi ordonna qu'on la trouve et après des heures de recherche, des gardes découvrirent enfin la fleur. Sa magie sauva la reine qui accoucha d'une adorable petite fille aux cheveux dorés qui a aujourd'hui dis-

Tu coupes le garde en pleine phrase. Maudit soient ton impatience et ton inquiétude.

▬ Savez vous où peut-on trouver cette fleur ?

Un main sur ton épaule et voilà l’inquiétude qui grandit. Elle se serre, s'agrippe sur ton épaulette et dégouline sur toi comme un poison que tu ne connais que trop bien. L'échec. Tu sens la pitié glissée des yeux attristés du garde et sens ton âme se crisper. Tss. Où veut-il en venir… ? Qu'il n'y avait plus aucun espoir, plus aucune chance de sauver Anna ? Tu recules, d'un simple pas, refusant l'absolu et te débarrassant de son gant sur ton armure.

C'est drôle tout de même. Car au final, tu ne la connais pas, Anna. Pas assez, du moins. Tu as beau te torturer l'esprit, refoulant cette haine et ces images toujours plus sombres qui reviennent, tu n'as pas souvenir d'avoir fait la connaissance d'une telle princesse. Ni même de n'avoir jamais noué un lien avec cette dernière. Pourtant, les mots pessimistes du garde t'avaient froissés le moral à t'en rendre grognon.

Il doit s'agir de sa lumière. Si vivifiante, si écarlate, si pure. Tu ne vois pas d'autres explications qu'a ce dévouement irrationnel qui t'anime alors que Xehanort, ce traître, rode encore... et que tes  amis eux... sont toujours perdus.

Ils te manquent.

Finalement une solution émerge de la conversation des deux gardes, faisant de nouveau naître l’espérance au sein de ton âme. Parfait ! Te-dis-tu alors que sur le dos de Maximus la princesse d'Arendelle s'agite un peu. Tu t'approches, soucieux.

▬ Vous devez économiser vos forces Anna. Une fois de plus, ta main veut venir apaiser son mal en se posant sur ses cheveux décolorés. Geste maladivement protecteur, sûrement emprunter du passé... qui ne cesse de resurgir. Tu le retiens, fermant le poing. Tu sais très bien que le froid ne t'atteindra pas, qu'il ne fera que s'effriter au contact de ton armure, mais...

▬ Cette fleur est notre seule piste. Nous devons tenter notre chance.

Et d'un acquiescement commun, les gardes vous guident jusqu'aux quartiers du roi et de la reine du royaume.

☼☼☼

À votre arrivée, le roi se lève de son siège, laissant la main de sa reine, précédemment sur la sienne, retourner sur ses genoux. Il se dresse là, en hauteur, cet  homme à l'indéniable charisme. La pièce des entrevues, pourtant pas en avarice d'espace, semble tout à coup rétrécir. Tu l'observes attentivement s'avancer vers vous et ne peux t'empêcher d'avoir une pensée pour Maitre Eraqus. Ce roi avait les épaules larges, le regard dur mais juste, on lui sentait tout de même de la gentillesse et de la clémence.

Les gardes s'agenouillent alors, mouvements parfaitement synchronisés et aussitôt le roi leur prie de se relever. Derrière toi immobile, Maximus, la noblesse à fleur de peau et le râble bombé de fierté, il salue sa majesté et tu en fais de même, exécutant une révérence militaire.

▬ Je peux voir que vous n'êtes pas originaire de Corona, que me vaut cette surprenante visite ?

L'un des gardes se dévoue pour expliquer la situation au roi. Des regards s'échangent. Des non dits, des secrets, le souverain en est rempli. Le doute s'installe l'espace d'un instant et tu n'oses parler avant sa majesté. Tu restes là, aux côtés d'Anna qui va de mal en pire...

▬ Vous dites venir d'Arendelle- Il se retourne vers sa femme, qui lui offre un geste de consentement, le visage souriant. - et cherchez à acquérir une fleur issue d'une larme du soleil pour sauver la princesse Anna d'Arendelle.

▬ C'est exact.

Il eut un long et pénible silence de quoi donner à ton armure des sueurs froides. C'est qu'il y avait quelque marque de méfiance dans ses mots et ses gestes. Depuis dix-huit-ans, ce dernier n'a eu de cesse à repenser à ce terrible jour où leur fille leur fit arraché. Sans savoir, on pouvait aisément sentir que ce souvenir le chagrine encore.

▬ Soit. Malheureusement je ne peux dire avec certitude si une seconde fleur existe, ni même où elle se trouve.

Tu baisses la tête, jetant un regard inquiet à Anna.

▬ Mais c'est loin d'être impossible. Je suis prêt à vous offrir mon aide, et dès lors d'organiser une battue pour dénicher une seconde fleur magique. Le roi fait signe aux gardes toujours présents. Rassembler des hommes et fouillez le périmètre autour de l'endroit où vous aviez trouvé la première.

Combien de mois... combien d'années cette errance a-t-elle durait ? Le regard morne sur tes mains, tu fais apparaître Ends of the Earth. Tu l'observes, la retourne, passes tes doigts sur sa lame. Qu'est-il advenu de toi, Terra... ? Tu as perdu le fil du temps, tu ne sais même pas si tes amis sont encore en vie. Quelque chose en toi te dit d'y croire et une voix que tu ne connais que trop bien raisonne dans ton casque chaque fois que le doute s'immisce trop prêt de ton âme.

Sois fort.

Les jours qui passent te sembles n'être alors que de vulgaires minutes, tout au plus des heures. Le temps s 'écoule autrement pour ton esprit rogné par la rage. Pourtant, elle est bien calme, cette furie personnelle qui te permet de t'accrocher, de tenir le coup... d'être – tout simplement- alors que tout, jusqu'au destin, semblait contre toi. Tu soupires, laissant ta Keyblade disparaître à nouveau. Pas la moindre trace de Xehanort dans ce monde, aucune piste, même en allant demander de potentielles informations auprès des gardes restés au château. Rien.

Puis ils trouvèrent la fleur.

La nouvelle se répand dans l’entièreté du château comme une traînée de poudre et tu rejoins immédiatement Anna dans ses quartiers. Durant ces jours de recherches, tu es passé lui rendre quelques visites mais à chaque entrevue, elle perdait peu à peu ses forces. Alors il t'arrivait de venir la voir sans l'avertir, car de toute évidence elle n'aurait su tenir vos conversation. Cela dit, tu as appris à quel point la princesse d'Arendelle était forte et armée d'un immense courage. Elle tiendra le coup, car comme toi, quelqu'un qui compte beaucoup pour elle l'attend quelque part.

☼☼☼

▬ Ce n’est pas totalement parti… Tenace, la glace persiste. À en croire la force du remède concocté, tu commences à douter de la source même du mal qui ronge la jeune femme. Les ténèbres ont beau être ce qu'ils sont, une magie beaucoup plus puissante s'est logée autour de son cœur. Mais forte comme elle est, Anna se redresse, reprenant des couleurs. Tu t'approches, ravi mais n'en déplaises encore soucieux. Et tu n'oses parler, mais d'un sentiment loyal, tu avances à son chevet, t'agenouillant.

▬ Hans...? Que vous est-il arrivé ? Qu'est-il arrivé à votre sœur, la reine ?

Il était temps pour toi d'apprendre ce qu'Anna n'avait pas encore su te dire. D'une voix ferme, le roi demande aux domestiques de disposer et vous devenez attentif autour de la princesse.

Ils ont beau sortir de la bouche d'Anna, ces mots-là, ils n'ont rien de doux ou de rieurs. On peut la sentir, cette amertume dans chacune de ses syllabes. Propres au dégoût, sa langue roule maintes fois de déboires, non sans une pointe de honte que tu saisis à sa gorge nouée.

Et donc tu restes là, à l'écoute, buvant ses paroles pour mieux comprendre, pour mieux saisir la détresse de votre premier échange dans les EntreChemins. Trahison. Ce mot raisonne dans ton armure. Personne ne peut entendre cette désolation qui s'anime en ton sein. C'est silencieux, terriblement feutré et pourtant, ça tape, ça cogne avec une puissance que tu es le seul à ressentir. Tu ne connais que trop bien ce sentiment d'indignation qui se plante là, tout près du cœur et qui ne le lâche plus. Ça ronge, ça grignote la fierté et l’orgueil à grosses bouchées, pour ne laisser qu'une coquille tristement déshonorée...

…

Tu te fais attentif à écouter la suite, te redressant finalement en un grincement d'armure.

▬ Vous devez rentrer à Arendelle au plus vite, Princesse.

Tu marques une courte pause, tendant ta main gantelet de cuivre à Anna, l’invitant à s'en saisir.

▬ Si ce que vous dites est vrai concernant Hans, j'ai bien peur que son prochain plan d'action consiste à soulever le peuple contre la Reine.

Et allez savoir ce qu'une foule en colère est capable de faire quand elle est guidée par les viles pensées d'un Prince trop gourmand de pouvoir. C'est alors que la Reine prend la parole. Toute de grâce, tu ne manques pas de capter le charme qu'elle dégage, ni même de l'autorité dont  elle fait preuve. Force et présence qu'on auraient par habitude, donnés à son mari.

▬ La princesse doit encore se reposer. Néanmoins-  elle s'approche encore un peu, le pas étouffé, offrant un regard particulièrement maternelle à Anna. Elle la fixe longuement, un sourire emprunté à une joyeuse nostalgie pendue aux lèvres.  -il est possible d'envoyer une lettre à Arendelle et ainsi faire germer le doute chez le peuple, freinant une possible rébellion. 

Tu acquiesces noblement, reportant ton regard sur Anna. C'est elle qui prendrait la décision, et quelle qu'elle soit, tu la suivrais sans hésitation. Cependant, cette histoire de cœur gelé continue de te tracasser, au point de vouloir remettre en question l'implication de la jeune femme dans toute cette histoire. Peut-être est-il plus sûre pour elle de rester ici, à Corona, pendant que tu agirais en son nom pour châtier ce Hans du territoire. À moins que...

▬ Y-a-t-il quelqu'un susceptible de vous guérir qui attendrait votre retour ? Un amoureux, un petit ami, un fiancé peut-être ? 

Tu restes attentif, remarquant les joues de la jeune femme s'empourprer. Seule, qu'elle avoue... Le regard tantôt sur la Reine, tantôt sur la princesse, tu manifestes une inquiétude que personne ne peut voir ni même ressentir. Sans surprise tu continues de croire qu'il serait préférable pour Anna de rester ici, en sécurité, afin de reprendre des forces... mais qui es-tu pour l'en  empêcher... ? Il était évident que si tu avais été à sa place, tu n'aurais sûrement pas hésité un seul instant pour aller sauver Ven et Aqua, rejetant par la même occasion toutes aides... Ils étaient ta responsabilité... et tu les as abandonnés.

Sous ces pensées qui te blessent, un soupire d'âme vient claquer contre la visière de ton casque.
Ils te manquent.

D'un pas en arrière, tu laisses le scribe s'approcher. Sur le moment, tu n'écoutes qu'a moitié ce qui se dit, tu es pensif, plus que de raison. Vague regard vers la grande porte de la chambre, tu finis par t'approcher de la fenêtre, scrutant le royaume avec nostalgie. Coronna. Il y faisait bon vivre, Anna serait en sécurité ici, à l’abri du froid, à l’abri des ténèbres.

▬ Vous êtes sûre,  commences-tu alors, en revenant doucement au chevet de la jeune femme pour t'y agenouiller une fois de plus qu'il est sage de retourner à Arendelle aux vues de votre état ? Tu peux le sentir, aussi incroyable que cela puisse paraître, que la lumière qui loge au fond de son cœur est délicate, puissante et infiniment remarquable. Tu te dois de la protéger. Je pourrais y aller en votre nom, trouver ce Hans et défendre la Reine pendant que vous prenez congé ici, à Coronna... Elle refuserait. Et tu sourirais si tu le pouvais, car tu sais ta demande déjà perdue d'avance, mais tu ne pouvais retenir plus longtemps cette épaisse inquiétude qui t'envahissait l'esprit.

☼☼☼

La lettre était partie et il serait bientôt temps pour vous d'en faire  de même. La fleur avait agi et Anna avait, dieu merci, retrouvé ses couleurs. Charmante, dans de nouveaux habits chauds, tout en laines et fourrures vous vous apprêtez à quitter les lieux pour les terres gelées Arendelle.

▬ Prête, Princesse ?

Tu remercies d'un hochement de tête tout en noblesse l'hospitalité du Roi et de la Reine. Puisse leur royaume prospérer et que la lumière ne laisse jamais place aux ténèbres.