Sur le sable chaud, les grains tressaillent sous tes pieds. Ça gesticule, frémis à tes côtés. L'ombre du grand arbre se trouvant sur la berge abrite bien des créatures. Maladroitement installé, dos contre le tronc, tu observes patiemment – tant bien même cela n'a jamais été ton fort- et écoutes. C'est un sentiment déchirant, quoi que familier qui t'a mené jusqu'ici, quand dans un écho fracassé, le cœur de Ventus avait raisonné dans tout le Realm.

Fucking show off.
Difficile de le louper ou même de l'ignorer.

Mais maintenant qu'Aqua est sauve, tu n'avais plus qu'a la suivre tu ne sais où et là...et seulement là, tu irais récupérer ce qui te manque, ton autre moitié de cœur, ton seul salut, Ventus.

Pour l'heure, toujours tairais dans les ténèbres de Destiny Island, tu gardes les yeux rivés sur un cœur dangereusement opposé au tiens. Kairi, une princesse de cœur. Le Maître t'a formellement interdit de t'en approcher. Mais qui es-tu pour suivre les ordres pas vrai ? Le torse compressé, tandis que tes doigts s'enfoncent dans le creux de tes bras, tu peux les sentir essayer désespérément de se débarrasser de cette nervosité. Tu te sens si lourd, écrasé par tu ne sais quelle magie. La lumière est-elle toujours celle qui domine les ténèbres ? Tu grimaces. Tout ton visage se plis de dégoût et de confusion. Ça te dérange, ce genre de pensées.  De plus, ton cœur n'a de cesse de se retourner, au même titre que ton ventre que tu sens chavirer quand la chose à crinière rousse se met à courir dans ta direction. Elle brille tellement que tu sens ta gorge se nouer, se serrer, comme si de larges mains s'en étaient emparer pour t’étouffer. D-Dégage ! Que tu as envie de crier, rugir à son approche alors que par réflexe tu te serais davantage fondu dans le noir des ombres. Mais tu n'as ni le temps, ni l'envie car voilà que se dessine dans ton esprit une idée des plus venimeuses. Tu te décolles de l'arbre, l'air perdu... les bras forcés de se décroiser. Tu n'es pas à l'aise et ça se voit. Chacun de tes mouvements est un fouillis disgracieux. Pathétique. Parfaitement pataud. Le foutoir qui te sert de coeur ne rendra ta prestation que plus crédible...!

▬ K-Kairi...C'est moi.

Si on dirait que ta voix tremble ce n'est pas ton jeu d'acteur qui feinte la sincérité de tes soubresauts, mais bien le fait de cracher ce genre de mots d'une voix partiellement doucereuse quoi que franchement irritable. Urgh, tu en vomirais, si tu n'avais pas en tête la tromperie la plus malsaine de l'histoire. Tu t'approches encore un peu, d'un petit pas hésitant - qui, on va pas se le cacher, est complètement indécis et foutrement déroutant. Puis du bout des doigts, désespérément tremblants que ça te crispe, tu dévoiles ton visage.

▬Ce... n'est que moi.

Fuck. Tu regrettes déjà ton idée de merde.

Elle s'approche. Des petits pas hésitants. L'un après l'autre, lourds dans le sable. Tu déglutis, grimaces. Tu as le pied fuyant mais tu te forces à ne pas bouger.  Tu peux le faire Vanitas, même si ça t'arraches des moues bizarres, des rictus qui ne te ressemblent pas. Qu'est qu'elle va faire façon hm ? Te parler ? Tout au plus te toucher, rien que tu ne puisses pas support-

CLAC.

Sourd. Le son de la gifle résonne, fait vibrer tous tes sens. C'est le bordel, un désordre sans nom. Les yeux écarquillaient, l'oreille sourde, tu cherches à comprendre. Sans succès. Tu n'oses même pas porter ta main à ta joue. What ? Tu restes campé sur tes positions, bouche ouverte de surprise quand enfin tu captes son regard. A moins que ça ne soit elle qui te force à redresser les yeux, avec comme seule "autorité" le son de sa voix. Lèvres pâteuses, tu ne sais trop quoi dire, et dans un élan de lucidité maladroite, tu n'as comme seul reflex celui de lui sourire tristement, le tout suivit d'un hochement de tête.

Joue en feu, les battements sur ta peau se calque sur celui de ton cœur en miette. Tu te sentirais presque fébrile, alors que tu sais que, d'un seul coup, tu lui arracherais le sien de sa poitrine sans le moindre effort. Tu n'as qu'a lever la main sur elle pour la faire disparaître, mais tu ne fais rien. Étrange. Puis sa voix se mue en sanglots et tu perds pieds.

▬ A-ah.. Un son confus, tremblant, douloureux. Son anxiété, son inquiétude, aussi épaisse que ta colère, t’englobe, se pose sur toi comme un voile invisible. Sa lumière te touche et te brûle. Tu as le bout des doigts en étincelles et ça crépite jusque dans ta cage thoracique. Puis quand elle gémis son « Pourquoi », ça prend feu. Une explosion mal contrôlée, qui t'agresse l'échine. Frappe la. FRAPPE VITE. Est tout ce que tu arrives à penser, soudainement terrifier par sa présence. Puis la vague passe. La sensation chaleureuse s'estompe, disparaît. Tu es soulagé. Poings serrés, crocs grinçants, c'est finalement des mots qui prennent le dessus, te forçant à ignorer ce que tu venais de ressentir pour te concentrer sur ton plan d'approche.

Plan qui commence doucement s'avère plus dangereux pour toi que pour elle.

▬ C'était moi ou elle. Roque, ta voix est pénétrante et lourde. Plus lourde que tu ne l'aurais réellement voulu. Tu baisses les yeux, regardant tes mains gantées de cuir. Si tu sembles exécuter à la perfection la gestuelle d'un Sora désorienté, il n'en est rien... Parceque tu as toujours ces petits crépitements au bout des doigts qui te rendent dingue.