Qu’est-ce qu’elle faisait là?

Astra n’en était pas certaine elle-même. Elle avait volé dans un ciel infini et noir, avec l’envie profonde de se retrouver ailleurs que dans le Royaume Enchanté; elle avait entendu dire que ce monde pouvait être quitté et qu’il y en avait d’autres.

Un sort ou deux plus loin, la voilà ailleurs. Peut-être, ici, trouverait-elle ce dont elle avait besoin pour être plus forte que les humains ayant tué son père à l’aide d’enchantements?

Exténuée, Astra s’était retrouvée dans une autre forêt, où il y avait une petite cabane et une cheminée qui fumait. Elle s’était incrustée par une fenêtre ouverte et avait dormi près du foyer chaud. Elle entendait, en haut, plusieurs ronflements.

Le matin venu, elle les entendit se lever. Se cachant derrière un meuble, elle vit sept petits humains se préparer à aller « au boulot ». Tous avaient des pioches. Intéressant.

La dragonne suivit les nains de loin, se cachant derrière des arbres et serpentant entre les branches. Les minutes passèrent et, soudainement, elle se retrouva devant…

Une mine.

Une mine avec des milliers et des milliers de scintillements.

Des joyaux. Des dizaines et des centaines de joyaux.

Quel délice.

Alors elle attendit le soir venu, dormant sur la branche d’un arbre. Les sifflements des nains se firent lointains. Elle avait vu où ils cachaient leur clé. Elle s’en empara, s’aventurant dans la mine, où des tonnes de joyaux brillaient.

Mais des pas dérangèrent son extase. Se retournant vers une ombre l’ayant suivi, la dragonne prit une position défensive, les ailes bien déployées afin de se rendre plus grande.

« Je les ai vus en premier, Humain! Va-t’en, avant que je te flambe! »

Wouah, depuis quand les humains savent parler le Chat?

Et depuis quand les humains se disent ne pas être humains? Habituellement, ils sont absolument fiers de l’être. Astra penche la tête et plie un peu ses ailes, elle a tout d’un coup l’air beaucoup moins menaçante.

Alors il dit qu’il ne veut que remplir son sac et partir. Vrai qu’il y en a beaucoup : elle voit les petits wagons tout plein de gemmes diverses et se dit qu’elle-même n’a pas de sac… À moins que les nains en aient laissé quelque part. Elle soupire.

Mais avant qu’elle ne puisse donner son accord ou son désaccord, l’homme-chat lui présente un petit gâteau au miel, qui sent très, très bon. Elle s’approche alors afin de mieux humer l’odeur. Il la prend par l’estomac et ça fonctionne terriblement bien.


« Qu’est-ce que c’est? Je n’ai jamais vu une telle nourriture! »

Elle se lève sur ses deux pattes arrière afin de prendre, de ses pattes avant, un morceau du gâteau, qu’elle engloutit après avoir bien mâchouillé.


« D’accord, d’accord, Chaton, deux livres dans un sac, c’est raisonnable. Alors faisons cela intelligemment. »

Se léchant le museau, elle regarde autour.


« Il ne faut pas laisser paraitre que certaines gemmes sont parties, surtout si on doit revenir à plusieurs reprises. Alors prenons-en dans plusieurs des charriots. Tu commences à droite, je vais à gauche! »

Même absent, Jafar mettait tout le monde d’accord. Le rapport entre ce morceau d’histoire et le sorcier ? Sa cuisine, bon sang ! L’argent était assez superficiel concernant le fait de mettre tout le monde d’accord. Non, ce qui rassemblait les gens : les bonnes choses qui se mangent, la nourriture, la bouffe, la graille ! Et si l’ancien grand vizir peinait encore avec ses pouvoirs de génie pour aller pougner la tronche de ses ennemis, au Dark Council, tout le monde était content qu’il sache cuisiner. Et son gâteau au miel venait de faire mouche. Thanatos était content. Il avait réussi à ne pas finir en chaton rôti. La créature ailée n’avait jamais vu cette pâtisserie et il était heureux de la lui faire connaître ; une vraie tuerie. Très sucré et fait de manière légère pour éviter les problèmes de digestion par la suite.

« Qu’est-ce que c’est? Je n’ai jamais vu une telle nourriture! »

« C’est Jafar qui les fabrique, tu vas voir, c’est trop bon ! »

Elle en prend un morceau, il en prend un aussi et range le reste dans le paquet, puis dans son sac ; pour tout à l’heure quand ils auront finis.

Elle conclut que deux livres, c’était raisonnable ; et ça l’était vu ce qu’il y avait. Il était temps de se répartir.

« D’accord !… au fait, moi c’est Thanatos. » dit-il en tendant sa main vers elle, comme pour la lui serrer, son éducation humaine reprenant le dessus même s’il sentait le chat et se comportait comme un chat. Et était un chat, de fait.
Il se demandait si Jafar serait content qu’il ramène un dragon au Dark Council. En tous cas, le médecin, il l’aimait bien.

C’est Jafar qui les fabrique, dit le Chaton fièrement. Elle est tout d’un coup vraiment intéressée à savoir qui est cette personne. C’est à la suite de ses petites ordres que l’homme-chat se présente. Thanatos, dit-il. Il tend ensuite sa main vers elle et Astra la regarde un long moment, en ne sachant pas quoi faire avec cette main tendue.

Est-ce une coutume de chat? Non, les chats se sentent le museau pour se présenter et se reconnaitre. Alors ce mouvement doit être un peu humain.

Sans trop savoir quoi faire dans ce genre de moment, elle place le bout de son museau sur sa main, avant de se remettre sur ses quatre pattes.

« Moi, c’est Astra. »

Elle s’étire les pattes avant et les ailes avant de sautiller un peu.

« Allez, allons-y, ces pierres ne se ramasseront pas d’elles-mêmes! »

Et sur ces mots, elle part, sautant d’un charriot à un autre, sortant les plus belles gemmes qu’elle y trouve.