Je n’en peux plus. Je ne fais que rôder dans cet endroit perdu, au beau milieu de mondes, de MONDES, et personne n’est encore arrivé. Personne, pas même David.

… Attends, je viens vraiment de penser ça, là ? « Pas même David » ? Woah. Je n’arrive pas à croire que j’aurai espéré voir David un jour, je suis réellement, totalement désespérée. C’est horripilant. Un énorme frisson me parcourt l’échine, alors que le dégout se manifeste en grimace sur mon visage. Il fait extrêmement froid dans cette foutue ville, et porter un manteau est tellement désagréable ! Ils m’en ont offert un à mon arrivée — ça et un petit appartement, et de quoi me remettre sur pied, supposément que c’était coutume pour ceux qui ont perdu leur monde — et ont tenté de m’expliquer un peu tout ce désastre.

J’ai encore beaucoup de difficulté à tout comprendre, mais supposément qu’Ephraim et tout ce qui le compose ne sont qu’une partie d’un tout beaucoup plus élaboré. Et dire que nous avions du mal à faire de la recherche approfondie sur un peuple… Il en existe des milliers qui étaient hors de notre connaissance tout ce temps.

Mais notre monde est bel et bien parti, enfoui dans les Ténèbres. Le concept de « Ténèbres » me semble maintenant plus clair, plus que ce qui ne l’était au début — et ce qui aurait affecté Apocryph il y a des années aurait été quelque chose d’universel. Beaucoup de mondes sont en train de sombrer comme le nôtre, et il y a des gens qui tentent de garder l’équilibre…

Ça fait beaucoup de trucs. Et je n’ai toujours pas réellement trouvé le moyen de sortir d’ici et de faire quoi que ce soit de mes journées. Déjà, je me suis informée, mais l’information disponible à Traverse Town n’est pas aussi élaborée qu’ailleurs, il parait. Et tout est si calme et si froid et si ENNUYANT j’en peux tout simplement plus.

Ils me disent de ne pas quitter le monde, parce que d’autres comme moi venant d’Ephraim pourraient venir. Mais personne n’est venu encore, et, et…

Mes poings prennent feu alors qu’une étincelle nait dans mes yeux. C’est plus fort que moi — je hurle, et les flammes s’emparent de mon corps en entier, avant que je ne donne un violent coup de pied tournoyant à des boites remplies de cordes, empilées près des murs de la plaza du troisième district.

Et dès que la boîte explose sous le coup de mon pied, que le bois et les cordes entrent en ignition, je ressens ne serait-ce qu’une partie de mon désarroi me quitter – momentanément. De mon corps enflammé, il ne reste que mes poings et mes cheveux, alors que mon regard flamboyant contemple la destruction que j’ai causée.

J’en suis comme hypnotisée pour une fraction de seconde – trop courte – avant qu’une voix m’interpelle, me sommant de me calmer. Me. Calmer. En une fraction de seconde, le haut de mon corps est retourné vers cette voix et je distingue une femme gantée gesticulant, le regard inquiet.

Mais son corps la trahit. D’un simple regard, je peux déterminer qu’elle n’est pas une simple civile – que, peu importe d’où elle vient, elle a eu un certain entrainement martial. Les gants qu’elle porte sont ergonomiques, comme ses vêtements lui permettant de bouger avec facilité et confort. Mais ma courte observation ne s’arrête pas à ces simples détails – je remarque bien vite qu’elle a des muscles, ceux qui sont formés par des entraînements précis, les mêmes qui se développent dans l’endurance, dans les coups de poing répétés et les coups de pied précis. Et, malgré ses mains qui gesticulent un instant pour me sommer d’arrêter, tout dans sa position démontre qu’elle est prête à répliquer si je fonce ; elle est confiante.

Elle veut que j’arrête de tout brûler? Parfait.

Vivement, alors, je la pointe, mes iris focalisés dans les siens.

▬ Toi!

Très courte pause, avant que je m’approche d’un pas vif, laissant qu’à peine un mètre entre elle et moi, avant que je ne continue ma tirade.

▬ Toi, tu sais te battre. Je le vois. Je le sens. Tu te positionnes comme une combattante. Tu as les vêtements d’une combattante. Alors bats-toi! Montre-moi ce que tu sais faire!

Je ne lui laisse pas le temps de répliquer quoi que ce soit. Je m’élance, dans un hurlement, tentant un coup de poing vers son abdomen.

Oh, oui. J’avais raison. Elle sait se battre. Mon sourire s’agrandit alors qu’elle évite avec aisance le coup que je m’apprêtais à lui prêter, et ce, avec la même fluidité qu’il était possible d’observer chez les Djinns. Petit pincement au cœur — mais je ne laisse pas le temps à mes pensées d’aller plus loin.

Alors qu’elle se relève, un sourire vorace et excité prend place sur mes lèvres, que je mordille avec anticipation. Pour la forme, j’esquisse quelques mouvements afin de recentrer mon énergie, mes flammes, qui parcourent mes mains et mes bras dans un rythme lent et calculé — une partie d’une technique de méditation pratiquée chez les Nephilim depuis des centenaires.

▬ Tu n’es pas ignifuge ; alors, laisse-moi rendre ça plus juste.

Je la regarde dans les yeux en continuant mes mouvements, alors qu’elle me somme d’arrêter, encore. Cette courte démonstration finit par une flamme parcourant l’entièreté de mon corps, jusqu’à mes cheveux, avant de s’éteindre totalement.

Elle me regarde, surprise. Pensait-elle réellement que je n’allais pas lier paroles et actes ? Ce n’est pas mon genre. Pourquoi se battre ? Tch, elle n’a réellement rien compris. J’ai besoin de me battre. J’ai besoin d’extérioriser, de bouger, de ne plus ressentir ce qui tourne dans mon esprit en boucle depuis trois semaines. Et c’est la seule façon que j’ai, présentement, de le faire. Elle semble finalement le comprendre, et se met elle aussi en position de combat. Parfait. Mon sourire s’étire et mes muscles se tendent.

▬ C’est parti, alors.

Ma botte glisse doucement contre le sol rocailleux de la Plaza, comme pour prendre appui, avant de s’élancer vers la jeune femme. Mais une voix derrière moi nous interpelle, nous disant d’arrêter de nous battre. Momentanément déconcentrée dans mon élan, je ne prends pas le temps de me retourner pour voir qui a parlé, secouant la tête vivement et, avant de sauter par-dessus la jeune femme, propulsée par de fines flammes sous mes bottes, esquissant une roulade sur le sol pour me stabiliser, avant de tracer un arc avec ma jambe sous les pieds de mon adversaire, pour la mettre à terre, alors que je me relève.

Tout ce bruit a été accompagné par le bruit d’une chute, et, plus loin, un jeune homme aux cheveux blancs se tient difficilement debout, nous disant d’arrêter, de nouveau. Un court rire s’échappe de ma gorge.

▬ Et t’es qui, toi, la police des batailles ? Va jouer ailleurs et ne te mêle pas de ce qui ne te regarde pas ! 

Peu importe qui cette femme est, elle dégage une grande confiance dans ses mouvements, et j’aime ça. Son ton est beaucoup moins agressif envers le jeune qui vient de nous aborder, mais je n’en ai cure. Pas le temps de penser, cependant, car mon adversaire franchit à nouveau la distance nous séparant pour tenter plusieurs coups de poing qui viennent percuter mes avant-bras, avant qu’elle ne tente un coup solide vers ma mâchoire.

Sa position l’avait trahie, et je vis venir l’uppercut sans mal — et je suivis le mouvement de celui-ci en m’élançant de nouveau dans les airs, et, tournoyant sur moi-même, je pris sa propre initiative contre elle en tentant d’abattre mon pied solidement dans ses côtes, au même moment où elle tentait un solide coup de pied qui, si ça n’avait pas été de mon mouvement, se serait abattu sans mal sur mon épaule.

Mais une crinière blanche fait alors son apparition près de nous et bien que nous tentions toutes les deux de l’éviter — tout en se battant toujours, chose difficile — il nous demande pourquoi nous nous battons. Exaspérée, je lance un arc de flammes par terre, l’empêchant de nous rejoindre — et, bien sûr, assez loin de toute substance inflammable — avant d’aboyer de furieuses diatribes.

▬ Je t’ai dit de ne pas t’en mêler, abruti ! Dégage !

La fin de ma phrase est cependant étouffée par un éclair aveuglant, suivi de très près par un tonnerre assourdissant, très près du garçon. Nous n’avons pas le temps de nous poser la moindre question qu’une violente bourrasque surgit, éteignant d’un seul coup les flammes et m’envoyant valser contre le mur de pierre de la place publique, me coupant le souffle.

Et c’est là, à ce moment précis, que je vois la bête. Mon sang se glace dans mon corps et mes yeux s’écarquillent — mon souffle, déjà coupé, s’éteint complètement pour une fraction de seconde. Je mets mon bras devant moi, une plainte terrifiée s’échappant de mes lèvres alors que la bête se braque, prête à sauter. Mais rien ne vient et l’attente est effroyable.

Un nouveau hurlement invoque un mur d’eau entre elle et nous, et ses yeux nous fixent de l’air le plus vindicatif que je n’aie jamais vu chez un canin.  

J’aurais aimé reculer plus que je ne l’étais déjà, mais le mur est déjà contre mon dos et mon souffle s’accélère.

Moi qui voulais une distraction, je suis servie.

Un. Un loup. Je n’arrive pas à y croire — comment un loup peut être aussi féroce, aussi puissant ? Ce n’est pas qu’un simple loup, non — car ce loup est magique et il émane de celui-ci une puissance hors du commun. Et c’est quoi, ça, cet animal, c’est le gardien de ce jeune inconscient ? Si c’est le cas, je suis positivement dans le pire des pétrins.

Encore, devant moi, alors que mon souffle se fait court — petites plaintes apeurées se glissant entre mes lèvres de temps à autre — mon bras est toujours devant moi. Bon choix ? Je ne sais pas. Ça m’avait bien sauvée, la dernière fois, mais j’en vois encore les profondes cicatrices et cette vision est bien assez pour m’emmener dans une nouvelle spirale de panique. Faites que cet animal ne m’approche pas.

Mais non. Le regard du loup et celui du jeune homme ne se posent pas sur moi. C’est sur ma partenaire de combat qu’ils se posent, et j’ose moi-même jeter un regard pour remarquer que la même bourrasque m’ayant mise hors d’état de nuire l’a assommée. Elle est par terre et ne semble pas réceptive à quoi que ce soit.

Merde.

L’eau disparait d’un seul coup, et le son de celle-ci s’évaporant est bien assez pour me faire sursauter et refocaliser mon attention sur la bête, qui s’approche de la brune en… En se redressant ?

Et en une fraction de seconde, ce n’est plus un loup, mais une femme qui s’approche d’elle en claudiquant. Cette femme, c’est bien cette louve — les oreilles canines et la queue sont un bon indicateur, tout comme ses couleurs qui sont exactement les mêmes. Le rouge et le blanc. Elle a beau être une chienne, cette apparence me calme grandement ; si je ne peux pas raisonner avec un chien, ce n’est pas la même chose avec une personne humanoïde.

Long soupir alors que je calme mon souffle et que je me relève, prenant appui sur le mur. Mes jambes tremblent un peu, mais l’adrénaline m’empêche de sentir quoi que ce soit.

Alors j’approche de cette femme qui examine la combattante, tout en gardant une distance respectable, accotée contre le mur. Assez pour entendre qu’elle n’aura pas de séquelles quelconques — mais qu’elle est bien inconsciente, pour l’instant. Alors, cette femme-louve est médecin ? Je n’ai jamais vu ce type de magie avant — ce qu’elle fait avec ses doigts.

Elle se retourne alors vers moi, et son regard n’est pas agressif — seulement distant. Très distant, presque mécanique.

Elle me demande de la porter, avec... Akusei ? Alors c’est ça, le nom du type qui a causé toute cette merde ?

Vif soupir de mes lèvres alors que je roule les yeux.

▬ Non. Je vais la porter seule — il a assez causé de problème.

De toute façon, je suis assez forte pour la porter seule – et si elle a déjà guéri ses problèmes et qu’elle n’a que besoin de se reposer et de soins mineurs, de la porter sans qu’elle soit gardée droite ou quoi que ce soit ne sera pas un problème. Je peux la prendre sur mon dos.

Et c’est ce que je tente de faire.

Je m’exécute, alors, m’accroupissant vers la brune, pliant ses jambes afin que ses pieds soient sur le sol, avant de prendre chacun de ses bras et la hisser sur mon dos. Chaque Nephilim avait appris une technique de la sorte — aucun de nos soldats ne restait inconscient sans qu’on ne l’amène à un endroit sûr — et cette méthode de transportation est à la fois efficace et permet de porter un allié sur de longues distances.

Il n’y a qu’un problème, un truc qui cloche. Alors que je suis là, avec elle sur mon dos, prête à partir, une vive douleur se fait ressentir dans mon dos. Je peine à retenir un hurlement alors que je redépose doucement la jeune femme par terre, faisant bien attention à sa tête, avant de reculer avec quelques pas vifs vers le mur pour prendre appui.

▬ Merde ! Quelque chose ne va pas.

Stupide bourrasque de merde.

Je siffle de douleur à nouveau — fermant mes yeux et serrant mes paupières. Merveilleux. Tout ce dont j’avais besoin.

Je rouvre mes yeux et porte mon regard sur le jeune homme aux cheveux blancs.

▬ Il faudra que tu la portes seule, je crois que j’ai un truc de brisé.

Merde, mais je ne veux pas qu’il ne l’échappe ; il n’a vraiment pas l’air du type qui serait en mesure de la transporter sans incident. Il faudra que je garde un œil sur lui.

Akusei semble à la fois frustré et résigné – mélange étrange sur lequel je ne me penche pas réellement, trop occupée à ressentir ce truc dans mon dos qui émet une pression douloureuse, au rythme des battements erratiques de mon cœur. Je fais tout de même bien attention, alors que je le regarde – il imite les mouvements que j’ai faits pour transporter ma partenaire de combat sans mal. Super, je n’aurai pas à expliquer – de toute façon, je ne crois pas avoir la force de dire quoi que ce soit de très cohérent en ce moment.

Je sursaute alors que la femme-louve pose ses mains sur mon dos. J’étais tellement concentrée sur le jeune homme que je ne l’ai pas remarqué. Nouvel élan de douleur, mais je fais de mon mieux pour rester immobile alors que ses doigts sondent – vibrations étranges dans mon corps – la blessure.

Deux mots : côte cassée. Ah, ouais. Ça a du sens. Soupir irrité – ça prend une éternité à guérir, une côte cassée. Mais, avant que je ne puisse bouger et témoigner de mon mécontentement, une soudaine chaleur – différente, plus douce – pénètre ma peau et la douleur s’amenuise petit à petit.

Vient-elle de me guérir, là, juste comme ça, d’un seul coup?

▬ … Woh.

Murmure à peine audible alors que je croise son regard. Bon, au moins, elle pouvait réparer les dégâts que son apparition soudaine aura causé. Je hoche la tête alors qu’elle me dit que je vais devoir me reposer. Ça aurait pu être bien pire.

Je peux rester calme un moment. Je crois.

Erh.

Et alors que le jeune homme est déjà en chemin vers ce qui semble être « à la maison », la louve s’empare de mon bras pour le placer sur son épaule, afin que je puisse prendre appui, ce qu’elle mentionne. Pas de gestes brusques, d’accord. Je sais être vigilante. Elle a un ton sec, vindicatif. Mais je ne dirai rien – pour l’instant, ce n’est pas nécessaire.

▬ Merci.

Et nous commençons à marcher.

Et alors que nous faisons notre chemin, je remarque sans mal sa jambe de bois – une prothèse bien simple, de base, qui ne semble pas pouvoir bien bouger. Oh, ça devait être si désagréable.

La route est longue et douloureuse, mais nous continuons sans un mot, tous concentrés sur notre tâche, quelle qu’elle soit. Et alors, nous arrivons devant un bâtiment, où des escaliers se dressent. Merveilleux.

La montée est longue et désagréable, mais nous y arrivons après quelques minutes, après lesquelles nous nous retrouvons devant une petite maison, là, sur le toit, différente de l’architecture de la ville.

Elle aussi, alors, doit venir d’ailleurs.

Je me laisse guider par la femme en blanc, qui, lorsqu’entrée dans la pièce, me demande de m’assoir. Je m’exécute aussitôt, ne voulant pas attiser d’autres flammes. Je resterai là en silence pendant tout le reste de la journée, s’il le faut ; j’ai eu le temps de penser, et je sais bien que je suis la première responsable de toute cette chaine d’évènements.

Même si la situation aurait été sous contrôle, si ça n’avait pas été du jeune homme qui avait tenté de stopper le combat. Je le comprends bien, maintenant — l’intervention de la guérisseuse est liée à lui, et à lui seulement.

Long soupir avant que je ne pose mon regard à nouveau sur le jeune homme, qui, lui, semble tout aussi perdu dans ses pensées que je l’étais quelques secondes plus tôt. Enfin. Perdu, oui, pendant un moment, mais on dirait que la peur s’empare soudainement de lui. Il est comme tétanisé. À quoi vient-il de penser pour avoir une telle tête ? Je lève un sourcil alors qu’il mentionne qu’il va aller boire de l’eau et prendre l’air.

Je hausse les épaules. Ce n’est pas mon problème — il a ramené cette fille saine et sauve, enfin, en grande partie, et c’est vraiment tout ce qui m’importait à ce moment. L’autre femme, pour sa part, s’est retournée vers moi. Des explications.

Ah. Oui. Bien sûr. Je soupire, essayant de rétablir exactement les faits qui ont mené à cette situation.

▬ Du thé, merci.

Je n’ai jamais aimé le café, de toute façon.

▬ Si vous voulez de l’aide… 

Mais je ne vais pas trop insister. Elle n’a pas eu l’air d’aimer les flammes, déjà, et doit croire que je suis totalement hors de contrôle, alors autant éviter.

▬ Je suis arrivée il n’y a pas longtemps, j’ai encore du mal à m’habituer à… À ce monde. 

Autant commencer par la base.

▬ Alors j’étais bien heureuse de trouver quelqu’un qui savait aussi se battre. Mon but n’était pas que ça finisse… Enfin. Comme ça. 

Et je montre d’un geste de la main le corps inanimé de la jeune femme rencontrée il y a à peine une heure. J’omets beaucoup de détails, mais, de ce que j’ai pu comprendre, de perdre des proches est chose commune lorsqu’on arrive à Traverse Town. Je crois qu’elle n’a pas besoin que je lui en parle.

Enfin, je n’espère pas. Je ne veux pas revenir sur le sujet. Il y a bien une raison pour laquelle je voulais me battre, après tout.

▬ Je voulais simplement me changer les idées. Je conçois que ce n’était pas la manière la plus orthodoxe de le faire. 

Alors que la dame en blanc revient avec une tasse de thé bien chaude, je la prends dans mes mains en la remerciant d’un signe de tête. Mais son ton, dès le début de sa réflexion, me parait plus agressif qu’elle ne veut le montrer, et m’irrite. Je reste cependant immobile, malgré mes sourcils qui se froncent. Rester calme, mais quand même passer mon point.

On essaie.

▬ Et il ne vous est pas venu à l’idée que de régler la violence avec encore plus de violence n’était peut-être pas la solution? Entre un combat amical sous contrôle et une bourrasque qui a fait deux blessées et a envoyé des projectiles partout…

Je sens la pression monter en moi, et je m’arrête, très brusquement, en expirant lentement.

▬ Laissez tomber.

Peu importe le sarcasme, de toute façon, ça ne changerait pas la situation. Un grommèlement me fit cependant relever la tête et porter mon attention sur autre chose que les oreilles poilues de mon hôte. Ma partenaire de combat venait tout juste de se réveiller. Et aussitôt, la jeune femme va vers elle. Je me lève, moi aussi, après qu’elle ait expliqué la situation et qu’elle se soit exécutée.

Je lui souris doucement.

▬ Hey. Désolée pour tout ça.

Et je lui tends la main.

▬ Je m’appelle Ori.

Autant recommencer du début.