De sortie en ville, c'est l'occasion pour Akako d'essayer cette jambe. Il faut bien admettre que cette Ori a fait du bon travail. Elle pourrait presque marcher sans cane. A vrai dire, elle le peut, mais les habitudes ont la vie dure. Qui plus est, il est grand temps d'aller se réapprovisionner à Radiant Garden. En espérant que le relais mog soit opérationnel cette fois. Elle a déjà eu bien assez de problèmes comme ça. Bon, on ne fait pas comme la dernière fois. Aujourd'hui, on va passer par les raccourcis. Quand elle a prit la route conventionnelle, elle s'est finalement retrouvée avec Akusei dans les bras. Elle passe de ruelles en ruelles, jusqu'à aller dans l'une des moins...hospitalière. Des cartons, plein de cartons, trop de cartons. C'est quoi, une ruelle-poubelle? Elle râle, aucun respect certains, aucun. Elle se dépêche de sortir mais, quelque-chose l'arrête net dans son élan. Un pied, un pied qui dépasse d'un des plus gros cartons. Qu'est-ce que... Pour une fois, le sang d'Akako ne fait qu'un tour. Sans attendre, elle se retourne et presse vers les cartons jusqu'à tenter de déballer le tas. Faites que ce ne soit pas le pire scénario possi- Une jeune fille, cheveux blancs, yeux fermés, avec une odeur... et surtout, elle est pâle, terriblement pâle. Elle s'accroupit très vite (on remercie Ori) et pose ses doigts sur sa gorge. Elle sent un pouls, la fille est encore en vie. Sa main se pose sur son front, de la fièvre. Elle laisse s'échapper la lumière de ses doigts, espérant l'amenuiser. Elle ne peut pas l'emmener seule jusqu'à chez elle... Rah tant pis, il va falloir employer la manière forte. Une grosse baffe droit dans sa joue. Il faut qu'elle se réveille, le temps presse et ses courses attendront, encore.

"Hey."

De nouveau, elle n'a nul part où aller. En forêt, elle aurait pu se contenter d'une grotte ou même d'un terrier mais… Il semblerait que le mot « arbre » ne fasse pas partie du vocabulaire de Traverse. Sa forme de loup pourrait la réchauffer, mais impossible de la prendre dans un endroit remplit d'humains, ils paniqueraient. Seulement, les jours passés dehors commencent à lui peser.

Elle passe par une ruelle peu fréquentée. L'endroit devrait faire l'affaire pour quelques minutes. La louve récupère donc de gros amas de cartons répartis dans les rues alentours et s'en fait une tanière. Ou elle aimerait penser la chose ainsi. Car il ne s'agît là que d'assemblages maladroits répartis de sorte à avoir le semblant d'une couverture.

La louve s'y glisse, et s'y endort bien plus vite qu'elle n'aurait pensé…

… Avant d'être réveillée par un coup au visage. Une attaque ?! Elle mord la main utilisée en retour. Pur réflexe, vraiment !

Mais la femme face à elle ne semble pas présenter la moindre once d'hostilité. Se rendant compte de ce qu'elle vient de faire, elle relâche la main.

- Oh. … Pardon.

Cette femme possède une très forte odeur d'encens. Appartiendrait-elle à un quelconque groupe religieux ? Mais cette odeur en cache une autre, plus familière. Une Elshing ? Non. L'odeur ressemble, mais n'est pas tout à fait la même.

Mais alors, qu'est-elle ?

"Arh!..."

Ah nan mais qu'elle est belle cette journée ! On cherche à rester seule pour la journée, on croise quelqu'un de mal en point, et dès son réveil, vlan! Voilà qu'elle se fait chiquer la main. Elle ne s'y attendait pas et le petit cru est là pour le prouver. La jeune fille se retire au même moment que la dame blanche fais brutalement machine arrière avec sa main. Main qu'elle regarde en serrant les dents (les siennes pour le coup, et pas sur la main). De belles marques rouges, rien qui ne soit ouvert ou qui saigne cela dit. Un coup de chance compte tenu qu'Akako ne peut user de ses pouvoirs sur elle-même. Elle serre son poing tout en écoutant la jeune fille. Elle s'excuse. Huh, si Akako a eu sa montée de colère quand elle l'a mordu, tout est retombée d'un coup. Bien qu'elle ne le soit plus autant qu'à une époque, Akako est patiente et compréhensive. Elle reprends un air relativement neutre en lui adressant la parole.

Je peux savoir pourquoi je retrouve une fille de ton âge fiévreuse, pâle et étalée dans les cartons dehors? Son ton n'était aucunement inquisiteur. A vrai dire, elle paraissait plus...douce? Attentionnée? Oui et non.

Akako n'est pas stupide. Pour qu'elle soit dans cet état dehors, avec une telle fièvre, prête à mordre dans l'urgence, c'est qu'il y a quelque-chose qui ne va pas. Non en effet, quelque-chose ne va pas du tout. Pour qu'elle soit dans cet état là, beaucoup de scénarios sont possibles. Le plus probable reste tout de même une arrivée récente en ville mais... Comment se fait-elle qu'elle paraisse si...sur le qui-vive?

Sur le moment, elle n'ose pas répondre. Elle ne comptait pas être vue dans une situation aussi pathétique, ni qu'on lui demande la raison de sa présence ici.

- … Longue histoire. Attendez. Fiévreuse ?

Qu'elle trouve un moyen d'éluder la question était voulu. Qu'elle ait de la fièvre ne l'était pas. Elle n'a rien vu venir. Depuis quand en a-t-elle ? Il est vrai qu'elle ne s'est pas sentie très bien ces derniers jours, mais elle avait mis ce fait sur le coup de la fatigue… Si elle avait les bonnes plantes, peut-être que… Mais il n'y a aucune plante dans cette ville, elle ne possède pas la moindre graine, et les faire pousser ne prendrait que trop de temps.

Il y a une fontaine dans le troisième district. Prendre de l'eau devrait la faire tenir un temps, ensuite… Il faudra attendre que ça passe, d'une manière ou d'une autre.

La louve commence à se lever mais, prise de vertiges, titube, et se rattrape sur le mur derrière elle. Un grognement affaiblit s'échappe, tandis qu'elle s'appuie contre celui-ci. Elle ne pourra pas partir tout de suite…

C'est ça oui, fuis le sujet qui fâche. Cela n'en sera que pire encore le moment venu. Mais la blonde bouge à peine qu'elle se rétame presque. Akako a bien tenté de la rattraper mais la malade l'a fait d'elle-même.  Qu'importe, la dame en blanc vient tout de même l'attraper par le bras. Son visage se fait sensiblement plus sévère, sa voix aussi.

Oui fiévreuse.

Et doucement mais fermement, elle essaie de tirer la femme vers elle.

Tu comptes te faire soigner par la seule doctoresse qui te trouve dans la rue ou tu préfère esquiver les sujets en agonisant au milieu des cartons?

Elle lève son index, balaie une mèche de cheveux de la "petite" et le pose sur son front. La lumière s'en dégage pour se propager petit à petit dans tout son corps. Elle n'est pas soignée, temporairement soulagée tout au plus.

Je ne peux rien faire de plus tant que je ne sais pas ce que c'est.

Elle regarde aux alentours, blasée, et elle soupire. Tant pis, elle n'ira pas faire ses courses aujourd'hui, encore. Akako commence déjà à faire deux-trois pas en arrière, toujours le bras agrippé au sien.

On va à mon cabinet. Elle penche légèrement la tête vers la jeune fille, d'un air autoritaire. Maintenant.

Le bras de la louve est soudainement empoigné par la jeune femme, et elle sursaute. Oui, elle pourrait accepter de se faire soigner. Oui elle pourrait la suivre. Mais…

Tandis qu'une part d'elle lui dit d'accepter, l'autre hurle.

N'y vas pas, ce pourrait être un piège. Et même, si on se rend compte de ta nature… Ils te tueront. Ils la tueront aussi si elle n'est pas avec eux. Il n'y aura aucun échappatoire si tu te trouves dans un lieu fermé.

Cette femme ne semble pas mauvaise, et même si Snow a tenté de reculer au moment où son doigt s'est rapproché de son front, elle l'a soignée. En partie du moins. Et ses oreilles prouvent qu'elle n'est pas tout à fait humaine. Mais les hurlements restent, et reviennent encore et encore.

Elle ne sait plus quoi penser. Qu'elle est la bonne chose à faire ? Se mettre en danger en acceptant d'entrer dans un endroit clos ? Ou l'être tout autant en restant dans son état actuel ?

- Je…

NON.

- …

NE FAIS PAS ÇA. REFUSE.

- … Ok. Mais pas longtemps.

Il n'est pas sûr qu'elle ait eu le choix à l'origine de toute façon.

Bien. Une de ses oreilles se lève mais l'autre se replie en arrière.

Son bras se tends et ses doigts frôlent l'épaule de la jeune fille. Elle la regarde brièvement, non seulement pour faire un rapide constat de son état mais aussi pour remarquer son visage, ses cheveux et son odeur. Il y a quelque-chose, de familier. C'est sans compter son air perdu, malingre et ses cheveux blancs. Huh, quelque-part elle ressemble un peu à Akak-...

Elle prends son bras doucement comme pour l'inviter à prendre appui dessus. L'occasion parfaite de voir jusqu'où peut aller la prothèse. Elle la regarde, non sans une certaine insistance...et inquiétude. D'abord Akusei, et maintenant une fille qui a la même mine que soi lorsqu'on est arrivée à Traverse, mais comme une enfant perdue. Enfant perdue c'est le mot. Elle a l'air si...méfiante, stressée, anxieuse même. Et comment peut-elle s'être retrouvée seule dans ces cartons? Akako a toujours cherché à être la plus distante possible mais là... Il y a ce quelque-chose qu'elle n'avait pas ressenti depuis quelques années déjà. Une étincelle de colère, de dégoût aussi. Personne n'est allé la voir? Personne ne s'est posé de questions? On l'aurait laissé agoniser dans les cartons que ce serait du pareil au même? Rah c'est pas le moment de penser à ça. Akako pose son autre main sur l'épaule de la jeune fille, comme pour lui faire signe de se détendre.

Appuis-toi sur mon bras si tu veux, et marche lentement, ce n'est pas une course.

Dit-elle avant de faire deux pas vers le chemin du retour.

Snow tente de faire taire la voix lui criant de changer d'avis. Qu'a-t-elle à perdre ? Si elle ne fait rien, son état ne fera qu'empirer, et personne ne viendra l'aider. Elle repousse tous ceux qui le tentent.

Et voilà où ça l'a menée.

Bien qu'elle ne veuille pas l'avouer.

Il lui est plus simple de rejeter la faute sur les autres, de se dire que si les humains n'étaient pas si mauvais, elle n'aurait pas eu à le faire.

Mais à présent, il ne s'agît plus de repousser ou non, mais de survivre. Il lui faut – pour cette fois – se raisonner.

La femme en blanc lui propose de l'aider à marcher. La louve n'a pas vraiment le choix, il lui est difficile de le faire seule.

- … Merci.

Sa main s'appuie au bras de la jeune femme, et elles commencent leur marche.

Et sans plus attendre, elles font toute deux le trajet jusqu'à sa demeure. Force est de constater qu'avec cette nouvelle jambe, tout est beaucoup plus facile. C'est qu'elle se souvient encore de l'enfer qu'ont été les escaliers lorsqu'elle a accompagné Ori. Ici, ce fut bien moins compliqué. Pas facile pourtant mais pas infernal non plus. Durant le trajet, Akako ne pouvait s'empêcher d'utiliser discrètement sa magie sur la "petite". Elle a l'air vraiment à bout. De temps un temps, elle la regarde avant de vite se focaliser sur la route. Qu'est-ce qui a bien pu la mettre dans cet état là? Utiliser son pouvoir continuellement, même en petite dose, commence la fatiguer comme si elle trottait depuis 20-30 minutes. Et puis, au bout du compte, les voilà arrivées chez elle.

Akako libère un de ses bras pour ouvrir la porte coulissante avant de poser sa jambe valide sur son sol. Elles passent le petit hall d'entrée, tant pis pour dire de retirer ses chausses. Ce n'est vraiment pas le moment. Elle amène sa "patiente" jusqu'au salon, le même où elle a embarqué Akusei l'autre fois. Akusei qui n'est d'ailleurs...pas à la maison. Huh, encore. Tant pis.

Allonge-toi sur les coussins.

D'ordinaire c'est la place de la maîtresse des lieux mais, la jeune fille en a plus besoin qu'elle. Elle l'accompagne dans ses mouvements pour qu'elle s'installe. Même pour ce genre de mouvement, sa prothèse est considérablement plus pratique. Il va vraiment falloir qu'elle remercie cette Ori, comme il se doit. Ceci fait, Akako pose deux doigts sur le front de la fille. Hmm ce n'est pas encore gagné.

Je vais chercher mes affaires. Reste allongée.

Et la voilà qui se relève sans difficultés et sans repenser encore une fois à quel point sa nouvelle jambe est meilleure. Et puis en traînant jusque dans la pièce d'à coté, elle hausse légèrement la voix, de sorte à se faire entendre.

Et ne fait rien d'idiot.

Moins d'une minute après, la revoilà, déjà. Elle s'agenouille à nouveau et ouvre sa trousse de travail. Allez, c'est l'heure de faire l'examen. Mais tout d'abord...

Ton nom?

C’est ainsi que Snow suivit la femme en blanc jusqu’à sa demeure.

Y aller l’effraie. Mais ça n'est pas dû au fait d’y entrer. Son regard passe rapidement d’un passant à l’autre alors qu’elles les croisent, elle le détourne. Si son cerveau se remplit de scénarios toujours pires que les précédents, elle doit en faire abstraction.

Dans le cas contraire, il est probable qu’elle retourne sous les cartons, ou s’enfermer quelque part où personne ne la trouvera cette fois. Et aux vues de son état...

Un frisson la parcourt à cette idée. Si ça arrivait maintenant, alors tout ce qu’elle a entreprit n’aura servi à rien. Et la bibliothèque ne peut pas rester sans protecteur. Ses connaissances sont trop précieuses.

La louve observe l’entrée du logis de la jeune femme. Jusqu’ici, rien ne peut présager une attaque. Il y a une légère odeur humaine, mais elle est trop faible pour que celui à qui elle appartient soit encore là. Elle entre donc, non sans avoir passé un rapide coup d’œil à l’extérieur. Personne ne semble les avoir suivies.

Alors lorsqu’il lui est demandé de s’allonger dans les coussins, elle ne bronche pas, et laisse la femme l’aider à s’installer. Mais le contact physique lui provoque toujours un malaise certain, les doigts de la médecin sur son front manquent de la faire reculer.

Et la peur la reprend en la voyant s’éloigner.

Ne rien faire d’idiot semblerait presque simple, si la porte d’entrée n’était pas restée ouverte. Quelque chose en elle lui dit toujours de partir. Elle craint le piège, et les secondes d’absence de la propriétaire des lieux lui sont interminables.

Celle-ci revient néanmoins. Mais à présent, ce sont ses outils qui inquiètent la louve.

Elle n’ignore pas de quoi il s’agit, ni leur fonction.

Mais on pourrait cacher n’importe quoi parmi eux. La trousse est assez grande.

Pour le moment, rien d’alarmant ne se produit. Ça n’empêche pas ses épaules de se crisper. Et lorsque la jeune femme lui demande son nom, la louve ne peut que répondre sèchement: “Snow.” tout en évitant son regard.

Elle reste devant, elle, sans pour autant commencer son oeuvre. Elle a l'air beaucoup trop stressée. C'est vraiment pas commun ici. Hmm, Akako n'est pas la meilleure personne placée pour ça mais...elle ne peut pas la laisser angoisser comme ça, pour un rien.

Ça te va bien. Le visage et le ton neutre, qui ne dure pas. Sa bouche s'entre-ouvre, hésitante, les yeux fuyant.

Je m'appelle Akako.

Et la voilà qui s'efforce de lui donner un sourire. C'est déjà mieux que la dernière fois avec Akusei. Il faut croire qu'il a servir de terrain d'entrainement le pauvre. Enfin bon, elle a beau se forcer, ce n'est pas si désagréable. Cela lui rappelle un peu des souvenirs, des bons souvenirs. Et puis le sourire s'efface, aussitôt, comme pour retourner à son travail.

Ca fait combien de jours que tu te traînes comme ça dehors? Tu mange régulièrement? Équilibré? Et ton sommeil?

Mais maintenant, elle lui vient une épiphanie, pourtant si évidente. Ses yeux fuient de nouveau dans une autre direction, comme si elle n'avait pas confiance en ses propres analyse. La conclusion qu'elle commence à tirer d'elle-même ne l'amuse pas, pas du tout même. Et c'est l'air légèrement moins assurée qu'elle reprends la parole.

...Je vais te chercher à manger. Elle se re-relève pour rejoindre la cuisine...avant de revenir d'un seul coup, la tête penchée dépassant tout juste la porte.

Thé ou eau?

- Ça te va bien.

Hum ? Snow relève la tête, de l'incompréhension se lit sur son visage. Elle n'est pas habituée. Ce prénom, qu'Oswald avait qualifié de « bizarre » lors de leur première rencontre, lui irait bien ? Honnêtement elle n'en sais rien. Elle se pose la question.

Le commentaire a au moins l'effet de la calmer, bien qu'elle ne s'en rende pas compte sur l'instant. A ce moment, la femme en blanc semble hésiter, reste suspendu sur ses mots un temps, avant que ceux-ci finalement ne sortent.

Elle s'appelle Akako.

- Ça… Vous va bien aussi. Répond maladroitement la louve, essayant de rendre le compliment.

Mais voilà la – les - question qui fâche. Snow détourne de nouveau les yeux, ne sachant quoi répondre. Ses poings se crispent, en un sens, elle a honte d'être resté vivre à la rue ainsi. Mais qu'aurait-elle pu faire d'autres ? Elle finit par marmonner un vague :

- … Plusieurs semaine.

Cette phrase ne répond qu'à la première question, mais la jeune femme semble avoir deviné le reste, puisqu'elle part presque immédiatement chercher à manger, s'éloignant vers la cuisine… Avant de réapparaître pour poser une question simple : « Thé ou eau ? » Surprise par celle-ci, la louve la fixe quelques secondes avec de grands yeux.

- … Thé ?

Qu'elle se réchauffe ne serait peut-être pas plus mal.

Très bien donc deux deux thés. Pas de réponses, qu'elle soit vocale ou physique. Tout juste se contente-elle de retourner à sa cuisine. Elle prépare ses tasses et, en même temps, s'en va chercher de quoi remplir l'estomac de la jeune fille. Des sushis? Non, viande crue, c'est pas bon pour quelqu'un de malade. Onigris? Mieux. Deux Onigris, une pomme et un thé. Ca devrait faire l'affaire. Mais avant de retourner la voir, Akako s'en va chercher quelques herbes dont elle connait les propriétés. On ne va pas mentir, elle laisse volontairement traîner les choses en longueur. Elle cherche à se donner du temps, pour réfléchir à ce que cette Snow vient de dire. Plusieurs semaines, dans la rue, à Traverse Town... Et personne n'a rien fait? Elle qui cherche pourtant à prendre de la distance avec les autres, la colère ne peut s'empêcher de grandir en elle. On laisse pas une fille comme ça sans abri ou même de quoi manger bon sang. Quelque-chose d'aussi basique et humain, et personne fichu de le faire. Putain. Les gens ont vraiment un problème des fois. ...Bon il faut pas qu'elle tarde non plus.

La voilà revenue, le pas lent et prudent. C'est certes bien plus aisé de se mouvoir avec cette nouvelle jambe, mais sa marche n'est toujours pas idéale pour porter un plat avec de la boisson dessus. Lentement, mais moins qu'avant, Akako se met à genoux à coté de Snow. Sans la regarder, elle pose le plat sur la table basse devant elles.

Deux onigri, ce sont des féculents et c'est qu'il te faut en priorité. Une pomme si tu en veux et ton thé. Dit-elle en prenant un à un les aliments en question pour montrer, par réflexe.

Sans attendre, elle prends l'herbe qu'elle avait récupéré et le met dans la tasse de la jeune fille.

Passiflore, ça va te soulager.

Et, sortit de nulle, part, une boite de paracétamol. Parce qu'elle est pas non plus homéopathe, faut pas abuser.

Tu avaleras ça aussi. Pour la fièvre et les douleurs.

La dame de blanc se tourne enfin vers Snow, le regard neutre.

Et ne compte pas retourner dormir dehors. C'est allongée, à se reposer, au chaud. Compris?

La femme revient un plateau dans les mains, contenant deux tasses de thé mais aussi une pomme et… Deux aliments inconnus de Snow.

La louve fixe longuement le tout posé sur la table. Onigiris ? Il s'agirait de féculents… La passiflore par contre, elle connaît. Savoir que certaines plantes médicinales continuent d'exister même en dehors de son monde a quelque chose de rassurant. D'effrayant aussi. Les plantes, les animaux, ils continuent d'exister malgré les mondes de distances. Ils n'ont besoin de personne. Ni d'elle…

Elle entend vaguement la blanche lui parler de la boîte qu'elle vient de poser sur la table, mais est trop concentrée sur l'une des boulette de riz, la prenant avant de la renifler. … Pas d'odeur suspecte. Pour dire vrai, le riz n'en a pas vraiment. Tout semble provenir du morceau d'algue qui l'entoure. Snow finit par en prendre une bouchée… Puis plus d'onigiri.

Sauf qu'elle a dû le manger trop vite, car elle s'étouffe presque en entendant la dernière phrase d'Akako.

- Attendez, je ne peux pas rester ici ! Et si-

Dis-lui que tu crains les humains tant que tu y es. Elle détourne les yeux.

- … Peu importe.