Ça faisait déjà quelques jours qu’Helen y pensait, mais, aujourd’hui, elle se sentait d’attaque.

Après une nouvelle ronde dans les nombreuses rues et ruelles de San Fransokyo, elle s’était finalement décidée à contacter Ayako pour autre chose que pour prendre des nouvelles sur les recherches.

Elle avait donc pris le téléphone et avait demandé à la cheffe de la mafia si celle-ci apprécierait qu’elle cuisine pour elle et ses enfants. Bien vite, elle eut une réponse positive, chargée d’images qui devaient représenter chacun une émotion, mais elle n’en comprit que deux. Le sourire et le clin d’œil.

Elle imaginait que l’aubergine et la pêche étaient tout simplement reliées au fait qu’elle allait cuisiner.

Vraiment, elle ne chercha pas plus loin.

Le reste de la journée, avant d’aller chez Ayako, qui lui avait donné son adresse, elle s’affaira à aller chercher les ingrédients nécessaires pour cuisiner.

Et, l’heure venue, elle se dirigea à l’adresse indiquée.

Elle ne fut pas surprise de se trouver devant un imposant immeuble, gardé par des hommes bâtis qui surement avertis de sa venue — et elle crut même en reconnaitre un, le pauvre semblait un peu nerveux — la laissèrent passer sans trop de cérémonie.

Elle arriva finalement à l’ascenseur — seul, il semblait mener qu’à un seul étage. Un ascenseur que pour le penthouse de la cheffe ?

Elle n’était pas réellement étonnée.

Et lorsque les portes s’ouvrirent sur Ayako, qui, rayonnante, l’invita avec un grand sourire, Helen lui rendit la pareille, avant de regarder un peu autour.

▬  C’est réellement un très bel endroit.

Ironiquement, ça lui fait penser au grand manoir dans lequel ils habitent depuis quelques mois maintenant. Extravagant, sans pour autant être chargé — très ouvert, aéré. Assez d’espace pour respirer — et les grandes fenêtres aidaient à donner cette impression.

Helen dépose — en s’étirant les bras — les sacs de nourriture sur le comptoir de la cuisine, avant de s’avancer vers une desdites fenêtres, intéressée par le paysage urbain se déployant devant elle. De cette hauteur, elle arrive à voir presque l’ensemble de la ville — les gratte-ciels, les étranges dirigeables récoltant l’énergie éolienne, tout.

Simple, silencieux rire.

▬  C’est impressionnant. Une si grande ville — j’en ai vu des dizaines, mais je n’arrive toujours pas à m’y habituer.

Sa voix est douce, légèrement blésée, ce qui ne cache en rien l’admiration qu’elle porte pour San Fransokyo. Mais elle baisse alors les yeux, en soupirant. Elle est si loin de sa famille, de ses enfants, de Bob — et l’ampleur de la mégalopole lui rappelle à quel point elle est seule, isolée.

Et à quel point elle n’a toujours aucune nouvelle de Violet, même après près de deux semaines à chercher partout.

Elle sait cependant qu’Ayako fait des efforts de son côté aussi — qu’elle n’est pas totalement seule dans ses recherches, mais l’instinct est si fort, si prenant – difficile de bien s’adapter.

La superhéroïne se ressaisit, retournant son attention vers son hôte, à qui elle offre un sourire sincère.

▬  Merci encore de m’avoir invitée.

Elle marche vers la cuisine alors qu’elle continue de parler.

▬  Je pensais faire quelque chose de plutôt simple, mais nourrissant –

Elle s’affaire, en continuant, à sortir légumes et aliments des différents sacs, les posant près du lavabo pour les rincer avant de commencer.

▬  – à base de légumes, de pâtes et de fruits de mer. Soyons encore heureux que malgré les différences culturelles, les aliments restent les mêmes !