Troisième fois qu’elle revient à Traverse Town, sachant bien que Morgana y était souvent avant, et qu’elle y vient encore. Entre ses propres patrouilles avec la Fédération et ses nombreuses péripéties – dont un crash à Agrabah et une rencontre avec un génie – elle n’avait pas trop eu le temps de passer aussi souvent qu’elle le voulait en ces lieux. Elle avait bien remarqué, cependant, que la terrasse près de la grande place vendait du très bon café, et que, en prime, une des serveuses était très jolie.

Il faut bien profiter des petits plaisirs de la vie – une belle femme reste une belle femme, et quand en plus elle est gentille, ça fait des petits papillons dans ses circuits. En prime, elle lui avait parlé de Morgana, et de ses horaires un peu disparates, à elle aussi. Supposément qu’elle venait de temps à autres prendre un café ici avec de la paperasse – elle ne s’arrêtait décidément jamais!

Alors, la voilà, pour la troisième fois, à cette terrasse, en train de boire doucement un café et regarder les lieux. Twilight Town est rempli de créatures, d’humains et de canards qui parlent, sans parler des adorables Moogles et de tout ceux qui ont perdu une maison ces derniers temps. Supposément que les étoiles se mettaient à disparaître de nouveau…

Devant, quelqu’un s’assoit brusquement sur une chaise et se met de suite à lire, accostée par la serveuse, qui l’appelle de nom. Morgana.

C’est elle.

Quelque chose envoie une onde dans ses circuits, comme une joie incontrôlable, mais elle attend que la serveuse soit partie avant de prendre son café et ses peu de choses et d’envahir la table de Morgana avec tout ça. Elle ne s’assoit pas. Elle va direct vers elle et la prend dans ses bras, la levant de sa chaise et serrant aussi fort qu’elle le peut.

« MORGANA !! Je pensais plus jamais te revoir! Je suis tellement heureuse, je… »

Elle pleure. Oui. Elle pleure. Sa voix craque et elle sanglote comme une gamine.

Ça fait du bien de retrouver une part d’elle-même.

Des toussotements endoloris, une voix qui craque sous la pression de ses muscles, son nom que Morgana n’arrive pas à prononcer. Et elle, elle pleure, et elle la serre, elle ne veut pas la laisser partir. Ça fait si longtemps – elle voulait la revoir, elle le voulait tellement, et maintenant qu’elle était là, devant elle, impossible de la laisser s’échapper.

Mais Morgana la pousse hors de l’étreinte et Bolga prend conscience que ladite étreinte avait un peu eu l’effet contraire de ce qu’elle voulait – si elle veut la garder plus longtemps, autant ne pas la briser. Alors elle la laisse s’échapper de ses bras avant de la regarder reprendre ses esprits.

« Pardon, pardon, je… »

Encore, toujours, quand ce sont des émotions fortes, Bolga a du mal à contrôler sa force. Elle essuie les larmes qui coulent contre ses joues et rit. C’est une joie pure qui s’immisce en elle à ce moment précis, la joie de retrouver celle qui, pour elle, aura été comme une mère.

Mais Morgana revient à la charge, et c’est à son tour de la serrer dans ses bras, presque sans équilibre. Et Bolga la retient dans son étreinte, se voulant, cette fois, plus douce.  Et elle la laisse déblatérer, poser toutes ses questions, et la retient alors qu’elle se renverse dangereusement.

« Doucement, allez, je te repose sur la chaise. »

Ce qu’elle fait, avant d’elle aussi s’écraser sur la chaise, devant elle, le regard plein d’étoiles et de larmes.

« Je crois qu’on a beaucoup à se raconter. »

Elle ne sait pas comment tout raconter – elle ne sait pas par où commencer. Alors elle la regarde, là, et elle attend qu’elle repose ses questions, parce qu’elle a du mal.

Elle a toujours eu du mal pour ce genre de choses.