22h. Soirée plus ou moins occupée au 7th Heaven. Il y avait surtout des réguliers, ce soir. Même si c’était remplit, c’était une ambiance tranquille. Une musique relaxante jouait dans le jukebox, dans un coin du bar. On entendait le chef cuisiner, dans la cuisine. Tifa, elle, apportait les repas aux clients, servait des verres, placotait avec quelques uns d’entre eux. Une belle soirée, avec aucun problème, aucune altercation… Jusqu’à maintenant.

Le ton commençait à monter entre deux clients. Tifa les avait eu a l’œil toute la soirée, se demandant quand ils allaient exploser, et voilà. Deux hommes dans la mi-quarantaine qui s’envoyaient des bêtises. Tifa fronça les sourcils en leur demandant d’aller régler leur problème dehors, mais eu droit à un beau majeur en plein visage. Ah ça, elle ne le prenait pas, mais pas du tout.

Tifa déposa le verre qu’elle avait dans les mains, doucement, avec un sourire. Elle contourna le comptoir du bar, pour se mettre en face des deux hommes, clairement saouls, qui la regardaient, incrédules. Comment est-ce que cette fille la de 22 ans osait-elle essayer de les arrêter. Un des hommes se leva, un peu plus grand qu’elle, essayant de l’intimider, mais Tifa ne bougea pas d’un poil. Tout le monde les regardait. Tous les réguliers savaient ce qui allait arriver.

L’homme saoul donna un coup de poing maladroit vers Tifa qui évita très facilement et BOOM un poing dans le ventre. Un seul poing, assez pour le faire tomber à genoux, cherchant de l’air. Tifa n’attendit pas une seule seconde et pris l’homme qui devait peser deux fois plus qu’elle sur son épaule, comme si de rien était, Elle ouvrit la porte du bar, jetant l’ex-client par terre, à la rue. Tapant des mains comme si elle se les dépoussiérait, Tifa se retourna vers l’autre saoulons qui comprit vite le message et sorti sans faire de drame. Tifa ferma la porte derrière lui et fut surprise par les clients réguliers qui l’applaudissaient. Ses joues s’empourprèrent, elle n’avait pas voulu faire un spectacle.

Gênée, la jeune femme retourna derrière son bar sous les encouragements et applaudissements de ses clients, avant que tout revienne lentement à la normale. Même son cuisinier qui était venu voir ce qui se passait, lui fit un sourire et retourna à sa cuisine. Les réguliers du 7th Heaven avaient vite appris à régler leurs problèmes ailleurs.  Et quiconque essayait de s’en prendre à Tifa… Allait voir qu’elle n’était pas aussi faible qu’elle en avait l’air.

La belle brune regarda une nouvelle tête rousse qui était à son comptoir. Honnêtement, elle ne se rappelait pas si elle était là depuis le début, ou si elle venait tout juste d’arriver. Peu importait, en fait. La belle brune s’approcha d’elle, toujours encore un peu gênée de la situation.

 « Bonsoir, bienvenue au 7th Heaven… Qu’est-ce que je peux eum… Vous servir ?  »  

Elle ne sait pas trop pourquoi elle avait voulu faire un tour dans un bar. Mais elle y était, depuis seulement quelques minutes, quand deux mecs se sont mis à hausser le ton. Bon, ce n’est pas de ses affaires, alors elle tente de ne pas trop regarder, jusqu’à ce que la barmaid s’en même. Et que le mec tente de la toucher de son poing. Il ne réussit pas; et ce qui suit aurait surpris n’importe qui.

Elle vient de lui envoyer une droite si solide qu’il a probablement perdu son souffle pour trois heures.

Elle aussi, elle a le souffle coupé, mais pas pour la même raison.

Elle ne fait que regarder cette femme, cette femme qui lui paraît soudainement très jolie et absolument attirante. Lorsqu’elle revient après avoir mis fin au conflit, elle ne peut s’empêcher d’applaudir avec les autres.

Et alors qu’elle revient vers elle, et qu’elle la salue, Bolga secoue la tête.

Elle se racle la gorge. Pas comme si elle en a besoin, mais vraiment parce qu’en fait, elle est gênée. Cette fille-là, elle n’est pas une cyborg, et, pourtant, elle a réussi à envoyer valser un mec sans aucun problème, juste à l’aide d’un poing. Elle a chaud.

Ou elle est hot?

Elle rit un peu nerveusement avant de reprendre sa contenance, d’une grande inspiration, un sourire en coin.

« J’aurais bien demandé du fort, mais ce dont j’aurais envie est inatteignable. »

Et elle lui fait un clin d’œil.

« Alors je prendrai un scotch. S’il vous plaît. »

Tifa avait encore le cœur qui battait plus vite qu’à sa normal. Même si ça avait été réglé rapidement, elle avait eu un rush d’adrénaline dans le corps. Dut aussi au fait qu’elle avait eu à se mêler des problèmes de ses clients, apportant un peu d’anxiété à la jeune femme, quand même. Les mains tremblantes, la tête qui semblait palpiter et tout ça.

Alors quand la jolie rousse répondit à sa question en disant que le fort qu’elle voulait était inatteignable, Tifa ne fit que la regarder, confuse, clignant quelques fois des yeux. Puis, un clin d’œil. Est-ce qu’elle venait vraiment de flirter avec elle, ou est-ce que c’était son imagination ? Puis, elle lui demanda du scotch. Ah, peut-être que c’était ça, qu’elle voulait dire ? Pourtant, il n’était pas inatteignable.

« Oui, bien sûr. »

La barmaid s’exécuta aussi tôt, essayant de faire passer son rush d’adrénaline le plus vite possible. Elle ne voulait pas casser un verre ou une bouteille d’alcool. Ça coute cher, ça. Prenant une grande respiration tout en remplissant le verre de Scotch à la rouquine, Tifa sentit enfin les battements de son cœur ralentir. Elle jeta un regard rapide à la porte de sortie. Ils n’étaient pas revenus, parfait. Elle ne voulait pas plus de problèmes.

Avec un petit sourire, elle glissa la commande sur le comptoir qui s’arrêta parfaitement devant la jeune femme inconnue. Ça faisait déjà quelques années que Tifa s’occupait de son bar, alors elle avait commencé à développer une bonne habileté. La belle brune revint vers sa cliente, puisqu’elle semblait être venue ici seule. Tous les autres au comptoir parlaient entre eux, alors, autant faire la conversation, non ? Tifa accota ses avant bras sur le comptoir, devant la rouquine.

« C’est votre première fois au 7th Heaven, n’est-ce pas ? Désolée pour ce petit… Spectacle, je vous assure que ça n’arrive pas souvent, ce genre de… Conflits. »

Tifa ne voulait pas donner une mauvaise réputation à son bar, au contraire. Elle voulait que ce soit un endroit plaisant, ou les gens pouvaient venir décompresser, discuter, passer du bon temps. Mais la triste réalité du service à la clientèle, comme elle l’avait appris, c’était que ça ne peut pas toujours être joyeux et heureux. Il y a des merdes partout. Heureusement, étant la patronne et la bouncer en même temps, elle pouvait décider qui entrait et sortait de son établissement.

En espérant ne pas effrayer les clients agréables.

Vraiment, y’a de quoi se sentir privilégiée quand la barmaid porte toute son attention sur elle. Après, elle a probablement une excuse pour le faire – ce n’est probablement pas parce qu’elle est une nouvelle cliente. Elle tremble un peu – après, c’est bien normal. Tout de même.

Elle a vraiment une grande… euh… Un très grand cœur.

Ça doit faire mal au dos.

C’est qu’elle peut vraiment bien le voir, d’où elle est, alors que la jeune femme est penchée vers elle comme ça.

Elle ne le remarque probablement pas, mais Bolga, ça ne lui échappe pas. Elle s’excuse du dérangement et Bolga penche la tête.

« Ne vous inquiétez pas, je sais bien que ce ne sont pas tous les clients qui sont comme ça. Et puis… Si ç’avait été le contraire… »

Elle hausse les épaules, lui offrant son plus beau sourire.

« Vous n’aurez probablement pas fait ce que vous avez fait. Très impressionnant, d’ailleurs. Réellement. »

Elle prend une petite gorgée de scotch. Hm, fumé, comme elle les aime. Elle se demande bien de quel monde celui-là vient.

« Vous travaillez ici depuis longtemps? »

On fait la petite conversation. On peut en apprendre plus… et savoir où frapper.

La jeune femme renvoya un sourire à sa nouvelle cliente. Cliente qui semblait impressionnée de comment Tifa avait débarassé le plancher de ces deux impolis qui avaient dût aller régler leurs problèmes ailleurs. La barmaid se sentait gênée. Elle n’aimait pas trop attirer toute l’attention sur elle, mais quand il fallait, il fallait.

« Merci… »

Elle semblait apprécier sa boisson. Tant mieux. Rien de mieux qu’un client satisfait de ce qu’on lui servait. Tifa leva les yeux en l’air, quelques secondes, le temps de penser à la réponse à la question de son interlocutrice.

« Hmmmm…. Deux ans ? Oui, ça fait environ deux ans que j’ai ouvert ce bar. »

Et en deux ans, elle n’avait jamais vu ce visage, alors… Une nouvelle venue à Radiant Garden ? Tifa ne pourrait pas lui demander directement, bien sûr. C’était son devoir de préserver le secret, en tant que membre du RGPC.

« Et vous, vous venez d’arriver dans le coin ? Je ne pense pas vous avoir déjà vue, Mme…. ? »

Bien sûr que Tifa ne remarqua même pas qu’elle présentait presque tout son décolleté à la jeune rouquine. De toute façon, Tifa n’avait même pas besoin de se forcer pour s’habiller de manière à avoir plus de pourboires. Une camisole blanche, une mini-jupe, ça semblait plaire à la plupart des gens. Bien sûr, des mini shorts en-dessous et des collants remontants jusqu’au haut de ses cuisses. Tifa ne voulait pas trop se dévoiler aux autres, quand même. Trop innocente, elle ne remarquait jamais les regards un peu plus bas que ses yeux. Mais bon.

« Oh ! J’ai oublié de mentionner que si vous voulez un café, après votre verre, le premier est gratuit. »

Une femme forte derrière le comptoir, y’a de quoi faire rêver… Huh ? Tifa s’était calmée de son adrénaline et, cette fois, elle ne se trompait pas : Bolga flirtait avec elle. C’était… De ce qu’elle se rappelait (ou en avait conscience) la première fois qu’une femme flirtait avec elle. Enchainé par un autre commentaire et un clin d’œil qui firent rougir les pommettes de la belle brune. Étrangement, les compliments du genre ne l’affectaient pas autant, habituellement, jusque la… Bolga l’avait prise par surprise. Tifa s’éclaircit la gorge, un peu gênée, mais elle sourit à sa cliente.

Avant qu’elle ne puisse lui répondre, par contre, la jeune femme se mit à la questionner sur l’origine de son scotch. Hm… Ah, Morgana, oui ce nom lui était familier.

« Morgana, oui, c’est une r-- »

Uh oh. Qu’est-ce qu’elle faisait la, elle racontait tous les secrets ! Les mondes, et tout ça! Qu’est-ce que tu fais, Tifa, qu’est-ce que tu fais. Pendant que tu paniques, elle continue de parler.

Et juste quand elle fini sa phrase, Tifa posa un doigt sur les lèvres de la rouquine, les yeux paniqués pendant quelques secondes. Puis, elle retira son doigt, doucement, essayant de fixer une situation qui pourrait être critique si d’autres gens les avaient entendus parler.

« Ce Scotch vient d’une… Contrée lointaine, beaucoup de forêts, beaucoup de rouquins, comme vous, qui s’y connaissent en alcool. C’était un cadeau de mon cuisinier lorsqu’il revint de cet… Endroit. »

Tout en laissant son visage face à Bolga, Tifa zyeutait les alentours pour être certaine que personne ne l’avait entendue. Plus détendue, elle reposa son regard rouge-brun sur sa cliente, lui faisant un sourire. Elle espérait qu’elle avait compris.

« Je connais bien Morgana, elle vient ici souvent. Ah, et je me nomme Tifa, enchantée. »

Et les pensées de la jeune femme se répétèrent dans sa tête. Son monde avait sombré… Comme le sien, il y a de cela si longtemps. Tifa avait été trop paniquée pour vraiment comprendre ce qu’elle lui avait dit au moment ou elle le disait. La belle brune posa une main sur celle de Bolga, Compatissante.

« J’ai vécu la même chose, il y a une dizaine d’années de ça. Je sais que c’est difficile… Mais ma porte est toujours ouverte pour n’importe quel cœur perdu. »

Elle n’a pas vraiment le temps d’entrer dans une phase de questionnement existentiel que la jeune femme lui fout son index sur les lèvres, avec un air paniqué.

Ah ? Mais Radiant Garden, ce n’est pas un de ces mondes qui n’a plus besoin de se cacher des autres? Elle aurait cru, mais elle a peut-être tort, finalement. Avec ce qu’elle a entendu de l’endroit, que la plupart des citoyens se sont retrouvés dans un autre monde, que le monde a dû être reconstruit après qu’il ait sombré dans les Ténèbres…

Elle aurait cru.

Surtout que le RGPC n’est pas nécessairement un secret, d’après ce que Morgana lui ait dit. Leurs missions, oui, certes, mais pas le reste!

Elle ne dit rien. Elle laisse ses circuits se concentrer sur la pression de son doigt qui s’enlève tout doucement de ses lèvres et ça la transporte un peu trop loin. Concentre-toi, bon sang!

Elle ne fait donc que l’écouter parler. Le Scotch viendrait donc d’un endroit rempli de rouquins? De toutes ses escapades interstellaires, elle n’en avait jamais vu de pareils! Ça aurait été bien marrant de se retrouver avec une bande de roux aux taches de rousseur comme elle partout!

La pauvre Tifa, de son nom, semblait encore plus paniquée qu’avant, mais se calmait peu à peu. Elle connaît Morgana, elle ne sait trop comment – mais au moins, si elles ont un lien, ça veut totalement dire qu’elle ne peut que bien s’entendre avec elle. Elle pose ensuite sa main sur son épaule, et se fait compatissante, attendrissante. Bolga ferme doucement les yeux et tapote doucement sa main.

« Désolée. C’est difficile, ouais; mais on finit par s’habituer. Disons que quand c’est arrivé, je n’ai pas eu beaucoup de temps de réflexion. »

Elle s’accote ensuite sur le bar, elle aussi, posant le scotch à côté d’elle, pour avoir le champ libre devant.

« Mais parlons de choses plus heureuses! »

Oui, parfait, mais comme quoi? Elle cherche rapidement un sujet plus heureux dans son esprit et ne trouve pas grand-chose, alors elle balbutie, maladroitement :

« Ce bar, c’est une passion pour l’alcool ou pour les âmes perdues en quête d’une oreille captive? »

Elle fait un petit rire. Sa blague est nulle, mais elle apporte à la conversation et c'est ce qui importe.

La jeune femme fronça les sourcils face aux paroles de la rouquine. Elle s’était habituée à la perte de son monde ? Tifa ne pouvait pas penser à quel point c’était quelque chose de triste à dire. Elle retira doucement sa main, après quelques secondes, le regardant tasser son verre de Scotch. Parler de choses plus heureuses, oui, ce serait une bonne idée.

Tifa eut un petit rire à la blague de Bolga. C’était une blague, disons le, un peu… Mauvaise, mais elle l’avait prise par surprise et bon, il n’en fallait pas beaucoup pour faire rire la belle brune. Sa cliente semblait bien prête à faire la conversation, ça avait l’air.

Elle prit quelques secondes pour penser à sa réponse, se mordillant l’intérieur de la joue par réflexe, en réfléchissant. Elle hausse les épaules, ensuite, avec un petit sourire.

« Un mélange des deux, peut-être ? »

Elle fait un petit rire, elle aussi. Une blague pourrie pour une blague pourrie. Mais bon, elle l’aimait bien, Bolga. Ça lui changeait des hommes dans la quarantaine qui venait, la plupart du temps. Elle était jolie aussi, alors ça aidait à rendre cette conversation plus agréable qu’avec certains. Toujours avec un sourire aux lèvres, Tifa fixa ses propres doigts entremêlés, sur le comptoir.

« En vrai, je ne sais pas vraiment. J’ai toujours aimé le contact social et on m’a toujours dit que j’étais bonne pour écouter les autres parler, alors… Une chose a mené à une autre et voilà. Soudainement propriétaire d’un établissement. »

Elle prit une petite pause, repensant à ses parents. C’était eux qui lui avaient légué ce bâtiment. Bah, son père en fait. Puisque sa mère, bon… Tifa en avait fait un bar/maison, un bel endroit qui avait bâtit une belle réputation, avec le temps. Son regard revint se planter dans celui de la rouquine. Ses joues s’empourprèrent un peu, gênée de ce qu’elle allait dire.

« Je ne cacherais pas que des fois, j’aime bien descendre prendre un verre, moi aussi. »

Elle pointa une porte derrière elle, avec son pouce, qui menait à des escaliers montant. Ah peut-être qu’elle devrait lui dire qu’elle habitait en haut, si elle ne voulait pas la rendre confuse.

« J’habite au deuxième étage. »

Au moins, sa blague pourrie l’avait fait rire. C’est tout ce qu’elle voulait. Ça détendait l’atmosphère, et, en plus, son rire était tout simplement mignon. Elle continue même sa blague en disant que c’est probablement un mélange des deux options qu’elle a données qui sont à la cause, avant d’avouer qu’elle aime le contact social et qu’une chose a mené à une autre.

Elles ont vécu des vies très différentes, ça, il faut le dire – même si Bolga ne se souvient qu’une partie de sa vie, mais…

Elle laisse ces pensées au plus profond de son esprit et se concentre à nouveau sur la brunette.

Bolga lève un sourcil, expirant légèrement. Voilà ; elle vient de lui foutre ses problèmes sur les épaules tout en les balayant du même mouvement de main. Et là, c’est Tifa qui lui dit qu’elle aurait besoin de boire un peu, parfois. De descendre, plus précisément. Évidemment, ce terme la rend un peu confuse (elle n’est pas québécoise, après tout, Bolga; et le terme « descendre » ne veut pas nécessairement dire aller quelque part!), alors lorsque la jolie brune pointe des escaliers en lui disant qu’elle habite au premier étage, elle hoche la tête en compréhension.

Et tente d’enlever ces pensées très non orthodoxes qui lui disent qu’elle pourrait y être invitée.

Ça lui donne cependant une idée, et, après avoir donné un regard compatissant à la barmaid, une petite étincelle s’illumine dans ses yeux, et elle lui sourit.

« Dans ce cas… Toi, moi, un verre? Je t’invite. Ça n’a pas besoin d’être ici; histoire que tu puisses décompresser. »

Elle reprend son scotch et secoue son verre afin de faire remuer le liquide en son intérieur, pointant ensuite avec celui-ci son interlocutrice.

« Je n’ai probablement pas la même oreille attentive que toi, mais je sais quand même écouter. »

Ce n’était surement pas la première fois que Tifa s’était fait offert un verre, que ce soit à son propre bar ou ailleurs dans Radiant Garden. Elle avait toujours refusé, poliment, bien sûr. Sa clientèle était, plus souvent, des hommes et des femmes dans la trentaine-quarantaine et bon… Se faire inviter par un de ceux-là, ce n’était pas vraiment quelque chose qui l’attirait. Alors Tifa s’était toujours cachée derrière ce faux professionnalisme, leur répondant qu’elle n’acceptait pas qu’on lui achète un verre ou qu’on l’invite à en prendre un autre ailleurs.

Par contre, là, c’était un peu différent. La jolie rouquine devant elle l’invitait et Tifa avait vraiment envie d’accepter. Elle mordille l’intérieur des joues en fixant les yeux de Bolga, comme prise entre deux mondes.

« Je… »

Elle hésite un instant, repensant à Cloud. Elle fronce les sourcils, regardant plus bas un peu. Elle n’avait jamais eu de nouvelles de Cloud depuis un bon moment. Depuis qu’il avait disparu avec Sephiroth. Elle repensa à tous les moments auxquels elle avait couru après lui, ses sentiments pour lui. Comme si elle se privait de sortir pour lui… Est-ce que c’était vraiment ce qu’elle faisait ? Est-ce qu’elle s’empêchait vraiment d’avoir du plaisir, de sortir avec une jolie fille qui l’invitait prendre un verre sans aucune arrière-pensée, simplement parce que peut-être que Cloud était peut-être dans le coin ?

Son regard revint se planter dans celui de Bolga et, avec un sourire, les pommettes qui rougirent un peu par la gêne (c’était la première fois qu’elle acceptait d’aller prendre un verre avec quelqu’un).

« Ça serait avec plaisir. »

Elle eut, peut-être, un regard ou deux de clients qui l’avaient entendue et qui l’avait déjà invitée aussi. Mais bon, Tifa était une femme FORTE et INDÉPENDANTE et elle peut faire ce qu’elle veut sans devoir rien à personne.

Attend…

Elle a dit oui?

Et elle la regarde, là, avec des joues toutes rouges et un sourire?

Woah. Elle n’avait pas cru que ça allait fonctionner – et avec raison! Se faire inviter par un client qu’on ne connaît à peine, ce n’est pas commun. Après, les intentions de Bolga n’étaient pas mauvaises, et, même si elle sirotait doucement son scotch, elle était en toute possession de ses moyens.

En parlant de moyens, Bolga, elle devrait peut-être arrêter de la fixer avec cet air ébahi.

« E—euh. Oui! Ehh. »

Elle secoue la tête un peu et sent les senseurs de ses joues devenir chaud – elle rougit, la voilà, elle rougit, comme une gamine.

« Super, alors! Demain, alors? Disons, 19h? Où tu veux. Je viendrai te chercher. »

Bolga semblait surprise que Tifa avait dit oui, ce qui ne causa chez elle qu’un haussement d’épaules un peu gêné, avec un sourire. Elle ne pouvait pas passer sa vie à attendre un homme qui la regardait à peine, honnêtement. Même si ces sentiments étaient encore bels et bien réels, Tifa se disait que de sortir comme ça, ça ne lui ferait pas de mal.

« Demain, 19h, c’est parfait. »

Il faudrait qu’elle avertisse son cuisinier. Ils avaient tous les deux besoin d’une journée de congé, de toute façon. Ils travaillaient presque tous les jours, tout le temps. Dans le pire des cas, elle lui donnerait un peu d’argent quand même… Tifa n’avait presque pas besoin de l’argent qu’elle faisait, alors bon. Autant qu’elle serve à quelqu’un, non ?

Tifa fut dérangée dans ses pensées par une autre personne qui lui demandait un verre, ainsi qu’une commande de la cuisine qui était prête à être servie.

« Bon, de retour au travail. Tu n’as qu’à venir ici, je serai prête. À demain! »

Elle lui fit un dernier sourire avant de se retourner pour aller prendre l’assiette pleine de nourriture fumante, l’apporter au client sur sa table, prendre d’autres commandes et tout ça. Pour le reste de la soirée, Tifa fut drôlement de bonne humeur. Encore plus que d’habitude. Aucune idée pourquoi…