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Lightning
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Claire “Lightning” Farron
Commando
Claire “Lightning” Farron
It can't protect; it only destroys. Messages : 38
Munny : 93
Date d'inscription : 05/02/2019
Mar 5 Fév - 16:49
Claire Farron.
}


ATTAQUE
★★★★★★★★★★
DÉFENSE
★★★★★★☆☆☆☆
MAGIE
★★★★☆☆☆☆☆☆
SOIN
☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆
VIE
★★★★★☆☆☆☆☆
Nom : Farron.

Prénom :  Claire ; mais il y a depuis longtemps qu'elle a abandonné son nom. Lightning reste, l'éclair qui frappe, qui détruit. Un sobriquet qu'elle trouve lui sied à merveille, pour le meilleur ou pour le pire.

Âge : 21 ans.

Groupe : Wanderers of Dusk and Dawn.

Classe : Warrior (+2 atk; -2 mag).

Sous-classe : Commando. (+2 atk; -1 def; -1 mag.)

Type d'arme : Elle est plutôt douée avec la Gunblade.

{
Type préféré de combat.

Lightning fera dans la vitesse, dans les coups précis déstabilisant l'ennemi. Elle se munit d'une vitesse de réaction ahurissante, celle-ci lui ayant beaucoup servi lors de son aventure.

{
Habiletés spéciales.

Feat/Passif (Commando) - Warcry : Le Commando obtient +1 d'attaque pour chaque allié se battant à ses côtés.
Feat/Passif (Personnel) - Army of One : Foulée d’attaques rapides et précises. Ajoute +15 à une attaque contre laquelle la défense est impossible.

Fut un temps où elle se munissait des pouvoirs des l'Cie, étant capable de manipuler aisément la magie. Celle-ci lui semble cependant inaccessible, pour l'instant.
{
Caractère.

Cyan dansant d'iris tumultueux. S'ils sont portés vers vous, vous verrez peut-être l'effervescence, la lueur dansante de la lumière qui se fracasse contre une volonté de fer : fulmine dans son regard une détermination sans pareille; une force puisée au plus profond de l'énergie du désespoir, des étincelles jaillissant du plus profond de son être.

Depuis trop longtemps se cache-telle, masque-t-elle l'enfant brisée, l'enfant, l'orpheline qui se fane derrière les voiles de pétales mourant. C'est une plaie béante qui s'immisce en son être, fragile fleur d'automne, à chaque fois que le doux visage de sa mère revient en sa mémoire. Son dernier souffle résonne en elle comme la brise hivernale, frissonne contre ses cheveux, bloque sa gorge comme le givre.

Le masque reste, sans fracture, renforce son visage dur, Claire disparaît, Claire se dissipe au dépit d'une cause trop grande, d'un amour trop puissant. Ce visage doux d'enfant a dû prendre de l'âge trop vite, ne serait-ce que pour offrir à sa douce protégée un repère, un repaire, des bras dans lesquels pleurer alors qu'elle, elle laissant couler la cascade à flots de son cœur meurtri, derrière le masque impassible et stoïque de cette elle, qui, dans sa distance, prenait de l'ampleur.

Lightning. Elle illumine, vive, et s'évanouit.

Comme l'éclair, elle frappe, fracasse, Lightning, lumière ardente, elle traverse, transperce, terrasse. Une chaleur intense parcoure et dicte ses mouvements, une voletée de coups, le tonnerre, la colère, le cri de rage, l'orage.

Les tremblements profonds mènent à l'averse, tumulte et bouillonne son désir ardent et transcendant de triompher contre ceux qui auraient un jour osé la toucher, à elle, à tous ceux pour qui sa confiance a un jour été donnée.

Rien ne peut se mettre au-travers de son chemin.

Elle ne protège pas. Elle ne peut que détruire. Détruire ce qu'elle touche, fracas cassant, sans conscience.

Sans aucune conscience de la douleur qu'elle apporte par une distance massacrante.

Elle est sévère, Lightning, elle laisse ressortir un dédain profond pour certaines actions, certaines paroles. Mais cette rigueur qu'elle impose aux autres, elle se l'impose aussi à elle-même, persévère, élimine ses moindres échecs, s'irrite, somme sa pensée à des machinations militaires, carrées, fermées. Une seule faiblesse et tout pourrait s'écrouler.

Une seule défaillance et c'est elle qui pourrait en souffrir.

Particularités.
}

✦ Il faut prendre note que la Lightning de ce monde est celle de la fin de FFXIII. Elle n'a donc aucunement subi les évènements de FFXIII-2 ou même de Lightning Returns. Les temps étaient plus simples… /shot

✧ À la rédaction de ma fiche, ça fait moins d'une semaine que Lightning est arrivée dans le nouveau monde. À savoir, elle a fait de son chez-soi, à Twilight Town, le vieux manoir, qu'elle est en train de retaper afin qu'il soit vivable.

✦ Elle a perdu ses capacités magiques, mais pourrait, compte-tenu de l'univers de Kingdom Hearts où tous peuvent plus ou moins avoir accès à une certaine forme de magie, la regagner, éventuellement.

✧ Son voyage dans les Ténèbres afin d'arriver à Twilight Town a pu laisser des marques sur sa psyché.

✦ Elle cherche désespérément sa sœur.

✧ Elle a gardé son uniforme du premier jeu, compte-tenu de ce que j'ai relaté en haut. C'est de loin l'habit le moins sexualisé, la pauvre.

{
Statistiques.


  • Rang : Aspirante.
  • Points de vie : 175 PV.
  • Attaque : 23.
  • Attaque critique : 37.
  • Magie : 15.
  • Sort critique : 16.
  • Défense : 12.
  • Soin : 12.
  • Curaga : 12.

Hors-jeu. }DON'T TALK TO ME OR MY 18 KIDS EVER AGAIN.
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Claire “Lightning” Farron
Commando
Claire “Lightning” Farron
It can't protect; it only destroys. Messages : 38
Munny : 93
Date d'inscription : 05/02/2019
Mar 5 Fév - 17:46
Histoire.
}



PROLOGUE

C’est fini. Orphan est détruit. Les Fal’Cie ont sombré dans l’oubli. La vie en elle-même reprend de son souffle, engouffre ceux qui, longtemps, avaient été figés dans l’ignorance et la peur. La vie agit comme un baume et guérit nos blessures. Elle est salvatrice. Et tout ce que l’on fait, tout ce que l’on peut faire, c’est regarder le ciel, regarder Cocoon, ou ce qui en reste, et se dire que maintenant, nos souffrances tiraient à leur fin. Nos angoisses s’étaient dissipées. J’ai pu serrer Serah dans mes bras. Non comme une présence lointaine qui nous regardait d’une larme cristallisée perlant dans la main de Snow. Elle est bien là. Son visage est si doux, ses traits inchangés. Je ne vois plus que cet amour tangible, immuable, elle semble m’envelopper. Cette chaleur fraternelle revient même dans ses yeux. Ses yeux qui m’avaient alors tant manquée. Elle sourit. Et ce sourire me fait chaud au cœur. Ce sourire me fait revivre, fait perler ces larmes que longtemps j’avais voulu retenir. Je vois les sourires. Leurs sourires. Leur visage plein d’espérance et leurs yeux pétillant de réminiscence. Et je souriais, moi aussi, face à cette joie. Cette allégresse qui m’avait à ce moment envahie. Le renouveau. Le Nouveau Monde. L’entraide qui se préparait. Où la menace constante qu’avait eu sur nous les Fal’Cie n’existe plus. Et l’espoir. L’espoir profond qui renaissait déjà dans nos cœurs brisés, guérissant les blessures que le temps nous avait infligées.

Je pleure à ce renouveau, à tant de souffrance maintenant dissipée, à ce sacrifice. Elles nous avaient sauvés. Elles avaient tout fait. Et maintenant, elles reposaient, tandis que nous… Nous, nous sommes là. Toujours vivants. Et mes yeux se perdent sur ce Cocoon cristallisé, où je ressens un inlassable besoin de me battre, pour sauver Fang et Vanille de cet endroit. Comme si, malgré tout, notre Quête n’était pas terminée. Nous n’étions pas complets. Et pourtant. N’aurais-je pas vu cette silhouette, cette voix lointaine dans mon esprit qui appelait? Sa voix qui me disait de les laisser en paix. De ne rien tenter pour les sauver. Cette voix autoritaire, mais pourtant prise dans une affection certaine, téméraire grâce. C’était pourtant si flou. Que pouvions-nous faire? Nos marques s’étaient dissipées. Je ne suis plus une l’Cie. Tout ce qui me reste, c’est mon inséparable Gunblade. Avec seulement cette arme, pourtant… Je sentais que ça ne serait pas assez. Qu’est-ce que de simples humains comme nous pourraient faire pour elles? Chacun devait maintenant revenir à une vie normale. Dès que tout serait reconstruit. Quand l’équilibre serait revenu. Et pourtant. Je répliquais, haussant les épaules à cet appel invisible. Ça n’est pas en nous, musais-je, de simplement vous laisser derrière. Et même si je suis la seule à me battre, je le ferai. Je trouverai un moyen.

Je souriais vainement. Jusqu’à ce qu’un puissant souffle m’envahisse. Un souffle glacial semblant passer près de moi, autour de moi. Un bruit sourd, un bruit de vide. Un frisson me passant dans l’échine. Je me retourne, sans rien voir. Un sentiment étrange me prend, une noirceur subite envahit le paysage, derrière. Paniquée, je me retourne. Des silhouettes. Des silhouettes qui disparaissent aussi subtilement. Ma main tente désespérément de les atteindre, mais rien n'y fait. Rien que du vide. Mes pas deviennent lourds, tremblants. Je tente de m’enfuir de ce désastre. Je prononce le nom de ma sœur. Je le crie. Je hurle. Plusieurs fois, ma voix ne reçoit aucune réponse. Comme si ma vie en dépendait. Non – je ne veux pas la perdre maintenant que je viens de la retrouver! Serah! Sa silhouette s’éloigne. Je demeure impuissante. Mes mains s’ouvrent et tentent désespérément de s’accrocher; à quoi que ce soit. Je me noie, ensevelie par ces filaments ténébreux dans lesquels je baigne, sans que personne ne me voie. Sans que personne n’entende mes cris. Ma voix était submergée, inaudible, qu’un murmure que moi seule distinguais dans le Néant. Tout s’écroule. Je perds pied. Et puis, soudainement, le vide. Le plus grand vide, insistant, fier et acharné. Je vois Gran Pulse au loin, s’évanouissant, s’éloigner de moi sans que je ne puisse l’atteindre. Et toujours, je suis évanescente dans l’égarement.

C’est comme si je tombais, comme si je me noyais. Tomber. Se noyer. Tomber… Couler… Couler si profondément dans les furtives étreintes des Ténèbres… Doucement. Lentement, tandis que le sentiment profond, comme un venin entre mes veines, intoxique mon corps comme mon âme. Je me sens désespérée, entre la mort et la vie, entre la démence et le rêve. Mon esprit se trouble – ma pensée devient floue. Comme de nombreuses poussières cristallisées brouillant l’eau de mes songes, de mes chimères. Mourrais-je ainsi, dans le doute, dans l’incompréhension? J’ai du mal à voir, à anticiper quoi que ce soit. J’ai cru m’étouffer, comme si mon souffle s’était abruptement coupé. Tout disparaît. Je suis seule, tombant dans un vide infini sans aucune couleur, où mes propres cris ne font plus aucun son. Je me retrouvais dans un univers vide, dénudé de tout ce qui m’était familier. Tout s’apaise. Au-delà, j’ai l’impression de perdre conscience. De m’assoupir subtilement. Tout devenait noir, si noir… Si flou… Pour laisser place à un vide. Un vide intensément doux, familier. Un vide qui me plongeait presque à l’intérieur de moi-même. Un vide dans lequel je flotte inlassablement pendant ce qui me paraît comme une éternité, une éternité de quelques secondes. Une voix semble m’appeler. J’entends cette voix. Elle est comme une sensation étrange, une caresse sur ma peau. Elle vient à la fois de nulle part et de partout. Son ton est comme un rêve. Je n’entends que ce son. Cette parole qui me dicte. Réveille-toi. Ouvre les yeux.

Et alors, mes paupières s’ouvrent. Mes yeux s’habituent lentement à une noirceur constante, à ce vide. Je coule sans avoir l'impression de bouger, je suis sous l'eau, sans l'être, sans ressentir la caresse aquatique contre mon corps. Des bulles s’échappent de mes narines et de ma bouche, et pourtant, je respire. Je ne comprends rien à ce qui se passe. La gravité reprend ensuite le dessus – je tombe doucement au sol, mes pieds l’effleurent. Je tente d’avancer, d’un seul pas. C'est ce pas qui détermine le tout, faisant tout s'écrouler dans un vif éclat qui me coupe le souffle. Sous moi apparaît subtilement une plateforme ronde… Une plateforme que je n’arrive pas à comprendre, où je ne distingue qu’une figure dormante, où mes yeux ne peuvent percevoir que les couleurs rosées. Je suffoque sous la lumière qui me donne l’impression d’émaner de la plateforme en elle-même. Puis, je crois remarquer mon propre visage – mon propre visage endormi, où tout autour gravitent d'autres faciès – je distingue Serah. Vanille. Hope. Tournant sur moi-même, je remarque Fang, Sazh, Snow. Ils sont tous là. Leur visage impassible, figé dans le doute. Je reste comme endormie, hors de moi-même, comme si tout problème s’était évaporé. Je ne comprends pas ce qui se passe. J’ai le sentiment profond que tout cela ne peut être qu’un rêve. Je me sens si légère… Mais leurs visages me rappellent étrangement des souvenirs que mon esprit, ici, tente d’oublier, de réfuter. Doucement, je pose trois doigts sur mon front, la tête basse, et je soupire. La voix revient alors. N'aie pas peur.

Cette voix… Dont le ton me semble incertain, dont la valeur semble si profonde… Elle paraît si familière que même dans l’Inconnu, je ne pouvais que la croire, que l’écouter. Je reste immobile.

N'aie pas peur… Répéte-t-elle, fragment de mémoire. Il n'y a rien à craindre. Fais confiance à ton coeur; il te guidera…

Je ressens un poids sur mes épaules. Un poids incertain, alors que mon esprit tergiverse dangereusement. Je regarde le vide au-dessus de moi. Ce vide m'envahit, laissant en moi s'immiscer une peur viscérale, une incertitude profonde. Où pouvais-je bien être?

Il y a encore du temps…

Le tintement, familier, étrange, vibre de sa consonance rassurante. Comme une mère à son enfant. J’en reste perturbée, toujours aussi perplexe. Toujours aussi mal. Le message me semble d’une portée trop grande. Je n’y comprends rien. J'ai encore du temps... mais pour quoi? Que pouvais-je faire de plus?

Le danger se sèmera sur ta route. De profondes Ténèbres ont fracturé ces terres. Elles ont fracturé plusieurs cœurs. Plusieurs ont encore besoin d'être guéris.

Je sens une force s’éprendre de mon corps. Le fardeau d’une mission. D’une nouvelle tâche. Et pourtant, ça n’en était pas une. Que des paroles. Des paroles pleines d’un sens que je ne peux alors aucunement comprendre. Ma chute s’était évaporée, comme si toutes mes mémoires venaient de me quitter drastiquement. Je me sens faible, mais en même temps pleine d’une énergie nouvelle. Je regarde mes mains, comme impuissante, comme si je m’attendais à y voir un quelconque changement; pourtant, rien ne se passe. Rien. Rien que ce sentiment enivrant, cette douce plénitude s’éprenant de mon âme.

Ta destinée t'attend. Laisse la lumière te gagner. Laisse-la te redonner ta force. Laisse-la s'immiscer en toi.

L'espoir. Elle m'envahit. Soudainement, me délaissant du poids énorme de mes doutes et de mes angoisses, je sens mes problèmes se volatiliser, s’envolant comme des oiseaux portés par un vent d’automne. Je ferme les yeux, pour sombrer une nouvelle fois dans un sommeil profond.

Et souviens-toi… Tu n'es pas seule. Tu ne seras jamais seule.

CHAPITRE I

Le noir. Je me sens transportée, loin, dans un silence enivrant. Dans les ténèbres qui m’enveloppent, dans ce voile éphémère, mes pensées me paraissent si floues, dissimulées par les méandres disparates de mon esprit. Je suis une feuille emportée par la brise, désinvolte et détachée du monde, libre dans un espace invisible. Je flotte dans un océan infini, m’engouffrant. Si faible. Si faiblement endormie. Où suis-je? Je crois me rappeler une voix. Une voix lointaine… Trop lointaine… Peut-être n’avait-il tout simplement jamais eu de voix.

Puis, un son perçant doucement l’atmosphère dense du silence. Un va-et-vient doux, constant. Il me berce, me soulage dans cette démence qui m'envahit, dans mes pensées qui veulent à peine revoir la lumière. Je ne pense à rien. Il n'y a que ce son. Les vagues. Elles sont si près. Leur murmure m'apaise. Je sens le soleil sur ma peau – un soleil couchant, doux, incomparable à un soleil d'après-midi. Le vent chante une mélodie basse. Mes mains frôlent le sable chaud, soyeux. Du sable… Les vagues. Bodhum. J’étais chez moi. Serah? Je crois entendre son rire se répercuter dans mon esprit. Peut-être n’est-ce que mon imagination.

Une odeur. Une odeur saline, forte. Elle est étrangère à mes narines. Elle me dérange. Elle fait tache dans le paysage que je ne cesse de repasser dans ma tête – entre les palmiers et le sable chaud, la mer bleue et les oiseaux. Je sortais enfin de ce semi-état de conscience. Mes paupières alourdies succombaient finalement à l’éveil et s’ouvraient docilement, alors que le rayon crépusculaire pénétrait ma rétine. Le brouillard se lève enfin. Je vois. Une image floue, puis normale. Mes yeux distinguent la silhouette des arbres…

J’ai cru figer un instant. Ces arbres ne sont pas des palmiers. Cette odeur… Ce paysage. La révélation lourde fait mal. Et puis, tout revint. Je vois Serah cristallisée. Je vois Snow, Vanille. Hope. Fang, Sazh. Je revois ces marques maudites – je réentends le soupir de pensée infligé. Ragnarok. Barthandelus et ses manipulations écœurantes. Je revois Orphan. Je revois Cocoon s’effondrer avant un vide. Un vide aveugle et prenant. Avant que je ne revienne et que je ne voie le pilier. Je vois Serah qui me sourit, je ressens à nouveau notre étreinte. Et le vide. Le vide me précipite de ce moment – j’ai cru vainement que ces souvenirs n’étaient qu’un rêve malgré la réalité qu’ils apportaient à mon âme. Je l’ai cru. Mais là n’est plus le cas. Je me sers de mon bras comme appui, je relève ma joue du sol sableux de la plage.

Aussitôt, je ressens un étourdissement, une douleur aiguë qui m’apporte à mettre une main sur mon front et fermer mes yeux pour ne serait-ce qu’un petit moment. Évidemment, la douleur ne part pas. Elle persiste à me priver de mes sens. J’inspire résolument. Je suis perdue. Je ne suis pas chez moi. Cet endroit me submerge de ses effluves inconnus, me tyrannise de fragments de paysage étranges. Les éléments ne concordent pas. J’ouvre de nouveau les yeux. Mon regard inspecte les environs d’une manière experte, j’analyse les moindres informations par tous mes sens. Je n’ai à ce moment que mes sens pour me guider. Gran Pulse est vaste – mais les paysages ne ressemblent pas à cela. Aucun dragon ne survole le ciel. Et tout… Avait cette contenance différente. J’émets un soupir; je ne peux rester là, dans un monde qui pouvait s’avérer hostile malgré les apparences.

Je me lève, contraignant mon étourdissement à se soumettre à ma volonté. Pas question que je tombe. Instinctivement, ma main prend place près de mon arme. Une défense, sûrement la seule, que j’avais alors. Une voix. Inconnue.

«  Les vertiges et l'envie de vomir te passeront; ce serait dommage de salir une pareille plage. »

Mes sens aux aguets, je me retourne que trop instinctivement vers la source du son, ma main survolant doucement Blazefire Saber empoignant solidement la clenche de celui-ci. Un homme, assis sur un rocher. Il me paraît grand et me dévisage d'un sourire qui ne me semble aucunement rassurant, l'index et le pouce sur son menton et les jambes croisées, beaucoup trop décontracté. Sur la défensive, je l'analyse. Comment dois-je réagir?

Comment sait-il que j'ai des nausées? Depuis combien de temps m'observe-t-il? Un imperceptible frisson secoue mon corps. Je n'ose pas répondre, pas encore. L'homme continue sa diatribe.

«  Vomi et sang font difficilement un bon parfum. Mais retire donc cette main ; si j'étais ton ennemi, tu ne te serais jamais réveillée. »

Je plisse doucement les yeux, l'analysant de plus belle, de ma bouche entrouverte laissant passer des filaments d'air, faisant fi de mon mal de tête. Mais il a un point : s'il voulait ma mort, je le serais probablement déjà. Depuis combien de temps suis-je allongée sur cette plage inconnue? Devrais-je, cependant, lui donner ma confiance sans savoir quelles sont ses intentions? Non. Bien sûr que non. Mes doigts pianotent contre la clenche, ma position défensive s'accentuant subrepticement. Je le désigne du menton, la tête haute.

«  Qui es-tu? »

L'homme ne bronche qu'à peine.

«  La seule personne assez aimable pour te souhaiter la bienvenue dans un Nouveau Monde. Mais, ça, tu t'en doutais déjà. »

Un… Nouveau Monde? Mais qu'est-ce qu'il veut dire? Ne suis-je pas toujours sur Gran Pulse, à un endroit éloigné quelconque? Je regarde au loin, les arbres, la ville ensevelie sous une épaisse couche cuivrée. Il n'y a pas de ville, sur Gran Pulse, à ma connaissance, qui n'ait pas été anéantie. Les vêtements de celui qui se tient devant moi, d'ailleurs, n'ont rien à voir avec ce qu'on retrouve habituellement dans ces endroits… non? Je n'ai que deux exemples, après tout, mais ces repères ne sont nulle part sur sa personne. Un 'tch' s'échappe de mes lèvres. Sa réponse ne m'aide aucunement et ne fait que me rendre plus confuse qu'avant.

Comment sait-il que je viens d'ailleurs? Il en sait beaucoup trop pour que ce soit naturel. Je dois me méfier.

« Bien. Puisque tu sembles en savoir beaucoup plus que moi sur ma propre situation, peut-être aurais-tu l'amabilité de me dire où j'ai bien pu tomber? »

Un nouveau sourire de sa part me parvient. Il ouvre à moitié les bras, montrant l'environnement dans lequel j'ai été plongée.

«  Là où le soleil ne se lèvera jamais sans jamais pouvoir se coucher : Twilight Town. Quant à toi, c'est une force mystérieuse qui a dû t'amener ici. Tu n'es pas la première et aucunement la dernière à s'être retrouvée en terre inconnue. »

Je ne suis pas la seule? Serah, es-tu ici, toi aussi?

Il décroise les jambes, une main sur sa ceinture – il dissimule une arme?

«  Je parle en connaissance de cause, après tout. »

Toujours sur mes gardes et face à cette arme qu'il pourrait dissimuler sans que je ne la voie, je recule, enclenchant finalement le mécanisme de ma Gunblade qui sort quelque peu de son fourreau. Je ne lui accorderai pas ma confiance aussi facilement. Raines et la confiance presque aveugle que je lui ai accordée demeure une chose bien amère dans mon esprit.

Le soleil ne se couche jamais et ne se lève jamais? C'est impossible.

À ma réaction, l'homme lève légèrement le menton en fronçant les sourcils. Il semble soudain plus sérieux, plus méfiant. Se méfie-t-il de ma méfiance, ou fait-il le miroir afin de me mettre en confiance? Un soupir, un rire léger. Il hausse l'épaule, sa main libre face au ciel.

«  Vraiment? Fort bien. L'homme qui ne t'a pas encore agressé se nomme Mordred. Il t'a vu arriver en ce monde et a préféré t'offrir son aide plutôt que de te laisser découvrir 'l'amabilité' locale. »

Sa deuxième main se pose à ce moment sur sa ceinture. Ce n'est pas une arme, donc. Je n'ai pas à m'inquiéter. Mordred. Je fais un effort mental afin de répéter le nom plusieurs fois dans mon esprit. La prochaine fois que je croiserai son chemin, je m'en souviendrai. Que veut-il dire par 'amabilité sociale'? Les gens d'ici sont-ils si agressifs? Sur qui vais-je tomber une fois sortie de cette plage?

Il reprend.

«  Et par quel nom devrais-je appeler cette nouvelle citadine? »

Un soupir désagréable s'échappe de mes lèvres. Mon nom. Bien sûr.

«  Mon nom est d'aucune importance. »

Je me redresse légèrement, en guise de provocation, ma fidèle Gunblade toujours près de ma main. Je lui fais face, mes yeux toisant directement les siens.

«  Et je peux très bien me débrouiller seule. »

Je veux l'éloigner. Il ne me dit rien de bon. Mais ces paroles ne provoquent chez lui qu'un rire profond, déstabilisant, irritant. Dans mon visage passe le déséquilibre jusqu'à la frustration. Il se rit de ma détermination ou ai-je mal compris? Sa main fouette l'air à la recherche d'un moyen de reprendre son souffle.

« Il est clair que tu as le tact pour t'en sortir, je ne doute pas que cela te sera utile une fois que tu auras quitté cet endroit… Encore te faut-il savoir comment. »

En quoi quitter cet endroit peut-il être difficile? Ridicule. Ma position devient quelque peu moins défensive, plus inquisitrice.

« Sais-tu seulement par où quitter cette plage, à qui t'adresser? Sais-tu où t'installer? As-tu au moins remarqué si tes lacets étaient défaits? Comment courir si l'on ne sait pas sur quel pied marcher? »

Mais qu'est-ce que… Mes sourcils se froncent, mon nez se retroussant dans un signe de frustration. Je ne veux que retrouver ma sœur et potentiellement savoir où je me trouve. Quitter l'endroit me semble, pour l'instant, bien illusoire.

Je secoue ma tête afin d'enlever une mèche rebelle me cachant les yeux.

«  Je n'ai pas besoin de ton aide. »

Seule réponse brisant le silence prenant de l'atmosphère.

Et son sourire est plus tordu qu'avant. Son sourire fait peur; il me laisse une boule dans la gorge.

« Qui a dit que c'était toi qui avais besoin d'aide? »

Je me fige. Serah. Non. Rien ne peut lui être arrivé. Il…

Il part. Il tourne les talons et fait quatre pas. Non, non. Il en sait plus qu'il ne veut l'avouer, il doit savoir où elle se trouve.

« Fais vite: j'ai tout mon temps, mais pas tous ont cette chance. »

Je porte mon regard un moment sur le sol, prise de pensées soudainement inquiétantes. Je ne peux pas le laisser partir!

«  A…Attend! »

Ma main se jette vers lui, comme pour le retenir, sans l'atteindre. Dans un doux murmure, je prononce le nom de ma sœur. Il s'est arrêté, son pouce et son index sur son menton.

«  Que veux-tu dire? Où est-elle?! »

Un nouveau sourire inquiétant, son menton s'élevant. Il me regarde de haut, d'une manière trop condescendante.

« Oh? Voudrais-tu dire que tu as besoin de mon aide? »

Mes yeux s'écarquillent, mon cœur volant en milles miettes. Serah… Je t'en prie. Je.

Il se retourne.

« Hm. J'ai changé d'avis. »

Et le voilà qui marche, qui s'éloigne. Je suis là, immobile, le regardant dans sa progression, impuissante. Sa voix tonne, alors qu'il a pris une certaine distance, entre les vagues.

« Mais si jamais tu te sens capable de me faire changer d'avis, va là où la lumière ne peut passer à travers les arbres: ton cœur fera le reste. »

Une énigme? Non. Il ne peut pas être sérieux. Il ne peut pas partir juste comme ça. Le temps que j'analyse la situation, il est déjà parti. Le fourbe. Il ne peut pas en savoir autant par hasard.

Malgré tout, je ressens que quelque chose venait de se préparer. Que tout cela annonçait la venue d’un défi plus grand. Mes périples étaient loin d’être terminés.

Je dois investiguer sur cet endroit. Retrouver ce qui manque et recoller les pièces perdues. Je suis seule. Et cette solitude, je dois m’en accommoder le plus rapidement possible. Je dois retrouver ma sœur, je dois retrouver les autres. Ces paroles hantent cependant mon esprit.

Que faire? Que puis-je faire?

Serah…

Chapitre 2

J’ai marché longtemps entre les ruelles pour ne trouver rien d’autre que des panneaux divers annonçant des produits essentiels à la vie, une vie qui s’annonce pour les habitants paisible. Est-ce seulement une apparence? Je ne peux rester ici à attendre encore, à explorer les environs autour de la plage. J’avais assez vu les maisons. J’avais assez vu tout ce qui l'entourait sans pour autant trouver d’auberges. J’ai l’impression que ce séjour s’annonce pénible – c’est déplorable. Avec autant de boutiques, je n’arrive pas à croire qu’il n’y ait aucune auberge. Où vont les visiteurs de cette ville, alors? Je repense drastiquement à l’homme N’avait-il pas mentionné quelque chose à propos des gens venant d’ailleurs? À ce que j’avais pu en comprendre, ils ne semblaient pas aimer les étrangers. Le manque de tourisme dont cet endroit fait preuve appuie ce point. Ceux que j’ai croisés ne faisaient que me dévisager – mon attirail de soldat, mes vêtements différents de ce qu’ils portaient ici pouvaient attirer l’attention. Mon arme, non dissimulée, causait peut-être une crainte grandissante. Je ne suis plus sur Cocoon, non; pour eux, le Guardian Corps ne veut rien dire. Je suis l’ombre d’une justicière, l’ombre de la police se dévouant à la sécurité des citoyens. Malgré leurs visages curieux, je n’avais aucunement décelé une violence certaine; qu’une petite crainte dans leurs manières simples et chaleureuses. Les paroles de cet homme revenaient, mais ne me disaient rien. La ruse. Peut-être était-ce simplement cela. La ruse pour me faire tomber dans ses filets.

Je m’étais, dans les heures suivant mon réveil dans ce constant crépuscule, attardée souvent sur les panneaux. Incompréhensibles. Les symboles, les lettres, qu’importe – je ne comprenais rien: aucune direction, aucun nom d’endroit, ni même les boutiques. Pourtant, je les comprenais. Ils parlent ma langue, couramment. Je me rassure sur ce point: il ne me resterait qu’à démystifier les symboles, l’alphabet. Avec chance, une fois apprise, je pourrai comprendre tout ce qui se trouve autour de moi, où je me trouvais. La seule information que je détiens, c’est le nom de la ville. Twilight Town. Rien de plus logique. Le nom de cette ville n’aurait pu être mieux choisi. Il représente l’éclat doré sur tout ce que le soleil touche, les nuages rosés, bleuâtres, orangés. Tout ça dans une harmonie constante, sans nuit, sans étoile; une ville figée dans le temps. Un homme me salue d’un mouvement de tête cordial, sourire aux lèvres, auquel je réponds par simple politesse. Je suis perdue, est-ce si visible? Je me retourne, marchant plus lentement, posant mon regard sur l’homme qui continue sa promenade, totalement décontracté. Non, ils n’avaient pas peur de moi. Tant que je ne sortais pas Blazefire Saber, tout devrait aller pour le mieux, sans violence aucune.

Peut-être aurais-je la chance de m’en sortir, finalement.

Peut-être aurais-je la chance de croiser Serah. En quoi ma propre sécurité importe-t-elle? Elle. C’est elle la plus importante. J’espère que rien ne lui est arrivé. J’espère qu’elle est toujours sur Gran Pulse, à remettre tout en ordre avec les autres. Que Snow l’accompagne – qu’il la garde avec lui, qu'il la protège. S’ils sont ensemble, je n’ai rien à craindre. Dans un cas contraire… Je frissonne. Les paroles de l'homme de la plage me reviennent à l'esprit. Je secoue la tête. Autant ne pas y penser. Autant se concentrer pour la retrouver. Si elle n'est pas sur Gran Pulse, si elle est en danger, je dois faire vite. J’ai ce pressentiment désagréable, la sensation que rien ne va plus, que je ne suis pas la seule à être touchée par cette supercherie. Les autres? Mes pas se stoppent. Et si tout le monde était ici? Ici… Quelque part? Mon regard scrute amèrement les rues, les intersections. Je ne vois que le tramway, des visages inconnus qui me fixent, des enfants qui déambulent joyeusement. La ville continue son rythme lent et constant. Comme si, dans ce mouvement sempiternel, elle reste figée autant que son ciel. Fang et Vanille devaient toujours soutenir le pilier. Si seulement j’étais encore là. J’aurais tout tenté pour les sortir de là, malgré la voix de Fang, au plus profond de mon esprit, qui m’avait sommée de ne rien faire. Qu’en est-il de Sazh? Le visage de son fils, joyeux, me revient en tête. J’espère qu’ils ne sont pas séparés. Le pauvre enfant n’aurait certainement pas quitté son père. Oh, j'espère tellement. Mon regard se pose un moment sur le soleil couchant.

Quelque chose me percute soudain. Je reprends mon équilibre en faisant un pas devant, la tête relevée, en alerte. Un jeune garçon. Il ne doit pas avoir plus d'une quinzaine d'années. Il se retourne tout en courant, m’envoyant la main et criant un « désolé » bien audible entre ses rires. Un autre garçon, son ami, sûrement, passe, de ce même entrain. Le premier semble changer devant mes yeux en une figure familière, dans un fragment de mon imagination. Hope. Mes yeux s’écarquillent. Ma main droite se pose instinctivement sur l’endroit même où cette marque encryptant notre destinée était jadis. Il est le plus vulnérable sans les pouvoirs des l’Cie. Notre marque disparue, que pouvait-il contre les dangers que cet endroit pouvait potentiellement représenter? Je reprends mes esprits. Pour le moment, l’endroit n’est rien de plus qu’une ville paisible, sans aucune trace de danger. Qu’importe ce qui arrive... Non, il ne peut être seul. Je me surprends à murmurer son nom silencieusement. Vulnérable. Il est vulnérable. Malgré tout ce calme, même s’il a fait tant de progrès. Je doute que, seul, il puisse survivre à un assaut. S’il se trouve dans ce même coin, dans cette ville, je doute cependant que quoi que ce soit lui arrive. Au moins, ça avait un côté rassurant.

Je continue de marcher hors des rues achalandées de la ville. Je marche plus loin, sur une colline éclairée de la lumière crépusculaire de la cité. J’ai ici une vue d’ensemble. Je remarque les pavés alignés en pierre. Un ordre constant. Je remarque les maisons inégales dans la pente que présente la ville. Au loin, une tour d’horloge. Je plisse les yeux, tentative désespérée pour savoir l’heure. D’ici, je vois qu’à peine les aiguilles. Je soupire, c’est peine perdue. La faim tenaille mon ventre depuis ce matin – ou était-ce le matin? Je ne suis plus certaine. Les heures se perdent, ici, tout comme ma conscience. Cet endroit maudit me donne la chair de poule. Dire que j’ai vécu pire. Il y a eu tant de choses, tant d’endroits étranges. Gran Pulse en est un bon exemple. Pourtant, je reste sceptique. Jamais n’avais-je vu un endroit au crépuscule constant. De plus, il n’y a pas encore de créature, de monstre; que des animaux qui ont l’air tout aussi inoffensifs que vulnérables. Même les gens laissent passer un masque de sérénité ou de joie sur leur visage. Peut-être suis-je seulement en train de divaguer. Après tout, je reviens d’une catastrophe. Je reviens d’un endroit détruit. De voir ainsi le calme me trouble pour cette raison. Je suis tombée si loin de chez moi que tout me paraît instable.

Sunset Hill. C’est le nom que j’entends murmurer. On parle du district. Je comprends enfin où je me trouve, dans cette ville. D’ici, j’observe le train revenant de la plage, plus loin – le train que je n’ai pas pris, en dépit de vouloir marcher, me changer les idées, d’attirer l’attention le moins possible. Même le train est lent – dans ce rythme zen de la ville; je le suis des yeux un moment. Autant me trouver quelque chose à me mettre sous la dent.

Je redescends vers les rues marchandes pour finalement tomber sur le stand du boulanger de la ville. Facile à voir, avec le pain sur l’affiche. Ce coup-ci, j’avais eu beaucoup de chance. Je m’approche, d’autant que l’effluve d’un pain en train de cuire m’intrigue, m’hypnotise. J’ai tellement faim – ce doit être la raison. Peut-être aussi parce que c’est la première fois que je vois du pain fait maison, autrement que par un Fal’Cie. Qu’importe. Je capte le regard du marchand, qui m’esquisse un sourire.

« Bonjour, mademoiselle! Que puis-je faire pour vous en ce bel après-midi? »

Son sourire est accueillant, chaleureux. Il ne semble pas du tout malicieux. Il se dégage même de lui une aura reposante – pas comme l’homme d’hier. Je me rassure par cette notion de temps qu’il m’impose: l’après-midi. Je souris poliment en retour, tout en murmurant un bonjour simple.

« Vous avez de la chance, je peux vous le dire: ces pains viennent de sortir du four! Ils sont seulement 2 Munny! »

Je lui jette un regard hébété. Munny? Ce mot résonne dans mon esprit quelques instants. Le vendeur semble remarquer mon changement d’air, mon sourire évaporé.

« Munny… ? »

Je ne comprends qu’à peine. L’argent, ici, était différent? J’ai de sérieux ennuis, dans un tel cas. Que fais-je si je ne peux m’acheter de la nourriture? Je pense aussitôt à Hope. À Serah. Serah… As-tu les mêmes problèmes? Je fronce les sourcils, inquiète.

« Eh bien, oui, Munny. Vous semblez quelque peu perdue. Y a-t-il un problème? »

Sa gentillesse me donne un tout autre regard sur cette ville. Pourtant, je tente de ne pas montrer mon accablement. Je suis si inquiète. Je ne peux dire que je suis perdue. Peut-être dire que je viens de loin? Ce concept est-il proscrit en ces terres? Inhabituel, certes, à ce que j’ai pu comprendre, mais proscrit? Autant tenter.

« Je viens de loin. Je ne peux malencontreusement pas payer en... Munny. J'ai seulement quelques Gil en ma possession. »

Je m’empresse à sortir ma bourse de mon sac, en sortant l’argent que je transporte, quelques Gils pour démontrer que j’avais tout de même l’intention de payer. Le boulanger regarde avec intérêt les billets que je lui tends, en prend même un – remarque la vérité que je lance. Je suis sincère. Heureusement que j'avais de l'argent comptant sur moi - sur Cocoon, payer par carte était beaucoup plus commun.

« Gils, eh? 'n'ai jamais entendu parler. »

Il me lance un regard désolé. Je prends un air désespéré. J’espérais tellement que Serah ait pu trouver quelque chose à manger. Mon regard se perd dans le vide un moment.

« Tout va bien? Vous semblez bien distraite. V'savez, ça ne me dérange pas que vous me payez en Gil, ou qu'importe comment v'les appelez. Par contre, vous risquez d'avoir quelques problèmes avec les autres marchands. C'n'est pas tous les jours que nous avons des gens de… D'où m'aviez-vous dit que vous venez?

Euh. De loin.

Ah, oui, ça y est! Allez… Si vous avez des questions, il me fera un plaisir de vous aider. Si v'z'avez besoin d'un peu de Munny, je vous propose même de m'aider un peu à la boulangerie. »

C’était une proposition intéressante. Si je pouvais trouver un moyen de faire de l’argent afin d’avoir le nécessaire, ici. J’étais reconnaissante de ce marchand de pain, si je pouvais l’aider, je lui devais bien.

« Merci. Je l'apprécie. Ça me fera un plaisir de vous aider. »

Je penche la tête. Je finis par payer pour trois miches de pain. Cela serait suffisant – pour l’instant, du moins.
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Claire “Lightning” Farron
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Claire “Lightning” Farron
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Histoire (Suite).
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Chapitre 3

Plus les jours passent, plus je sens que j’ai du mal à m’habituer à ce rythme lent qu’offre cette ville. Twilight Town. Le district dans lequel je me trouve suit une certaine routine que je présume être la même pour toute la ville; une ville calme et sans grands soucis. Tout est constant, perdu dans un temps figé, une roue éternelle, un cercle vicieux. Tout ça me semble être une grande différence par rapport au rythme en accéléré de Bodhum, où les gens se pressent pour des centaines de choses. Et dire que je trouvais jadis les rues de ma ville calmes dans les temps les moins touristiques. Twilight Town n'a rien de très effrayant, après tout, si ça n’est que les rues deviennent désertes après quelque temps, si bien qu'on ne croise plus personne lorsque certaines heures sonnent sur le clocher, comme si tout le monde décidait en même temps de s’enfouir dans leur nid douillet pour ne plus toucher aux rayons de ce soleil immobile. J'ai rarement eu la chance d'être témoin de ce genre de choses, considérant ma ville natale. Le ciel est toujours calme, inhabité par les Airships que l’on croiserait à l’habitude dans les ciels de Cocoon. Le pain se fait maison, les légumes poussent dans les jardins. Tout se fait si naturellement, si tranquillement. On n’y voit plus l’industriel des villes ayant jadis entouré Bodhum. Ce petit village est si différent de Bodhum. Tellement différent. Ce doit être la raison pour laquelle j’ai du mal à m’habituer. Pourtant, tout me fascine. Je reste subjuguée par les méthodes sans grande technologie des habitants. Leur vie paisible leur apporte une plénitude bien réelle.

Même la couleur orangée des bâtiments ramène l’effet plus naturel et moins faux de Cocoon. Je ressens le même écart que je sentais quelques jours plus tôt en comparant Gran Pulse à Cocoon – et, maintenant, tout ça me semble si loin. Je soupire. Mes pas continuent de me guider loin de la boulangerie où je viens de passer quelques heures. Mon regard se perd à nouveau sur le teint orangé de l’endroit. Cette lueur ne me semble pas du tout agressante. D’ailleurs, le contant crépuscule m’apaise, un peu comme une pression de moins sur mes épaules. Je suis dans un tel moment de doute que ce tout petit détail a un effet grandiose sur moi. Je ne peux cependant aller jusqu’à dire que mon cœur ne ressent pas la crainte – je suis toujours aussi inquiète. Le boulanger, dans sa grande bonté, a depuis l’instant où je suis rentrée pour lui rendre service tenté de me changer les idées en m’apprenant un peu plus sur cette ville – des informations très utiles. Peut-être lui demanderais-je un peu plus tard de m’aider pour ce qui est de l’alphabet. Ce serait toujours utile de comprendre quelque chose à ce qui est écrit. Je doute que ce soit très différent. Après tout, j’arrive à les comprendre, ils parlent la même langue que moi.

Un obstacle de moins.

Je me laisse guider par le son de mes pas. Mon esprit, lui, flotte dans les coins les plus sinueux de mes pensées. Depuis que je suis arrivée, j’ai fait de la plage mon sanctuaire – elle est un lien, pour moi, entre le passé et ici; un lien entre ce que je connais et l’inconnu que ce monde représente. Je me sens chez moi près des vagues, comme si j’étais de retour à la maison, avec Serah, comme avant. Avant que tout ne tourne pour le pire, quand toutes deux nous pouvions écouter les vagues en pensant au passé, à l’avenir, sous le ciel sombre de la nuit, où l’on ne voyait que la mer refléter le ciel, les bâtiments, là-haut, les reflets des vagues changeantes et mouvantes, leur bruit donnant à l’atmosphère ce calme aux allures saintes. Dans ces moments, notre profonde mélancolie s’entrecroisait, notre amour l’une pour l’autre grandissant de ces moments de peine et de reconnaissance. Je tiens à elle plus que je ne tiens à quiconque. Serah… Qu’aurais-je fait, sans toi? J’ai cru à plusieurs reprises entendre sa voix. Comme si elle m’appelait. Comme si elle me portait conseil d’où elle était. Sa voix, pourtant, n’est qu’un murmure, comparable à l’eau qui s’écroule sur la plage pour revenir s’échouer dans l’océan. Son rire n’est rien de plus que les feuilles des arbres secouées par la brise. Un rêve. Flou, distant. Un souvenir que je tente de garder avec moi alors que je dors, qui m’échappe telle l’eau entre les doigts dès que mes yeux daignent se rouvrir. J’ai dû cauchemarder quelques fois, accotée sur cet arbre près du sable doux de la plage. Je sais que j’ai eu du mal à me rendormir quand son visage venait tant il était prenant,tant j’avais envie de l’atteindre sans ne rien pouvoir y faire. Elle s’échappe comme un nuage de fumée, évanescente comme la brume. Et moi, je suis ici, à la chercher dès que j’ai la chance. Je la cherche comme je cherche tous ceux qui me sont chers dès que l’occasion se présente. Si seulement je pouvais les retrouver, mais la retrouver avant tout. Si je suis ici, elle ne doit pas être loin.

Je l’espère. J’espère tellement qu’ils sont tous en sécurité. Je regarde devant moi quelques instants. Sunset Terrace laisse place à Sunset Station. Avec l’argent que je m’étais fait aujourd’hui, je pouvais prendre le train pour me rendre plus loin dans la ville. Central Station, m’avait-il dit, est l’endroit qui relie tous les autres de Twilight Town. C’est là que l’on retrouve le grand clocher, l’horloge. Cet endroit mène à Market Street. On le dit l’endroit le plus achalandé et le plus large de la ville. Peut-être avais-je des chances, à partir de là, de trouver quelqu’un qui pourrait me dire s’il n’avait pas croisé une de mes connaissances. Avec un peu de chance, je pourrai avoir quelques indices sur l’endroit où je trouverai Serah. Je revois une silhouette aux cheveux d'or nonchalamment faire son chemin dans mon esprit. Oh, lui. Si je devais le croiser encore une fois, je ne sais pas ce qu’il en coûterait. Je n’avais aucunement confiance en lui et en ses manières doucereuses. Il ne m’inspire rien de bon, qu’une crainte certaine, surtout après l’air donné face à mes paroles, il s'était ri de ma méfiance, m'avait provoqué en osant parler de ma sœur comme si elle était en danger. Tout cela n’annonçait rien de bon, certes. Un détail revient cependant à mon esprit; il prétendait venir d’ailleurs. À cette réalisation, je me sens émettre un court sifflement. Si cet homme était ma seule chance de partir d’ici… Je me retrouvais dans de beaux draps.

J’achète un billet pour le train et j’embarque. Un air amer me vient à la bouche alors que j’entre dans un des wagons. La Purge. Comment ne pouvais-je pas me souvenir du dernier voyage en train que j’avais fait? Dans des temps de crise. J’avais pris ce train seulement pour la retrouver, elle. Tant de risques. Ce train me mènerait-il au même but, à ce même objectif? J’ose espérer la retrouver près d’ici, mais je sais au fond de moi que cette espérance est vaine. Un peu comme les rêves; ils s’échappent. Le trajet est loin d’être long. Je m’enfuis au plus profond de mon être. Mes pensées ne sont pas roses, de ce fait même vient mon impatience de finalement sortir de ce train. Peut-être prendrai-je un autre chemin, la prochaine fois. Je sais m’orienter, pour prendre les chemins souterrains dont le boulanger m’avait fait part quelque temps plus tôt. Une ville bien organisée pour une population des plus sereines. Une petite cloche sonne; je relève la tête. Nous sommes à destination.

La ville ici n’est pas bien différente de Sunset Hill. Quelques personnes marchent dans les rues les plus achalandées menant au centre du commerce de la ville, des enfants s’amusent entre les collines. Le tramway bouge toujours aussi doucement, décrivant un cercle de l’endroit où je me trouve. Plusieurs personnes parlent silencieusement, immobiles, sourire aux lèvres. Pour l’instant, je me sens à peine dépaysée; ils semblent même à peine remarquer ma présence. Je me fonds dans la foule. Bon signe, après tout, de passer inaperçu. Je me détends quelque peu. Mon regard scrute tout ce qu’il touche d’une manière experte, tentant de trouver un quelconque indice, quoi que ce soit qui pourrait m’indiquer la présence d’une connaissance, de Serah. Rien. Mes yeux se posent sur une brèche dans le mur, plus loin. Je fronce les sourcils. Pourquoi est-ce là? Les gens ne semblent pas s’en approcher. Je décide de faire de même, d’un soupir. Des escaliers plus loin attirent mon attention; je n’ai qu’à peine fini de regarder cette partie de la ville. Je m’aventurerai plus loin plus tard. Il est plus probable que Serah soit restée dans la ville si elle cherche quoi que ce soit.

Je rôde. Inlassablement. Peut-être finirais-je par trouver quelque chose entre les rues marchandes et résidentielles de cette ville, de ce district. Je tombe sur un endroit vide, comme une grande place. Je jugeai ainsi qu’ici, plusieurs choses pouvaient être organisées, comme un rassemblement. Scrutant quelque peu les environs, je continue de marcher. Cet endroit mène à deux nouvelles rues montant dans la colline; des chemins et intersections.

« Hey, Pinkie ! »


J’entends des rires. Je fronce les sourcils un moment. Des rires gamins. Des jeunes teintés d’arrogance, à ce que je peux voir par la première remarque qui m’est, sans aucun doute, adressée. Pinkie. Original. Je roule les yeux et me retourne. Mon oreille ne m’a pas trompée; des jeunes. Ils sont à environ trois ou quatre mètres de moi, accotés sur les murs d’un bâtiment. Celui se tenant plus en avant a un bonnet noir sur la tête; il semble plutôt en forme d’après sa carrure. Tout de ses vêtements fait prétentieux, de là les deux mèches dorées sur son front jusqu’au long manteau gris clair qu’il arbore fièrement d’un sourire sarcastique et pénétrant. Je fige un moment. Son habillement me rappelle que trop bien Snow. Snow… Cependant, ça ne peut être lui. Le jour où Snow oserait m’appeler Pinkie… ou n’importe quel surnom… L’arrogance se peint dans le regard de ce jeune, une arrogance teintée d’un mépris que je ne verrais pas chez Snow. Tss. Il pense vraiment intimider qui que ce soit? Sans parler de ses congénères – À sa gauche, une jeune fille aux cheveux gris tournant sur le lilas lui cachant un œil, nonchalante, presque hautaine… ou simplement ennuyée. À sa gauche, huh. Je n’ose même pas parler tellement le jeune homme me donne une image presque complète de l’arrogance. Plus bas se tenait une créature plus qu’indéfinissable – yeux jaunes, grand chapeau qui semble lui-même avoir un visage. Mignon, en un certain sens, mais dans un autre, effrayant.

« Tu fais quoi, là, à vagabonder dans cette partie de ma ville? Les étrangers – il ponctue cette parole d’un mouvement de bras suivant sa phrase – sont interdits ici! »


Je reste de pied ferme à ma position, droite, solennelle. Le boulanger m'avait glissé un mot sur une bande de jeunes qui faisaient la « loi » dans le quartier et dont le pseudo-chef se nommait Seifer. Sans aucun doute, je devais être tombée sur ceux-ci.

« Ta ville? Tss. Alors, ça doit être toi, le fameux Seifer. »


Révélation de ma part qui semble le troubler quelque peu, mais pas assez. Un simple mouvement du visage m’avertit de cette évidence. Il se reprend vite, comme si l’éclair venait de le frapper soudainement. Hm, ça ne saurait tarder, compte tenu de son comportement. Poing serré, il le secoue devant moi, provocation ou tentative pour me faire fuir. Qu'importe. C'était tout aussi pathétique.

« Je suis le chef du Twilight Town Disciplinary Comitee. Tu devrais peut-être m'écouter et quitter la ville! »


Je souris. Il se croit vraiment, ce jeune. Hm. J’ai déjà eu à confronter des gens de son espèce. Snow me revient en tête. Que de ressemblances frappantes. Il cherche à défendre la ville. Amateur. Toujours de cette même position, plus décontractée, je pose mes mains sur mes hanches et je penche quelque peu la tête vers la gauche.

« Et que m'arrivera-t-il si je décide de rester? »


Provocation. Rien de plus. Je ne suis pas d’humeur à adhérer à leurs influences. Ils sont les seuls à me chercher, alors pas question de me laisser berner. Je dois retrouver Serah. Qu'importe le prix. Le gaillard aux côtés de Seifer s’agite. Il lève les mains et les remue, mouvement de dissuasion à mon encontre.

« Whoa, mad'moiselle, tu ne devrais pas faire ça, t'sais! Tu pourrais être blessée, t'sais? »


Alors, il croit que Seifer est le garçon le plus fort de la ville. C’est ce qu’il semble insinuer dans ses paroles. La jeune fille émet un petit rire, sans trop de paroles. La petite créature plus bas, pour sa part, me regarde avec insistance.

« La ferme, Rai. Si la dame veut une bataille, elle est venue au bon endroit! »


Le jeune homme prend un bâton bleuâtre qui était jadis accoté sur le mur – une ‘arme’ bien inoffensive. Je n’avais eu guère l’intention de dégainer ma Gunblade. Dans ce combat, je doute qu’elle ne soit utile d’une quelconque manière. Il pointe sa supposée arme sur moi, sourire narquois aux lèvres.

« Tu devrais peut-être changer d'avis avant que je décide de briser ton joli petit minois.

Heh. Allez, amène-toi! »


Il me fixe quelques instants, incrédule. Ma réponse le laisse bouche bée. Pense-t-il vraiment que j’allais me laisser faire ainsi, que j’allais fuir à la dernière minute? Pathétique. Il reprend alors ses esprits, se cabre. Je me positionne moi-même d’une manière défensive, prête à l’assaut. Il fonce donc, sans plus d’hésitation, bâton bien devant lui, à la hauteur du torse, à ma gauche. J’évite habilement son coup, parant avec mon avant-bras droit et le repoussant d’un bon coup de pression au centre du torse de ma main gauche. Une lamentation étouffée résonne alors qu’il titube, reprenant son sérieux et se retournant vers moi. J’entends le supposé ‘Rai’ émettre une exclamation de surprise, tandis que les autres regardent sans bouger. Pour ce qui est du jeune homme, il rage. Peut-être trop facilement, d’ailleurs. Sa rage ne fait que l’aveugler, l’empêcher de combattre. Voilà, maintenant, il ne risque plus de me prendre à la légère. Je souris face à son air hébété, puis déterminé. Il s’élance une nouvelle fois, arme devant, un grand cri de rage fusant de ses lèvres. J’analyse ses mouvements. Son coup latéral tente de m’avoir. Je me positionne à sa gauche rapidement, évitant de même son coup, lui assénant un coup de coude puissant dans les côtes. Il ne vacille qu’à peine, me reprend d’un coup dans le dos de ce foutu bâton. Rien de très douloureux; je roule sur le sol pour éviter un nouveau coup et me relève d’un bond; me retournant pour lui faire face. J’entends ses amis qui l’encouragent. Encourager la violence, tu parles. S’il pense que je vais me laisser avoir par un simple coup de bâton… J’en ai vu des pires, oh, s’il savait, il ne ferait plus l’imbécile heureux comme maintenant. Je n’ai plus le temps de jouer; ses enfantillages m’agacent et ses manières sont tout aussi vulgaires que Snow, aux premiers abords. Je ne me laisserai plus avoir aussi facilement, me laisser distraire par mes pensées.

« J'en ai assez de cette petite démonstration de force. »


Il s'élance une nouvelle fois vers moi, tentant de me faire perdre pied d’un violent coup de bâton; je retiens son poignet et tourne son bras pour faire en sorte qu’il ne m’atteigne pas et je lui assène un coup de poing mémorable au visage; mes attaches métalliques sur mes jointures seraient assez pour l’assommer. Je lâche son poignet et le laisse chavirer. Comme prévu, il se laisse choir au sol, nez en sang. Je le toise, comme découragée. Il a un certain potentiel, certes, mais rien d’assez grand pour contrer ce que nous avons vécu. Ses amis accourent, l’aident à se relever.

« A… allons-nous-en, les mecs! »


Nos regards se croisent une dernière fois avant que, tel un fuyard, un chat se sauvant d'un chien, il parte sans demander son reste. J’ai l’impression que je n’aurai plus à faire à lui de sitôt; que si nos routes se croisent à nouveau, il n’aurait plus l’audace de m’appeler ‘Pinky’ aussi… affectueusement. Je les regarde s'évanouir dans l'horizon. En un sens, c’est rassurant. Maintenant, je peux continuer. Continuer; chercher une auberge dans ce coin, si c'est possible, un quelconque endroit où ma sœur aurait pu aller pour se reposer. J’ai tout ce district à chercher, je m’arrêterai seulement quand la fatigue tombera et m’enveloppera de ses bras froids.

Chapitre 5

Je sens que quelque chose m’échappe, que j’oublie un truc important. Et pourtant, rien ne me revient. J’ai beau me creuser la tête, chercher au plus profond de moi-même, mais tout reste si flou, l’écho incessant de mes interrogations futiles demeure la seule spéculation daignée de mon esprit. Le sentiment est fort, puissant, angoissant. Il pèse sur mes épaules, poids indéchiffrable, stress insatiable. La seule détente reste toujours cette plage, les vagues qui s’échouent, le souvenir béat. Ce souvenir. N’est-ce pas la seule chose qui me reste, la seule chose à laquelle je peux me fier? Tout me semble perdu. Tout. Même la plus petite partie d’un souvenir, entre les derniers signes de Gran Pulse et mon réveil sur la plage. Je me souviens d’être tombée. Je me souviens du vide, du néant, du noir, de ce sentiment de noyade m’arrachant à la vie. Serait-ce tout? Quelque chose manque d’où je me suis éveillée. Quelque chose se fige dans mon esprit au moment où je tente de démystifier. Je ne peux être arrivée ici sans explication… Il doit y avoir une explication. Il doit y avoir un fragment de logique à tout ce qui se passe. Sinon… pourquoi serais-je ici, enfermée contre mon gré dans cet endroit plus qu’étrange?

Oui, il doit y avoir une explication.

Je ressens ce vide. Un vide intense, étrange. Une pression; ce n'est qu’une pression. Et pourtant, quelque chose de puissant semble habiter ma pensée. C’est incompréhensible, mais que puis-je faire? Je ne peux me permettre de rester ici et d’attendre qu’un signe quelconque me frappe. Je dois continuer. Chercher, chercher encore, même si mes recherches se sont vues infructueuses. Je reviens une nouvelle fois du stand de boulangerie, de la farine plein les cheveux à force de faire du pain. La chaleur de l’endroit m'apaise quelque peu. Elle n’est pas trop chaude, juste assez pour relaxer. Et l’odeur… L’odeur, c’est tout simplement sublime. Jamais je n’aurais cru que faire du pain aurait pu avoir sur moi un effet aussi tranquillisant. Comme si, en mettant ma main à la pâte, en faisant quelque chose, j’arrivais à canaliser mes émotions et mes craintes pour ne serait-ce qu’un moment. Comme quoi de faire quelque chose aide plus que de ne rien faire, que d'attendre que le temps passe. Et puis, le boulanger faisait bien sa part, en parlant des trucs les plus simples qu’il pouvait y avoir ici. Ça m’aide à tranquillement m’adapter, à apprendre ce que je devrais savoir. Ici, il n’y semble pas y avoir de monstre à tuer. Les civils ne sont en aucun danger. Alors, je suis démunie de mes vraies fonctions; une soldate à la retraite. Certes, mais une soldate avec un but ultime. Ironiquement, ce but est le même qu'il y a déjà quelques jours : sauver Serah, la retrouver. Avec cette quête, j’étais certaine de ne pas me retrouver ici sans raison. J’aurai l’espoir. L’espoir de la revoir. L’espoir de savoir qu’elle va bien; qu’aucun danger ne la guette.

J’avais pris aujourd’hui un des chemins les moins achalandés de Twilight Town; à savoir le hall souterrain qui reliait la ville d’un bout à l’autre. Et c’est ainsi que je marchais vers les rues principales de la ville, vers Central Station et le Market Place, où j’aurais peut-être la chance de trouver Serah, une nouvelle fois. Il est plus tard dans la soirée. Qui sait, peut-être se pointera-t-elle dans les temps plus tardifs. Ce matin, je n’avais eu aucun signe ici, aucun signe nulle part. J’ai fini par tout explorer de la ville. Il me reste cette brèche. Cette brèche mystérieuse dans le mur. Celle qui semble mener à une forêt. Qui sait ce qui peut s’y cacher?

Va où la lumière ne peut passer à travers les arbres, ton cœur fera le reste, avait-il dit.

Était-ce de cette brèche dont il voulait parler?

La seule certitude que j’ai, c’est que Seifer ne viendra plus me chercher. Dans l’ensemble, ça me semble rassurant. Je ne veux pas passer pour une menace. Par contre, qu’y a-t-il de mal à vouloir défendre son droit? Ce jeune insolent, à mon humble avis, est celui qui devrait avoir plus de manières. De là à s’autoproclamer le ‘justicier’ de cette ville et recourir à la violence par n’importe quelle manière… Se plier à ses règles pour les habitants devait être quelque chose d’assez problématique. Je roule les yeux à ce constat, repensant par la suite à ma sœur. Serah. J’espère qu’elle n’avait pas dû passer par ces mécréants, qu’importe où elle se trouve en ce moment. Certes, il avait prouvé une certaine puissance, mais rien d’assez fort pour m'atteindre. Je suis une soldate entraînée. J’ai eu le Blazefire Saber car j’étais une des meilleures de ma division. J’étais sergente, avant de quitter. Tout quitter pour Serah, avant de me retrouver ici. Je fronce les sourcils, soupire.

J’aimerais tellement la serrer dans mes bras. Entendre sa voix. Quoi que ce soit. Je m’inquiète peut-être trop à son sujet. Comment pourrais-je réagir autrement?

Je tourne un coin et monte les escaliers menant vers la surface; je me retrouve devant la grande horloge de la station centrale de Twilight Town, là où, hier soir, rentrant à la plage, j’ai remarqué trois silhouettes, perchée en haut des chiffres étranges que je n’ai toujours pas su déchiffrer. Dans un monde où presque rien n’est digital, il est dur de s’y retrouver. Hm, je vais bien finir par y arriver. Mais cette horloge n’a rien de très conventionnel; plusieurs cercles et des chiffres que je ne peux que deviner. Je lève les yeux une nouvelle fois sur la grande horloge, me perdant dans le vide. Ces silhouettes, des jeunes, assurément, n’ont pas peur des hauteurs. Ce soir, ils semblent absents. Je me perds dans le crépuscule constant de la ville, repense aux nuits noires. Je ressens un malaise, un vide s’intensifiant, une douleur au niveau de la poitrine. J’imagine le ciel noir de Bodhum, le jour avant mon anniversaire, le regard perdu dans les feux d’artifice. Les pensées sur ma sœur, à qui j’espérais le meilleur, en ce soir où tous avaient droit à un souhait. Un soir d’espoir avant le malheur.

Fais vite, j'ai tout mon temps, mais pas tous ont cette chance.

… Tch. J’ai presque mal de penser qu’il a raison. J’ai presque mal d’avouer une défaite face cet homme et ses belles paroles, ses diatribes qui n’ont que le but de manipuler. Et pourtant… Des paroles si vraies. Des paroles qui s’enfoncent telle une lame dans mon cœur pour y laisser une plaie béante. Je suis si loin de la maison; si loin d’elle. Et le temps avance sans que je ne puisse la trouver. Je baisse la tête, quelque peu confuse, peut-être trop attristée, trop inquiète. Mes chances de la retrouver baissent. C’est horrible. La nostalgie me prend, puissante, et me tue graduellement; je la sens s’installer dans ma chair petit à petit, lentement me détruire. Je prends mon collier dans ma main, cet éclair – Lightning. Celle que je suis devenue pour oublier. Pour combattre tout ce qui oserait se mettre en travers de notre route. Je le serre, fermant les yeux. Serah… Où es-tu?

« Hey! »

Je sens un doigt sur mon épaule. Une voix gamine qui m’interpelle du même geste. J’ouvre les yeux, me retourne vers l’interlocuteur avec un léger mouvement de recul. Un jeune garçon quelque peu potelé, avec un grand chandail rouge et des cheveux en bataille me regardait, un grand sourire aux lèvres. Derrière lui, deux autres gamins courent pour le rejoindre. Ils semblent tout aussi heureux, peut-être un peu confus, je ne sais trop quoi en dire. La voix du plus près résonne une nouvelle fois – je porte mon attention sur lui.

« C'est toi qui a donné une raclée à Seifer, hier! »

Je fronce les sourcils. Son ton témoigne d’un certain enthousiasme face à ce qu’il vient de dire. Ses amis finissent par le rejoindre, se placent à ses côtés et me regardent d’une manière plutôt intéressée. À sa gauche, une jeune fille qui me semble douce et posée. À sa droite, un jeune homme qui a tout dans le regard pour être un combattant. Je penche légèrement la tête. Était-ce eux, les silhouettes que j'apercevais parfois sur le clocher?

« Nous t'avons vue, mais tu étais partie avant qu'on ait pu dire quoi que ce soit! Oh, tu aurais dû voir son visage après ce qui s'est passé! Même ses amis en riait! C'était merveilleux!

Il va y revoir à deux fois avant de s'attaquer à quelqu'un, la prochaine fois. »

C’était la petite qui venait de parler – preuve flagrante du régime trop strict que posait Seifer aux gens de la ville. Ce qui ne faisait qu’appuyer mon point: Il n’était rien de plus qu’un persécuteur aux yeux des autres jeunes de la ville, peut-être même des adultes. Il avait bien eu le culot de m'attaquer, après tout.

« Uhm…

Bien! Nous sommes heureux de voir que quelqu'un a pu finalement lui rendre la monnaie de sa pièce! Tu sais, ça n'a pas réellement le même effet, quand ça vient de nous…

Ouais, c'était SUPER!

Eh bien…Merci, je suppose. »

Ils ont environ l’âge de Hope. Ça me rassure de voir des gamins de cet âge moins… Indisciplinés que Seifer et sa bande. Hope. Oh, j’espère qu’il va bien, qu’il n’a rien de cassé. Le pauvre. S’il est tombé ici, je crois qu’il saura se défendre. Par contre, il doit se sentir seul… Seul. Un peu comme moi. Je reprends mes esprits, mon regard se fixe sur les jeunes une nouvelle fois. Je pense trop. Je dois me concentrer. Ils me regardent toujours, grand sourire aux lèvres, sans même bouger. Comme s’ils attendaient quelque chose. Avais-je l’air de vouloir parler? Qu’importe.

« Vous n'auriez pas croisé une jeune fille aux cheveux rosés qui me ressemble beaucoup, par hasard? Elle est… un peu plus petite que moi, et elle porte probablement un uniforme d'école… »

Ils se regardent un instant, comme pour se consulter d’un seul regard, hochant négativement de la tête par la suite. Ils me regardent d’un air de dépit. Je soupire: ils ne l’ont pas croisé. Où peut-elle être?

« Tu sembles inquiète. Est-ce que tout va bien? Il lui est arrivé quelque chose? »

C’est la brunette. Elle s'est approchée d’un pas et tend une main vers moi, comme pour me soutenir. Je suis tellement inquiète que ça doit se sentir à des milles. Tss. Le blond se révèle stupide de ses déductions. Les gens, ici, semblent avoir une certaine confiance aux étrangers, je pouvais simplement prendre le boulanger ou ces jeunes en exemple. Pire que des agneaux! J’aurais honte de dire qu’ils s’attaqueraient à moi ou à un intrus potentiel, pacifique.

« Je… Oui je suis inquiète. Ça fait déjà un bon moment que je la cherche, et je crains le pire. »

La ville en elle-même paraît fermée. Les inconnus sont donc rares – mais les gens, de leur style de vie plutôt pacifique, ne semblent pas les craindre. Ce qui est, dans un certain sens, bien étrange. Du moins, ça me rassure – dans l’optique certaine que je n’ai pas à me cacher du monde et que je peux révéler, non en détail, que je suis d’ailleurs. Ça  doit être tout de même assez évident pour une ville où tous semblent se connaître de près ou de loin. Du coup… Il me paraît presque naturel de raconter que je viens d’ailleurs, maintenant que ma méfiance est tombée sur ce point bien précis.

« Vous voyez… Nous ne sommes pas d'ici. J'ai peur qu'elle n'ait trouvé aucun endroit où rester considérant qu'il n'y a aucun hôtel dans les parages… »

Ils m’écoutent tous avec une grande attention. C’en est presque déboussolant.

« Y a-t-il… un quelconque endroit où elle aurait pu dormir? Je veux dire, il doit bien y avoir un endroit qui peut servir d'abri… »

Les trois se regardent, comme connectés, avec un regard presque effrayé.

« Eh bien… »

Leurs regards pèsent sur ma conscience. Quelque chose cloche. Ou enfin…

« Il y a un endroit, mais…

… Oui?

... Uhm…

Le vieux manoir! »

Le jeune homme me regarde, un grand sourire aux lèvres. Toujours bien enthousiaste, il continue dans sa lancée, comme si ce sujet l’intéressait depuis un bout de temps.

« Il y a un vieux manoir dans la forêt, près de Market Street! Les gens racontent qu'il est hanté! »

Un vieux manoir délabré… Je n’ai jamais vu quelque chose dans le genre. Je peux imaginer une des grandes maisons de Cocoon, abandonnée. Ce devait être semblable… Semblable, dans le style de cette cité. Ou peut-être dans le style d’Oerba… Je ne sais pas trop. Qu’importe – une maison qui pourrait accueillir une âme en détresse.

« Hanté, hein? »

Mon regard se tourne vers la forêt; quelque peu visible à partir de la station; celle-ci étant plus élevée par rapport au reste de la ville. L'endroit où la lumière ne pénètre pas entre les arbres. Serait-ce un signe?

« Personne n'y a vécu depuis des années. »

Serah pourrait bien y avoir trouvé refuge. Loin de la population – peut-être se sentait-elle persécutée par les différences de ce monde… Ce doit être un bon endroit pour passer inaperçu. Si j’avais su. Je me retourne vers les jeunes, leur esquisse un sourire de remerciement.

« Merci. Je vais aller y jeter un coup d’œil. Vous avez été d'une grande aide. Je vous en dois une. »

La jeune fille croise ses mains, me regarde avec un sourire. Le jeune homme enthousiaste me donne un sourire, tandis que l’autre pose ses mains sur ses hanches. Je hoche la tête, m’apprête à partir. Cependant, je m’arrête, prise d’une pensée.

« Hey. Pourriez-vous me dire vos noms? »

Ils me sourient.

« Je suis Pence!

Olette.

Hayner. Et toi?

Hmph. Les gens m'appellent Lightning.

Enchanté.

Ouais!

Si vous croisez la route de la jeune fille dont je vous ai parlée… Dites-lui que je la cherche. Son nom est Serah.

Sans problème!

Ne t'inquiète pas!

Merci. J'espère retomber sur vous bientôt.

Bonne chance! »

Je me retourne complètement, leur donnant un bref mouvement de main; sûrement les reverrais-je très bientôt. D’une certaine manière, ces jeunes me font penser un peu à Hope; à Serah. Maintenant, je dois investiguer sur ce manoir supposément hanté. Serah… J’espère que tu y es.

Chapitre 5


J’ai cherché. Oh, j’ai tellement cherché; dans tous les coins, toutes les pièces, au moment où je suis rentrée dans ce manoir hier soir. J’ai sillonné chaque salle, chaque couloir, tout ce que je pouvais trouver suspect. Tout, sans aucune trace d’elle, et surtout aucun signe qui aurait pu me mener sur une piste. Elle n’y était pas. Seule la poussière balayant le sol à chacun de mes pas, seules les ombres incandescentes des meubles détruits, des lustres anciens et des rideaux portés par la brise d’une fenêtre ouverte pour aérer l’épave d’un temps révolu m’ont accompagnée dans ma quête infructueuse. J’ai cru perdre espoir. J’ai cru me laisser animer par ma mélancolie, par ma peine ; le désarroi m’a tant rongée. Toujours aucun signe d’elle, nulle part, quand j’ai traversé toute la ville, tous les recoins possibles, quand j’ai tourné en rond, invoquant sa pensée, demandant partout des informations quant à l’endroit, l’endroit où cette tête rosée aurait pu se trouver. Je me retrouvais sans l’espoir de la revoir, d’entendre dans l’air sa voix, de revoir son sourire ne serait-ce qu’une dernière fois. Perdue à jamais dans les recoins les plus reculés de mon esprit, elle reste. Dans le brouillard d’une ville inconnue, je m’enfonce. Dans son continu lent, je m’habitue. Je me meurs à petit feu. Je comprends le sens de la solitude. Enfin, je comprends ce que c’est, d’être seule. Perdue. Perdue dans un vide inconnu. Un tourbillon insensé de solitude et de remise en question, sans aucune trace. Pourtant, cette certitude me ronge. Elle ne peut être seulement disparue. Elle doit être quelque part. Toujours en vie. Je l’espère, j’ai confiance, mais rien ne calme mon angoisse.

Qu’importe.

Le manoir est grand, vide. Inhabité et isolé du reste de la ville. Il semble en émaner une certaine paix, dans un délire de poussière et de temps révolus. Il y a en ces lieux tant de choses à refaire, à remanier, à réparer, à épousseter. Je ne peux quitter cet endroit sans ressortir avec quelque chose. J’y voyais un grand potentiel ; un endroit où rester. La mélancolie m’avait habitée encore une fois alors que mes pensées vagabondaient ; cet endroit allait devenir ma nouvelle maison. Voilà à quoi je pensais. Tandis que les murs se transformaient, reprenaient la forme arrondie de ma vraie maison, seulement dans mon esprit, des souvenirs confus et si clairs à la fois, de cette maison que j’avais dû abandonner. Les effluves de mon passé revenaient me hanter autant que le visage doux de ma sœur. Je me souviens avoir regardé le sol, soupiré. J’avais tant de choses à faire maintenant, tant de choses après avoir tout cherché. Mes journées se planifiaient, mon horaire se remplissait à mesure que mes pensées s’organisaient. J’avais un but, quelque chose à quoi me rattacher, un moyen de faire de l’argent et de survivre dans cette ville. J’avais maintenant un foyer, que je me devrais de remettre en ordre les pièces qui en avaient besoin. J’avais toujours ce but qui ne changerait jamais. Ma sœur restait la priorité dans tout cela. Je me promettais des heures à errer dans la ville, à demander à tout le monde des nouvelles. Qu’importe s’ils trouvaient mes questions répétées agaçantes.

L’idée de parfaire l’endroit ancrée dans mon esprit, je me dirigeais vers les boutiques de la ville pour acheter quelques accessoires afin de me rendre la vie dans cet endroit plus facile – déjà, quelques produits hygiéniques, une couverture, de la nourriture. J’en revenais les mains pleines, sautant par-dessus la clôture fermée de l’endroit avec ces sacs, plaçant tout, le goût amer de la solitude rôdant dans ma bouche. Personne n’avait dû me voir rentrer dans la forêt, m’y enfoncer. Enfin, j’espérais. Une fois de retour, je déposais les sacs, m’affairais à jeter un coup d’œil dans la cuisine. J’y voyais un fourneau semblable à celui utilisé dans la boulangerie, plutôt antique, puis, plus loin, ce qui ressemblait à un réfrigérateur. Je l’ouvre, remarque qu’il est complètement vide. D’ailleurs, aucune froideur ne semblait en sortir. Une inspection plus approfondie me mène derrière, où je remarque un fil débranché à côté d’une prise. Méfiante par rapport au court-circuit que je pourrais causer, j’ai branché l’appareil pour l’entendre émettre un son ; il était remis en marche. J’eus un soupir de soulagement : une dépense de moins à faire, et une manière très efficace de garder de la nourriture pour un moment. Ma curiosité m’avait même apporté à vérifier jusqu’à l’eau des robinets – j’eus une bonne surprise en prenant conscience de l’eau qui s’en écoulait. Au début quelque peu brunâtre, mais au fil des secondes de plus en plus pure. J’ai ouvert ainsi toutes les fenêtres du manoir, laissé couler l’eau dans tous les robinets pour en purifier le liquide vital – l’endroit semblait renaître de ce simple mouvement. Le bruit me rassurait, la certitude que tout finirait par s’améliorer était enivrante. Si tout pouvait me faire sentir mieux, alléger ma conscience. Un endroit où rester. Un endroit que j’allais remettre en place, remettre accueillant. Si je ne retrouve pas le moyen de revenir à la maison, avec elle, au moins, nous aurions notre propre chez nous, dans ce monde reculé. Une fois que je l’aurais retrouvée. Elle, et peut-être bien Snow, Hope… Et les autres. L'endroit était amplement grand pour accueillir tout le monde.

J’avais trouvé dans un placard un balai ainsi que des produits ménagers : de quoi remettre en place l’endroit désaffecté qu’était devenu ce manoir. Je me sentais mieux ainsi, à l’esprit occupé, plutôt qu’à remanier des pensées trop lourdes pour celui-ci. J’avais étendu les couvertures, les draps des deux lits de l’endroit sur les rampes après en avoir secoué la poussière, j’avais sorti la vaisselle avec l’idée de tout nettoyer en tête. La salle à manger restait le plus en mauvais état ; un lustre tombé sur la table l’avait brisé. Pourtant, le buffet montrait une grande quantité de vaisselle – élégante et antique, comme je n’en avais jamais vu auparavant. C'était comme si l’ancien propriétaire était tout simplement parti sans demander son reste. Quelque chose devait être arrivé dans cet endroit pour qu’il soit ainsi. Quoi ? Je n’en savais rien. Peut-être pourrais-je m’enquérir aux trois gamins. Pence semblait avoir de nombreuses informations au sujet de cet endroit. Dommage que je n’aie pas recroisé le groupe en rentrant. Contrairement à la salle à manger, la pièce la plus propre, c’était sans dire la bibliothèque. Elle était pleine de livres en tout genre, de couvertures aux couleurs ardentes ou fades. C'était une pièce qui n’avait aucunement besoin d’être retouchée dans laquelle je reviendrai certainement. Les livres étaient les outils les plus utiles pour finalement apprendre l’alphabet de ce monde et s’en accoutumer. J’avais refermé la porte, me concentrant sur autre chose qui avait besoin d’une attention direct. Une autre pièce, toute blanche, avait aussi attiré mon attention. Il y restait des dessins de gens étranges, habillés en noir. Certains avaient des cheveux plutôt extravagants. Suivant ces images étaient celles d'un garçon avec... Un chien et un canard? J'avais laissé la pièce telle quelle, sa blancheur me semblant quelque peu intimidante sur le coup.

Ainsi, je passais le reste de la soirée à nettoyer, à épousseter, à récurer. Le tout ramenait des pensées lointaines, des souvenirs que jamais je n’aurais pu oublier, même si je l’avais espéré au plus profond de moi – Le sourire rassurant de ma mère se dessinait dans mon esprit, alors qu’elle revenait de travailler et voyait que la maison était propre. Elle travaillait si fort pour nous faire vivre. Ce sourire était une récompense à tout le travail que j’avais mis dans le ménage. Parce qu’avant sa mort, je faisais tout pour aider à nous rendre la vie plus facile. Les multiples conversations que j’avais pu avoir avec elle et Serah, pendant lesquelles nous sourîmes toutes les trois, juste avant que la maladie ne la prenne de ses bras glacés. Certes, le travail ménager était ma spécialité, mais Serah restait la meilleure cuisinière. Sa cuisine me manquait tant, à ce moment. J’ai eu ce manque de son sourire, de la manière enjouée dans laquelle elle affirmait cuisiner mieux que moi. Elle me manque. Des souvenirs heureux peuvent parfois avoir des répercussions plus accablantes, non pas moins démotivantes. C’est dans l’espoir de revoir son sourire que j’ai continué jusqu’à être complètement épuisée – seulement à ce moment ai-je pu me permettre de dormir, en attendant le lendemain, où la routine prendrait une nouvelle fois le dessus.

Je m’étais réveillée de bonne heure, quelques heures seulement après m’être endormie. Je n’ai jamais eu besoin de beaucoup de sommeil. Souvent, j’avais des heures irrégulières et changeantes, à Bodhum. J’avais pris une quinzaine de minutes pour me préparer, me délaisser du pyjama acheté hier, remettre mon uniforme lavé la veille et repartir. Je me dirigeais donc vers la boulangerie, à l’autre bout de la ville. Le boulanger m’accueillit avec son sourire quotidien, auquel je répondais d’un mouvement de main et d’un sourire. Je passai quelques heures encore, le grand manoir dans l’esprit, à faire du pain, à discuter avec le boulanger. Mes yeux défilèrent souvent sur les passants ; j’avais reconnu pendant la journée le gamin qui m’avait foncée dedans quelques jours plus tôt, un des amis de Seifer qui me dévisagea quelques secondes avant de continuer sa route, puis rien de plus que des gens croisés maintes fois dans les rues. Leur rythme de vie lent m’étonnait toujours autant, le crépuscule constant m’apaisait ; mes pensées vagabondaient ailleurs sans arrêt. Du coin de l’œil, avant de retourner aux fourneaux, une figure blonde passait dans la ville orangée.

C’est à ce moment qu’un frisson me passe dans l’échine. Un sentiment désagréable. Comme si quelque chose était sur le point d’arriver. Peut-être n’est-ce que les pensées qui me tracassent. Oui, ça doit être ça. Peu importe. Je venais de finir ma journée. Je prends donc congé du boulanger, un sourire aux lèvres alors que l’on se souhaite une bonne soirée. Je laisse le tablier sur son crochet, remets mes gants précédemment enlevés et sors de la boutique, un peu plus d’argent en main, d’autres travaux ménagers en vue. Je fais exprès de passer par les rues les plus achalandées de la ville pour le retour – dans l’espoir de la croiser, sans que je ne la voie nulle part, une nouvelle fois. Je passe une main dans mes cheveux, les secouant pour enlever ce qui reste de farine. J’attends quelques instants et m’enfonce une nouvelle fois dans la forêt. J’entre dans le manoir. Même si j’avais encore beaucoup de choses à faire, je vois déjà un grand changement par rapport à hier. Je ferme la porte derrière moi – continue de marcher, notamment vers la table de bois sur laquelle gît dans une protection de verre une carte bien spéciale.

Le modèle réduit de Twilight Town au milieu de la salle principale avait maintes fois attiré mon attention. À quoi bon avoir une carte comme celle-ci ? Je ne savais trop, et pourtant, il est bien là, aussi étrange que cela puisse paraître. Un plan de la ville qui pourrait bien m’aider à chercher dans les coins les plus éloignés. M’en approchant, je me rends compte à quel point je suis passée souvent à certains endroits, à quel point je connais déjà cette ville sur le bout de mes doigts. Seulement la forêt entourant le manoir reste encore à chercher. Cette forêt dans laquelle je suis certaine de m’enfoncer pour retrouver quoi que ce soit. Oh, Serah. Me connaissant, j’aurais tendance à m’enfoncer dans la ville durant des heures, posant mes yeux partout autour pour une quelconque trace. Tout cela deviendrait bien vite une habitude. Un peu comme une patrouille. Quoi de plus naturel pour un ex-soldat dans le Guardian Corps ? Un peu plus de ce que j’étais avant de me retrouver ici. Des choses qui me permettraient de me rattacher à mon passé et me sentir presque complète. Presque… Seulement.

Cette routine me devient trop familière. Quand pourrais-je m'extirper, te retrouver?

Tu me manques. Tu me manques tant. Je ne m'arrêterai pas tant que je ne t'aurai pas retrouvée.

Et si je dois le retrouver, lui, afin qu'il m'explique la raison pour laquelle ce monde me paraît si petit, qu'il m'explique comment aller d'un monde à l'autre, je le ferai. Je le ferai, car je veux te retrouver. Pitié, faites que tu ne sois pas en danger.

Pitié.
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