Blanc.
Des étendues blanches s'étendaient à l'infini. Une terre aride où il ne reste que quelques galets et rien d'autre. Une terre aride d'une aridité surnaturelle mais au milieu de cette aridité se trouvait un navire noir de la proue à la poupe. Ce navire, c'était le Black Pearl. Celui du capitaine Jack Sparrow mais aussi celui d'Hector Barbossa et de son équipage maudit il y a des années de cela. Comment un tel navire pouvait se trouver dans un endroit complètement impropre à la navigation ? Il est difficile de l'expliquer.

Sur le navire, une odeur persistante attira Jack Sparrow. Dans une assiette en fer blanc se trouvait une unique cacahuète. Complètement alléché par ce met inattendu, il noua une serviette autour de son cou et d'un coup de fourchette, il s'apprêtait à saisir ce met des plus raffinés. C'est à ce moment qu'un coup de feu retentit et qu'une douleur lancinante se fit ressentir dans sa poitrine. La langue sortit de la bouche comme pour tenter de saisir la cacahuète dans un dernier geste avant de mourir mais cet effort fut vain. Le capitaine Jack Sparrow, pistolet tendu, s'approcha de la table et dévora la cacahuète que Jack Sparrow avait failli lui voler.

- Ma cacahuète, rétorqua-t-il du ton d'un enfant boudeur récupérant son bien volé. Choquez les drisses et les balancines !

Le capitaine Jack Sparrow se retourna et vit son équipage en mouvement. Une première voix lui répondit " Oui capitaine ! ". Le capitaine ne cessait de les exhorter de se réveiller et d'accomplir chacun leur mission. Jack courait avec des seaux d'eau tandis que Jack et Jack nettoyaient le pont en rythme. Après des heures de contemplation, Jack pondit un œuf que Jack récupéra avant que Jack ne retourne à sa routine de poule pondeuse. Les nombreux Jack hissaient les voiles au même moment sous les ordres de leur capitaine. Le seul animal présent à l'exception de Jack la poule pondeuse était une chèvre tout ce qu'il y a de plus normal si ce n'est le fait que l'un des membres d'équipage avait l'air décidé à courtiser ce charmant mammifère.

Ainsi donc, Jack se tourna vers Jack. Devrais-je plutôt dire que le capitaine Jack se tourna vers l'un de ses moussaillons qui était en train de nouer les cordages autour de l'une des écoutes.

- Monsieur Sparrow, commença Jack.
- Oui capitaine, répondit Jack.
- Comment décririez-vous l'aspect de cette écoute ?
- Il m'a l'air comme il faut, monsieur

Le capitaine s'était rapproché et avait saisi le cordage, défaisant le travail du marin et s'énervant progressivement.

- Comme il faut ? Elle n'est ni comme il faut ni convenable ni acceptable ni adéquate. Tout bonnement une abomination.
- Je vous demande pardon, monsieur, mais peut-être que si vous me laissez une chance.
- Une chance ?

Alors que le marin s'apprêtait à corriger son travail, le capitaine sortit son sabre et le plongea dans le ventre du marin négligeant.

- C'est des raisonnements de ce genre qui ont failli nous perdre, conclut le capitaine Jack Sparrow en nettoyant son sabre contre le rebord du navire.

Ce que ne remarquait pas Jack Sparrow, c'est que ses intonations tandis qu'il incarnait chacun de ses rôles. Peut-être que le soleil avait trop cogné sur sa tête ou que la solitude avait fini par affecter son esprit. Il voyait déjà Jack qui avait osé piller le peu de réserves de rhum qui se trouvait encore dans sa cabine ou peut-être était-ce Jack qui avait fait le coup. Il avait du mal à arrêter son jugement et Jack l'agaçait au plus haut point, même Jack n'était pas aussi exaspérant que lui. Il n'y avait guère que Jack la poule pondeuse qu'il appréciait même s'il n'avait pas encore réussi à lui apprendre comment dire " Oui capitaine ".

- Je n'ai de sympathie pour aucun de vous, bande d'asticots, ni la patience.

Saisissant une corde, il monta sur le rebord et avant de faire le plongeon, il leur fit une déclaration.

- Mes amis, je me lave les mains de ces étrangetés.

Le saut fut plus court qu'il ne l'espérait. Il toucha une surface solide à laquelle il ne s'attendait presque pas. Humectant son doigt, il constata rapidement qu'il n'y avait pas un souffle de vent. Il explora un peu les alentours avant de remarquer un galet au sol qui attira immédiatement son attention. Il le soupesa, le lécha avant de le lancer au loin. Se parlant à lui même, il ne fit plus attention au galet jusqu'au moment où il se retourna et remarqua que le galet était revenu. Suivi par des pierres ? Quelle blague ! Il avait plus important à faire comme essayer de ramener son navire dans un endroit navigable comme une rivière, une mer ou que sais-je.

Saisissant la corde qui lui avait permis de descendre, il tenta vainement de tirer le navire derrière lui avant de tomber de fatigue. Quand il se réveilla, son choc fut immense. Le Black Pearl se déplaçait et Jack découvrit que les pierres de cet endroit étaient en fait des crabes et que ceux-ci étaient en train de faire bouger le Black Pearl. Ils étaient en train de lui prendre SON navire !

Il se mit à courir de manière effrénée, agitant les bras comme pour se donner de la vitesse quand il remarqua qu'il n'était pas le seul à courir après son navire...

- Sora ?

Ce nom surgit dans l'esprit du capitaine Jack Sparrow comme un coup de fouet, lui rappelant des aventures qu'il pensait avoir laissé très loin derrière lui. Il pensait avait également laissé le gars Turner et miss Swann derrière lui avant que celle-ci ne l'attache à son navire et le laisse servir de casse-croûte à une abomination tentaculaire lâchée par Davy Jones. Décidément, les choses prenaient toujours des tournures de plus en plus inattendues.

Néanmoins, Jack n'arrêta pas sa course pour autant car dans l'ordre des priorités, Sora se situait derrière le Black Pearl. Il devait avant tout récupérer son navire et ensuite, il pourrait discuter avec Sora s'il le fallait vraiment. Il devrait aussi potentiellement sortir de cet endroit maudit. La tenue de pirate de Sora avait également surpris Sparrow dans le bon sens du terme. Ce garçon avait finalement appris à s'intégrer dans le décor tout comme ses camarades singuliers.

Le pirate continuait de courir, lâchant quelques paroles, entre deux halètements dûs à l'effort pour poursuivre un bateau tracté par des crabes.

- Si ça ne te dérange pas, je veux bien que tu m'aides à rattraper ce superbe navire et vous pourrez devenir mon nouvel équipage.

" A titre temporaire ", compléta-t-il en pensée, imaginant mal comment commettre un itinéraire de piraterie avec un gamin à ses côtés. Il sentait la chaleur le gagner tandis qu'il courait toujours derrière le Black Pearl, n'accordant que très peu d'importance à l'avancée de Sora et de ses amis tant que ceux-ci ne le dépassent pas. Après tout, c'est lui le capitaine non ?

Ce n'allait pas être des crabes qui allaient lui voler son navire. Barbossa avait déjà essayé et s'en était mordu les doigts. Il allait récupérer le Pearl, le remettre en mer et aller le plus loin possible de cet endroit de malheur. Il se le promettait et peut-être que Sora tombait bien en fin de compte. Serait-ce un signe du destin ?