Trop de monde. Il y avait beaucoup trop de personnes sur les rues des boutiques de Traverse Town. Trop de gens qui marchaient, dans tous les sens, ça en donnait presque la nausée à la pauvre assassine qui aurait bien mieux aimé passer son temps dans l’ombre. Être à l’air, comme ça, elle se sentait vraiment vulnérable. Mais ça, c’était sa paranoïa habituelle. Evelynn s’était rappelé d’innombrables fois qu’elle n’avait rien à craindre, ici. Ce n’était qu’une vie normale en société.

La rose se tasse tout de même du chemin principal pour reposer son dos contre un mur de brique. Elle suait du front? Vraiment ? Seulement pour ça ? N’importe quoi. Complètement ridicule, Evvie.

Par contre, son œil aperçoit quelque chose. Quelque chose qui ne bouge pas dans toute cette foule. Une jeune femme accroupie sur le sol qui semble ramasser quelque chose. Evelynn fronce les sourcils, puisque personne ne semble s’arrêter pour l’aider…. Personne, vraiment ?

Ah non, ça n’allait pas être elle non plus. Pas question qu’elle retourne dans cet amas de chair et d’os ambulants pour aider une autre personne. Pas du tout…. Non…….

En serrant les dents, Evvie n’attend pas une seconde de plus, se maudissant elle-même. Elle essaye de se faufiler entre les personnes qui semblent tous si concentrés sur ou ils s’en vont… Au moins, il y avait ça comme avantage de n’avoir qu’un seul bras, elle pouvait mieux se faufiler sans s’accrocher.

Alors elle se rend jusqu’à la jeune femme et, sans un mot, commence à l’aider à ramasser ses sacs et leurs contenus. Son cœur battait très fort, mais elle faisait du mieux qu’elle pouvait pour ignorer cette masse fourmilière qui évitait les deux femmes, simplement.

C’était un des désavantages d’avoir un bras, par contre, ramasser des trucs par terre devenait plus compliqué. La sangle d’un des sacs entre ses dents, Evelynn foutait tout ce qu’elle trouvait dans les sacs puis, une fois terminée, en ramasse quelques uns dans le creux de son coude et quelques autres entre ses dents. Puis, encore sans un mot, elle se fraye un chemin à travers tout ces gens, plus violemment cette fois, n’hésitant pas à quasi-bousculer certains d’entre eux. C’en était trop, elle voulait partir de cet endroit.

De retour à son petit endroit plus calme, la jeune femme dépose les sacs reposant dans le creux de son coude en pliant les genoux pour que le contenu de ceux avec les sangles entre ses dents ne se vident pas. Puis, ces derniers se posaient par terre aussi avec un grand soupire de l’assassine.

Elle espérait juste que la jeune femme ne pensait pas qu’elle essayait de la voler, mais bon….

Son cœur battait encore la chamade dans son cœur. Elle qui avait tout vu, tué un nombre incomptable de personne, affronté le chaud du désert, le froid des montagnes et les pluies incessantes des forêts tropicales, sans un battement d’œil… La voilà à peine capable de respirer simplement parce qu’il y avait beaucoup de personnes. La jeune femme passe une main dans ses cheveux roses et sur son œil valide, soupirant longuement.

Puis, une voix retentit derrière elle et Evelynn se retourne, voyant la jeune femme qu’elle avait voulu aider, se tenant à une certaine distance d’elle. Elle lui demande aussi ce qu’elle faisait aves ses affaires. Ah merde, eh voilà…

« Je… Non, pardon, je voulais… »

Et voici l’assassine professionnelle qui s’écroulait sur elle-même simplement à cause d’une interaction sociale, bien qu’un malentendu.

T’es pathétique, Evelynn, vraiment.

Elle lève son bras en signe qu’elle ne voulait pas lui faire du mal, essayant de trouver les bons mots dans sa tête pour, ensuite, les mettre dans sa bouche. Wow c’était beaucoup plus compliqué qu’elle le croyait.

« Je t’ai vu par terre, j’ai… Aider, j’ai voulu aider. »

La rose serre les dents, mal à l’aise. Peut-être qu’elle n’aurait rien dût faire, finalement. Son cœur battait encore terriblement vite et elle suait à grosse gouttes. Elle ne se sentait vraiment pas bien.

« Toute seule, tu étais toute seule et… Les autres… »

Quel était ce sentiment qui lui disait de s’enfuir ? C’était le même que lorsqu’elle avait perdu son bras, comme si elle allait mourir dans les prochaines secondes, si elle ne faisait rien. Mais rien n’était une menace pour sa vie, ici. Rien du tout. Probablement qu’elle aurait pu décapiter cette jeune femme en moins d’une seconde, mais sa volonté de devenir une nouvelle personne, cette détermination… C’était aussi son poison.

Ses jambes ne la soutiennent plus et Evelynn tombe sur ses genoux, des larmes commençant même à couler de ses yeux. Elle met la main sur son cœur qui n’arrête pas de battre fortement, paniquant à l’idée qu’elle ne savait pas ce qui se passait dans son propre corps.